Un nouvel âge pour la Préhistoire

Inauguration aujourd’hui du nouvel espace dédié à la Préhistoire et la Protohistoire. Pour (re)découvrir un fonds riche.

«Même nous nous avons redécouvert des pièces », rigole Vincent Mistrot, attaché à la conservation du patrimoine au musée d’Aquitaine. C’est à lui qu’a été confié le soin de repenser les salles consacrées à la Préhistoire et à la Protohistoire, qui seront inaugurées ce soir à 18 heures.

Un événement officiel pour un espace ouvert au public depuis la Nuit des musées, le 18 mai. Engagée depuis plusieurs mois dans une démarche de rénovation, l’institution bordelaise a récemment bouclé le chantier des salles d’exposition au rez-de-chaussée : nouvel éclairage, lino au sol, nouvelles peintures permettant de rendre sensible les changements d’époques…

Tout cela a permis de réinstaller un fonds riche. « 90 % de nos collections en nombre de pièces, résume Vincent Mistrot. A une époque, tout ce qui était découvert dans la région était systématiquement remis au musée d’Aquitaine. »

La nouvelle scénographie s’étend sur 530 mètres carrés et accompagne les pièces exhumées lors de fouilles de vidéos, de maquettes ou de tableaux explicatifs. « L’idée, c’est de nous adresser à un public plus large. Pas seulement à des universitaires… » En une demi-douzaine de salles le visiteur passe ainsi 600 millénaires en revue. Des hommes de Neandertal qui peuplaient l’actuelle Aquitaine de -250 000 ans à -50 000 ans il subsiste par exemple un galet biface taillé. « Une pièce rare parce qu’elle est extrêmement plate et d’une forme très régulière. »

Un tableau permet aussi de comparer les caractéristiques qui différencient le Néandertalien de l’homme de Cro-Magnon – c’est-à-dire nous : « La configuration du bassin faisait que les Néandertaliennes faisaient moins d’enfants. Cela explique peut-être la disparition de leur espèce. Cela dit, des recherches menées il y a quatre ans établissent qu’entre 1 et 4 % de notre génome vient de l’homme de Neandertal. »

Des hommes modernes, on en trouve des traces dès 25 000 ans avant notre ère, avec la Vénus de Laussel, la représentation féminine la plus grande au monde. Associée à quatre autres sculptures de femmes, elle exprime une fascination pour la fécondité.

Os ou bois de rennes

Des lames épaisses de moins d’un centimètre nous parlent par ailleurs de ce qu’étaient la Dordogne et la Gironde entre -40 000 et -10 000 ans, pendant la grande glaciation : « une zone refuge alors que le nord de l’actuelle France n’était sûrement pas habitable. Le sol étant gelé, on accédait plus difficilement à la roche et on a taillé des bois de rennes ou des ossements d’animaux. Ce qui a permis de travailler avec plus de finesse. »

L’art pariétal occupe évidemment une place de choix avec une salle dédiée. On y trouve la reproduction d’une peinture de Lascaux. On y voit les couleurs utilisées par nos lointains ancêtres _ terres de différentes teintes, charbon de bois… Une feuille déroulée sous une série de photos (peintures de mammouths, d’ours ou de rhinocéros laineux) permet au visiteur de les dessiner à son tour. Courant juillet un ordinateur proposera même une visite virtuelle de Lascaux.

Enfin les dernières salles consacrées au néolithique et aux âges du bronze puis du fer montrent les changements qu’entraîne l’apparition de haches et de bêches. « L’agriculture et l’élevage apparaissent. Les hommes n’ont plus besoin de se déplacer pour assurer leur subsistance. Des villages sont construits, ainsi que des menhirs et des dolmens, vers -40 000 ans. Avant les Gaulois ! » Plusieurs maquettes ou dioramas en donnent l’illustration. De même qu’un dispositif qui permet de voir comment on fondait des minerais de cuivre et d’étain pour obtenir du bronze.

La technologie se développe encore avec la production de fer, qui suppose des températures beaucoup plus élevées. Là, le visiteur retrouvera beaucoup de pièces présentées dans le cadre de l’exposition « L’Aquitaine au temps de Gaulois » : armes, fibules… C’est aussi dans ce contexte que se développe un commerce transmaritime autour des métaux. On est alors vers -600/-700. La salle qui suit présente le fonds gallo-romain du musée. La continuité est assurée.

