Traces d’occupation vieilles de 80 000 ans

Mercredi dernier, le chantier des fouilles archéologiques des Chauzeys, situé sur la future déviation de Mussidan, était exceptionnellement ouvert au public. Les visiteurs, par dizaines, ont profité de cette journée organisée par le Service départemental d’archéologie, les Amis du musée Voulgre, l’office de tourisme et la Ville de Mussidan.

L’archéologue Jean-Pierre Chadelle, responsable du chantier, a situé le cadre géologique. Il a expliqué les différents mouvements du sol au fil des temps, avec l’alternance des périodes de glaciation et des périodes moins froides.

Sur le site des Chauzeys, deux périodes anciennes d’occupation humaine ont été mises en évidence : elles datent de l’Aurignacien (environ – 30 000 ans) et du Moustérien (- 80 000 ans). « Les vestiges mis au jour, des silex taillés, ont très peu bougé depuis 80 000 ans », explique Jean-Pierre Chadelle.

Les datations, impossibles au carbone 14, s’appuient sur les propriétés d’électro-luminescence et la mesure de la radio-activité de l’argile. Elles sont complétées par une analyse des grains de sable effectuée à l’université de Bordeaux.

Plan de travail à respecter

Au niveau technique, les fouilles débutent par l’intervention des pelleteuses, qui pèlent les sédiments par couches de 5 centimètres environ. Lorsque des amas de silex apparaissent, place alors au travail minutieux des archéologues. Munis de grattoirs, brosses, pinceaux, ils dégagent patiemment les silex taillés. Chaque gisement est précisément répertorié et situé sur le plan de ce terrain d’un hectare et demi.

Si les premiers sondages, réalisés en 2008 aux Chauzeys, laissaient envisager une occupation humaine ancienne de l’endroit, la surprise est venue de la mise en évidence d’une présence bien plus récente, remontant au Moyen Âge. Elle a été révélée notamment par d’anciens silos à grains enfouis dans l’argile.

Débutées en juin par le Service départemental d’archéologie, les fouilles se poursuivront jusqu’en novembre. Le public pourra à nouveau s’informer sur leur progression le 14 septembre lors des Journées européennes du patrimoine, et le 9 octobre à l’occasion de la Fête de la science.

Article de Bruno Boucharel paru dans Sud Ouest le 13/08/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/08/13/traces-d-occupation-vieilles-de-80-000-ans-1139962-1961.php

Entre Buch et Born, quatre villages engloutis

En trente ans, quatre cités sublacustres ont été découvertes entre 7 et 16 mètres dans les profondeurs du lac. Autrefois, il y avait là juste une rivière se jetant dans l’océan.

Avant Charlemagne, il n’y avait pas de lac entre La Teste et Sanguinet. Juste un cours d’eau, La Gourgue, qui s’évasait un peu, comme un estuaire, bougeait beaucoup, et filait vers l’océan. Charlemagne n’est pas pour grand-chose dans ce qui va suivre, c’est juste pour dater. 1 200 ans après l’empereur, dans les années 70, XXe siècle, des étudiants plongent dans le lac Cazaux-Sanguinet, qui devrait d’ailleurs s’appeler Cazaux-Sanguinet-Biscarrosse, sauf que Biscarrosse a eu le privilège exclusif d’un autre lac.

Les étudiants plongent vraiment très profond, enfin pour un lac. C’est le début d’une succession (profusion ?) de découvertes et de fouilles subaquatiques qui se poursuivent toujours. Car on a trouvé là rapidement trois, et récemment quatre, villages engloutis.

Cabanes sur pilotis

Ces bourgs antiques se situent en différents endroits et profondeurs du bec situé à l’est du lac. Juste là où l’on ne sait plus – on ne veut plus savoir – si les eaux sont landaises ou girondines, entre Buch et Born. Et dans cet espace improbable de sables, d’alluvions, de sédiments et de bordure océane, un premier village, Le Put Blanc, 700 ans avant J.-C., avec des cabanes sur pilotis, posées sur des marécages. On est bien avant l’ère chrétienne, sept siècles à attendre Jésus-Christ. Ici, les villageois pêchent, abattent des pins, parfois des chênes, et creusent dans leurs troncs des pirogues monoxyles, dans un seul bloc de bois. Puis le marais prenant le pas sur leur territoire, les pêcheurs sont allés bâtir ailleurs…

À la pointe de la pointe, c’est le hameau de l’Estey, au bord de la rivière antique dont le lit est parfaitement traçable, à plus de 11 mètres. Les artisans y travaillaient le fer, protégés par une enceinte de fûts de bois dont les parties les plus hautes mesurent jusqu’à 7 mètres. Jusqu’à la fin du Ier siècle.

Un pont de bois

Puis plus tard encore, Losa, village à proximité de la voie gallo-romaine. Pour l’atteindre, il fallait franchir un pont au-dessus de la rivière, dont une centaine de pieux serrés restent enfouis sous les eaux du lac. Les voyageurs faisaient étape ici, il y avait une mansio pour les accueillir, un fanum, petit temple dont les fondations subsistent. On y trouvait du goudron de pin, la pitance et la paillasse.

Losa était une des 372 voies recensées dans « L’Itinéraire d’Antonin », premier guide de voyage connu au monde et qui couvrait tout l’empire romain. Depuis le temps d’Auguste, qui a vu la déshérence de Losa gagné par les eaux, le sens de l’accueil le long de la voie littorale n’ a pas varié d’un iota. On est juste remonté de quelques étages. Après le IIIe siècle.

Vestiges d’un temple

Il y a cinq ans, le Cress (Centre de recherche et d’étude scientifique de Sanguinet) qui fouille officiellement depuis 1976, a découvert un quatrième village, Matocq, qui a détrôné, côté ancienneté, le Put Blanc. Matocq, à près de 16 mètres, dans un lac qui, au plus profond, atteint les 23 mètres.

Le Put Blanc, 3 hectares par 13 mètres. L’Estey, pas de traces d’habitations, mais des céramiques, des poteries typiques de la production locale, des fibules… Repêchées en quantité à 8 mètres de fond. Un site parlant. Losa, ville étape, avec ses assiettes, ses cruches, son mobilier urbain, et cet extraordinaire fanum de 12 mètres sur 10, admirablement conservé avec ses murs en garluche de presque 50 centimètres d’épaisseur. À peine à 100 mètres du rivage. C’est le premier des sites découverts, il y a près de trente-cinq ans, grâce à un biologiste, Paul Capdevielle, qui était aussi curieux et passionné d’histoire locale.

« 3 000 ans d’histoire, de l’âge de bronze à l’époque gallo-romaine » résume Bernard Maurin, le fondateur du Cress, qu’il a présidé pendant trente-deux ans. Ici, les archéologues sous-marins se régalent. Ils étudient en même temps l’évolution du cordon lunaire et 3 000 ans d’occupation et de migration humaines. Il faut juste savoir travailler avec un masque et des bouteilles.

Le musée d’archéologie sublacustre de Sanguinet abrite tout le matériel découvert au fond du lac. Et deux des 34 pirogues monoxyles. Des pirogues qui allaient sans doute sur la mer.

Mais pour rêver, il faut surtout lire le merveilleux « 3 000 ans sous les eaux » de Bernard Maurin. Où le savant devient poète.

Pour en savoir plus :Musée ouvert tous les jours, sauf mardi, de 10 h à 13 h et de 15 h 30 à 19 h. Place de la mairie à Sanguinet. 05 58 78 02 33. livre « 3 000 ans sous les eaux », Bernard Maurin. Ed. Gaïa, 1998. revue « Le Festin » n°23/24. vidéo YouTube, mots clés : plongée sanguinet geoffrey pops. Sur le site de l’INA : fresquesina.fr, mots clés : fouilles archéologiques Sanguinet. Internet www.landespublic.org, Interview de Bernard Maurin, mais passer par Google, le site est en accès réservé.

Article d’Is. de Montvert-Chaussy paru dans Sud Ouest le 12/08/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/08/12/entre-buch-et-born-quatre-villages-engloutis-1138927-2828.php

Comme le rappelle en commentaire de bas de page l’un de nous, il n’a en aucun cas été prouvé que les cabanes dont les restes ont été repérées étaient juchées sur pilotis. Les « pilotis » en question sont des poteaux, éléments courants des architecture protohistoriques à base de bois. S’ils sont bien fichés profondément dans le sol, ce n’est pas pour faciliter la suspension d’un plancher, mais bien pour maintenir fermement une charpente dans un sol meuble.

Les lacs alpins sont les lieux où la présence de villages sur pilotis a pour la première fois été suspectée pour le Néolithique en raison du grand nombre de poteaux qui émergeaient en période de sécheresse sur des sites archéologiques sublacustres. Aujourd’hui, on sait que les habitations dans leur écrasante majorité étaient bien situées en bordure des lacs et non au-dessus de l’eau. Les planchers présents étaient parfois surélevés (je parle toujours des sites alpins, pas de ceux de Sanguinet) pour maintenir une sorte de vide sanitaire à l’instar des maisons modernes, mais cela ne correspond plus à l’image traditionnelle développée il y a un siècle des maisons lacustres.