Espace en accès libre du mardi au dimanche (sauf jours fériés), de 11 à 18 heures, au musée d’Aquitaine, 20 cours Pasteur à Bordeaux. 05 56 01 51 00 – www.musee-aquitaine-bordeaux.fr

Article de Christophe Loubes paru dans Sud Ouest. Source : http://www.sudouest.fr/2013/06/26/un-nouvel-age-pour-la-prehistoire-1096596-1318.php

Bravo à Vincent Mistrot pour tout le travail accompli depuis son arrivée au Musée d’Aquitaine!

Pays basque : plongée vers un passé englouti

Une campagne archéologique vient de s’achever au large de la cité frontalière.

Une équipe de la Direction des recherches archéologiques sous-marine (Drassm) a enfin plongé dans les eaux hendayaises. Pendant une semaine, jusqu’à dimanche dernier, les plongeurs-archéologues de la Drassm ont fouillé et vérifié les sites sous-marins signalés dans les années 1990-2000.

Créée en 1966 par André Malraux, la Drassm, délocalisée à Marseille, relève du ministère de la Culture. Elle est compétente pour toutes les recherches archéologiques nécessitant le recours à la plongée. Son premier navire de recherche, «L’Archéonaute», a été remplacé, en 2012, par un nouveau bâtiment plus performant baptisé «André-Malraux». Il n’a pu venir cette fois-ci à Hendaye pour des problèmes d’équipage. «Ce n’est que partie remise. L’an prochain de nouvelles fouilles sont prévues», précise Christine Lima, archéologue. Du côté de Bayonne et de Saint-Jean-de-Luz.

Pour cette première campagne en eaux hendayaise, le club de plongée Urpean a donc mis son bateau à disposition de la Drassm et ses membres ont suivi avec passion les recherches et trouvailles des archéologues.

Dangereux briquets

Au large d’Abbadia, les marins et pêcheurs locaux redoutent une zone rocheuse particulièrement dangereuse connue sous le nom de «Briquets». Au XVIIIe siècle, il semblerait qu’une embarcation ait été en perdition sur ces écueils. «Ce n’était pas un bateau de pêche, peut-être une frégate de commerce d’environ 36 mètres. Deux ancres et un canon ont été retrouvés gisant à plat sur le sol rocheux. Nous aurons plus d’indices sur sa nationalité après des vérifications», annonce Christine Lima. Les deux ancres et le canon en fonte de 2,35 m ont été laissés sur place. «Le traitement a un coût, et ils se conserveront mieux. Quant à l’épave, elle a été déchiquetée.»

Les vestiges d’un cargo de commerce grec de 280 mètres de long datant de 1890-1918, ont été également localisés au nord des Briquets.

Du côté du cap du Figuier, les plongeurs d’Urpean ont repéré des ancres, peut-être appartenant au corsaire Pellot, mais il faut des autorisations des autorités maritimes espagnoles. À suivre.

Compassion et cupidité

Suscitant la compassion des populations côtières, ou générant bien au contraire leur cupidité, les naufragés font partie des légendes littorales et les épaves ont de tout temps alimenté de leurs bois la construction locale.

De nombreux itinéraires littoraux évoquent les naufrages et épaves célèbres et rappellent aussi la dangerosité des côtes et la diversité des trajectoires maritimes des bateaux et des équipages qui les ont sillonnés. Mais, rappellent les archéologues, «c’est à la protection des flots que nous devons à quelques chefs-d’œuvre de l’art antique d’être parvenus jusqu’à nous. Nous sommes toujours émus de retrouver des fragments d’amphores, des chaussures, des étuis à pipe.» Malheureusement, les pillages ne sont pas rares, les chasseurs de trésor bien équipés en matériel et embarcations, se jouent des autorisations diverses.

Le domaine d’intervention de la Drassm couvre plus de 10 000 km de côtes, dont 5 533 pour la métropole. Il s’étend du rivage jusqu’à 24 milles marins, soit un peu plus de 44 km.

Christine Lima reconnaît que, jusqu’à présent, l’Aquitaine avait été un peu délaissée. «Nous sommes 35 pour tout le littoral atlantique, mais depuis un an, nous nous partageons la tâche», précise-t-elle.

Article d’Edith Anselme, paru dans Sud Ouest le 03/07/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/07/03/un-passe-englouti-1103534-4171.php

Un monumental travail sur les Landes

Présent à l’exposition sur l’abbaye de Divielle à Goos, Philippe Soucieux, membre de l’association Sur les pas du valet de cœur, exposait son monumental « Dictionnaire historique des Landes », un livre de 820 pages, pesant plus de 3 kg, sorti en début d’année et placé sous l’égide de l’abbé Foix. L’ouvrage à la fois historique, géographique, archéologique, biographique, bibliographique et généalogique retrace sous la forme alphabétique des noms propres l’essentiel du patrimoine des 331 communes landaises.