Pour contextualiser le site du Put Blanc, il y a eu une expo à Marquèze il y a un ou deux ans sur l’age du fer dans les Landes de Gascogne : « Six pieds sous terre… il y a 3 000 ans : Archéologie des Landes de Gascogne« . Voilà de la lecture : http://clubdubalen.fr/bibli/6pst.pdf

A lire aussi : « Archéologie en Buch et Born » par François Thierry, paru en 2002 et publié par la Société Historique et Archéologique d’Arcachon.

Enfin, concernant la Protohistoire et l’Antiquité dans les Landes, il convient de consulter Archeolandes le site internet du Centre de Recherches Archéologiques sur les Landes qui fait état des nombreuses recherches menées dans le département depuis bientôt 30 ans. Plusieurs dizaines d’articles sont à y télécharger.

Sous les sables, il y a un prieuré et une église

Sous la basilique Notre-Dame de la Fin des terres, il y a une autre église et un prieuré. Les ensablements ont fait monter le niveau du sol au fil des ans.

En ce temps-là, le Médoc était un Finistère mangé par le vent, le sel du large, l’océan, des escouades de sables, des pirates, des envahisseurs, des naufrageurs, des vases, des moustiques et toutes sortes d’autres choses assez terribles. Pour tout dire, on peut louer les Médocains d’avoir gardé la foi de Sainte-Véronique, parce que franchement, sans ça, leur pays aurait dû devenir un vrai désert. Là-bas, certains aiment croire que se trouvait le Noviomagus de Ptolémée, cetteprospère cité antique. Il faudrait leur expliquer que le géographe se fondait sur une erreur de mesure de la circonférence de la Terre. Laissons là cette querelle. Ce qui est sûr, c’est que la première ville, elle est ensevelie.

Une ville naufragée

Une ville comme épave, ça vous place pas mal dans le registre des insolites. Mais en même temps, ce n’est pas très étonnant. Le Médoc des origines n’a rien d’une langue de terre, c’est un archipel de petites îles entre sable et vase, piqué de semblants de gués souvent submergés. Le Médocain étant têtu comme un Breton, il a toujours reconstruit sur ces fondations rien moins que mouvantes. Avec en figure de proue une chapelle dédiée à Sainte-Véronique, témérairement posée sur les sables du rivage. On dit que la sainte femme, qui a essuyé le visage du Christ sur le chemin de croix et épousé Amadour, le saint du Roc, est venue avec de l’argile et du gazon. En vrai, elle a oublié le gazon, c’est Brémontier qui l’a enraciné, mais au XIXe.

Les bénédictins accourent au XIIe. Le bout du monde, n’est pas un lieu rêvé pour se retirer et prier ? Allez, une basilique, un prieuré, de l’huile de coude et la foi du sablier. Il faut que ça tienne, entre les marécages et l’océan parfois tout fou. Poètes ou mystiques, les moines baptisent leur église Notre-Dame de la fin des Terres. Et montent les fondations sur celles de l’oratoire de Sainte-Véronique, en piteux état. Quand Henri III d’Angleterre embarque vers Plymouth au port de Soulac en remontant de Bordeaux, il part d’un port d’estuaire, et non d’un port de mer. Au moins deux kilomètres d’alluvions séparent aujourd’hui le rivage du point de départ de la flotte anglaise… Le trait de côte ? C’est une hampe. Faite de blocs d’argile et de vase qui se déplacent au gré des tempêtes, dessinant des îles, les reliant, les naufrageant. Dire que les moines sont allés construire leur église là dessus… La dune de Lilhan ? Au bord de l’estuaire… Ah oui, un petit coup de maps, on a du mal à y croire, et pourtant…

Prieuré et église ensevelis

Par prosélytisme, passons sur 1622 et les ravages des parpaillots qui ont bien saccagé la basilique et le site, haut lieu du goupillon et voie historique du pèlerinage vers Saint-Jacques. Restons sur les méfaits de la nature. En quelques siècles, les sables accumulés ont fait grimper le niveau du sol de trois mètres, les fenêtres ont dû être transformées en portes et le rez-de-chaussée en crypte. En 1737, la basilique est une île. Et puis il y a les tempêtes. Les descriptions sont terribles, le bruit, le crissement des cristaux de sables, les grincements sordides. Un jour de 1744, après des jours de tempête, portes et fenêtres ne s’ouvrent plus. Entre l’ensablement et l’enfoncement des fondations dans un sol meuble, bientôt n’émerge plus que le clocher, qui devient le phare des marins. Très ennuyeux pour les pèlerins de Compostelle qui traversent l’estuaire à Talmont, et débarquent à Soulac, chez les moines. 1757, il est désormais impossible d’accéder à l’édifice, abandonné. Comme le village alentour. Les habitants fondent alors le Jeune Soulac, prudemment retiré dans les terres, à 2 kilomètres de là. Et construisent une nouvelle église. Pendant un siècle entier, on ne parle plus de cette basilique enfouie sous les sables, ni de son prieuré, ni de la chapelle désormais épave, ni même du village et des dizaines de maisons disparues.

Aucune certitude

Jusqu’aux travaux de Brémontier pour fixer les sables, la loi d’assainissement de 1857 et l’entêtement du cardinal Donnet à sauver l’église et surtout le reliques de Sainte-Véronique. Première messe en 1860. On reconstruit un prieuré, l’autre ayant été définitivement grignoté par les sables. Grosse frayeur encore et enfin dans les années 1920. Cette fois, ce sont les eaux qui menacent l’église de sombrer à nouveau. La messe déménage dans un garage, on installe des pompes. Mais de menace en menace, Notre Dame ne s’écroule jamais. On l’a consolidée une dernière fois, il y a 20 ans, avec des micro-pieux de soutènement. Dix siècles qu’elle tient. Mais on aimerait bien aller grattouiller les sables pour voir ce village épave qui se cache là-dessous…

Pour en savoir plus :Abbé mezeurt « Notre Dame de la Fin des Terres » 1865.

Philippe de bercerol « Notre Dame de la fin des terres ».

RICHARD zéboulon « Soulac en Médoc », Ed. Cairn.

Bruno albert « Un souper en Médoc », Ed. Féret.

Article d’Is. de Montvert-Chaussy paru dans Sud Ouest le 22/07/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/07/22/sous-les-sables-il-y-a-un-prieure-et-une-eglise-1120932-4626.php

Comme le rappelle l’un de nous en commentaire de bas de page, il y a d’autres références incontournables (et en plus en partie disponibles sur la base Gallica), notamment les articles de Bernard Saint-Jours, historien et géographe du littoral gascon, par ailleurs capitaine des douanes (1844-1938). Ils permettent d’éviter certaines erreurs et de tordre le coup à pas mal de légendes locales :
_ État ancien du littoral gascon, 1901, Bulletin de la Société de géographie commerciale de Bordeaux
_ L’Âge des dunes et des étangs de Gascogne, 1901, Bulletin de la Société de géographie commerciale de Bordeaux
_ La propriété des dunes du littoral gascon, 1922-24, Bulletin de la société de Borda
_ La mer et les dunes n’empiétaient pas, 1930
_ Le littoral gascon, 1921
_ Soulac d’après textes et preuves, 1917, Actes de l’Académie des sciences, belles-lettres et art de Bordeaux
_ La Basilique de Soulac inondée? 1918, Revue philomatique. Bordeaux et Sud-ouest,
_ Nos populations n’ont pas eu à fuir devant les sables. Suite de mon plaidoyer pour la réhabilitation de 1.000 kilomètres carrés de sol de France, 1930-1931, Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux.

La Maison de la Dame à la conquête du web

À l’heure des tweets et des QR code, la Maison de la Dame montre encore une fois sa volonté de se développer, en s’affichant de plus en plus sur la toile et mettant ainsi progressivement en place une véritable stratégie de communication Internet.

Alors qu’aujourd’hui, de nombreux vacanciers préparent leur séjour sur le Net, la Maison de la Dame met à disposition de tous, via différents supports web, les actualités et animations prévues pendant la saison estivale. Le site Internet, le blog, la page Facebook et le twitter du musée travaillent de concert dans un seul but : le partage.

Pour ceux qui aiment la préhistoire ou qui veulent en savoir plus sur les manifestations qui se tiendront ces prochaines semaines en Chalosse : sur les réseaux sociaux, rien n’échappe à l’œil aiguisé de la Dame. Articles sur la préhistoire, annonces d’événements divers, petits encarts humoristiques mais aussi jeux, concours… Il y a tout le nécessaire pour se tenir informé.

Bientôt un écran tactileEt ce n’est qu’un début. D’ici peu, un écran tactile sera installé sur le site : il renverra vers le site de la Maison de la Dame et vers celui de l’office de tourisme d’Amou, offrant aux visiteurs une connexion indispensable pour affiner leur programme de vacances. À partir du mois de septembre, un nouveau site sera mis en ligne, dédié entièrement aux écoles souhaitant faire une sortie scolaire à Brassempouy. Chaque animation sera détaillée et téléchargeable sous forme de fiche individuelle pour plus de facilité.

En bref, la Maison de la Dame se donne encore une fois les moyens de faire parler d’elle et d’exporter son image de plus en plus loin.

Article de Gérard Suberchicot paru dans Sud Ouest le 06/08/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/08/06/la-maison-de-la-dame-a-la-conquete-du-web-1134135-3316.php

Il est à préciser que la nouvelle responsable communication du Musée de Brassempouy n’est autre que Marie Bilbao, membre du Centre de Recherches Archéologiques sur les Landes et du Club Dubalen. Son parcours d’archéologue tant dans l’archéologie préventive (INRAP, Hadès) qu’associative ou son expérience dans la médiation (commissariat de l’expo « Six pieds sous terre » à l’écomusée de Marquèze et diverses animations ces 5 dernières années) représentent à n’en pas douter un atout pour le musée de Préhistoire, musée appelé à devenir un lieu incontournable du Patrimoine aquitain, notamment par l’obtention du statut « musée de France ».

Pays basque : les silex racontent le passé

Une équipe d’archéologues a retracé la vie préhistorique. La construction de la clinique peut débuter.

Sous un soleil de plomb, les archéologues effectuent les dernières fouilles et étiquettent leur butin. Leur travail de recherches sur le terrain de la future clinique Capio de Bayonne est terminé, et ils se retirent, laissant le champ libre aux grues et aux pelleteuses des ouvriers qui vont pouvoir commencer la construction du bâtiment.

Après un mois et demi de fouilles, l’équipe de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) est plutôt satisfaite de sa récolte. Des 400 mètres carrés de terrain passés au peigne fin, ils rapportent plusieurs kilos de silex et de roches taillés par les hommes préhistoriques.

Des silex dont la forme, la disposition et la profondeur dans le sol permettent de reconstituer la vie des hommes de Neandertal. Ils racontent une histoire vieille de plus de quarante mille ans : «Les hommes du Moustérien vivaient en groupes nomades», raconte David Colonge, le responsable Inrap des fouilles, en déballant ses plus beaux silex.

«Ici, ils reconstituaient leur stock d’outils : ils taillaient couteaux et petites haches dans de gros blocs de silex.»

Anomalie

David Colonge pointe du doigt un silex blanc : «Celui-là servait à couper le bois et les articulations animales.» Un autre, moins émoussé : « Celui-là, à racler la chair animale.» Encore un peu, et on connaîtrait le menu du dîner.

Autre certitude : il y a quarante mille ans, contrairement à aujourd’hui, les hommes n’ont pas été séduits par la région au point de s’y installer.

Les traces d’occupation relevées sont trop légères pour des sédentaires : les campements des chasseurs-cueilleurs sont de petite taille, et il n’y a aucune trace durable de feu. Dans les trois terrains fouillés au Prissé, les pièces découvertes se ressemblent – ce qui consolide les hypothèses de mode de vie de ces ancêtres lointains.

Une seule anomalie : la découverte de silex plus récents- datant de vingt mille ans, tout de même- taillés bizarrement.

Si les doutes de l’équipe sont vérifiés, ce serait une première : les fouilles du terrain confirmeraient que des hommes du Solutréen, une période paléolithique, auraient mis les pieds dans la région. «On pourrait affirmer que ces hommes sont passés par ici, ce qu’on ignorait totalement», s’enthousiasme David Colonge.

Transition en douceur

Abandonner le terrain quand on sait qu’il recèle encore beaucoup de surprises n’est pas facile. Pourtant, la transition entre archéologues et ouvriers se fait sans animosité.

Un procédé de bons échanges : les constructeurs ont le droit d’utiliser des terrains remplis de vestiges pour bâtir, à condition, depuis 2008, de laisser à l’Inrap du temps, en amont, pour extraire du sol une partie des richesses du patrimoine.

Article d’Alix Hardy paru dans Sud Ouest le 02/08/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/08/02/les-silex-racontent-le-passe-1131061-4018.php