Deuxième par la taille, le département des Landes recèle des richesses que, pendant les quinze années qu’a nécessité cet ouvrage, l’auteur a recensées et explorées et qu’il met ainsi à la disposition du plus grand nombre sous une forme condensée.

On trouve ce dictionnaire en librairie, on peut le consulter pendant la durée de l’exposition et rencontrer l’auteur lors de la conférence du dimanche 7 juillet.

Article d’Annie Quillon paru dans Sud Ouest le 05/07/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/07/05/un-monumental-travail-sur-les-landes-1106024-3333.php

A noter que l’auteur, érudit bien connu dans les Landes, est Philippe Soussieux et non Soucieux.

Le canon a tonné par là : les Français au sommet des collines

Les soldats de Napoléon face aux Anglo-Portugais. La bataille livrée le 27 février 1814 a laissé des traces.

«Parfois, quand on laboure, on trouve encore des balles en plomb. J’ai même découvert une pièce avec le portrait de Louis XVI dans le chemin qui passe devant chez moi. » Affichant gaillardement ses 77 ans, Claude Dussarat habite le quartier Laclotte, à la sortie d’Orthez. Et il est passionné d’histoire. « Je lis un peu de tout » confie-t-il.

Voici 200 ans, à l’endroit même où il est occupé cet après-midi-là à réparer un semoir, les troupes françaises commandées par le maréchal Soult alignaient leurs canons, leurs fusils et leurs baïonnettes face aux soldats anglais et portugais. De rudes gaillards qui les avaient chassés d’Espagne l’année précédente, et qui montaient à l’assaut de la ligne de crête sur laquelle file la route de Dax.

Cette bataille d’Orthez, qui s’est en fait aussi livrée à Saint-Boès, le retraité n’en ignore rien. « J’ai lu entièrement son récit, côté anglais et côté français. » Et comme il connaît les lieux comme sa poche, cet ancien maraîcher n’a eu aucun mal à se repérer. « Tenez, regardez là-bas, au niveau du gros chêne. Il y a une source où les soldats français venaient se désaltérer. Elle est potable. Je l’utilise encore pour arroser mes légumes. Son eau est à 12 degrés et à débit constant. »

4 800 tués ou blessés

Dans la foulée, Claude Dussarat n’éprouve aucune difficulté à désigner le contrefort tout proche de l’Escouriet, où les artilleurs du général gallois Thomas Picton avaient installé leurs batteries pour pilonner les Français. Ce sont d’ailleurs les éclats d’un shrapnel tiré par un canon anglais qui devaient blesser le général français Foy à l’épaule, en pleine bataille.

Un monument aménagé à quelques dizaines de mètres de la ferme de l’Orthézien rend aujourd’hui hommage aux victimes de ce terrible affrontement qui fit environ 4 800 tués ou blessés dans les deux camps.

« L’assaut donné par les Anglais et les Portugais a dû être très difficile » estime le septuagénaire. « Car ça monte pas mal à certains endroits. Quand je chasse, je peux le voir. »

« Ah oui, Napoléon ! »

À moins de deux kilomètres de là, dans le village voisin de Saint-Boès, où de féroces combats se sont également déroulés, tous n’ont pas forcément la même connaissance de l’Histoire.

« J’ai entendu dire qu’ils sont passés par ce petit chemin » dit une dame rencontrée près de l’église. Sans préciser qui ce « ils » désignent, mais avant de parler de la plaque commémorative installée sur la façade de l’école. Chaque année, au moins un bus rempli d’Anglais s’arrête dans le coin, ajoute-t-elle.

« La bataille ? Ah oui, Napoléon ! » s’exclame pour sa part un retraité de l’industrie pétrolière installé dans le secteur de Mousquès. « J’en ai entendu parler. Surtout depuis qu’une reconstitution a été organisée il y a quelques années. » Lui, ceux qu’il croise parfois, ne sont pas armés de sabres ou de baïonnette, mais de « poêles à frire ». Des détecteurs de métaux destinés à retrouver quelques vestiges du passé. « Je n’ai jamais rien trouvé ni cherché » dit-il en riant. « Mais entrez donc ! Vous voulez boire quelque chose ? »

Les écoliers à qui l’on raconte la bataille d’Orthez doivent être déçus. Napoléon n’était pas présent en Béarn le 27 février 1814. L’empereur, qui devait abdiquer deux mois plus tard, était alors occupé à combattre les Autrichiens à Bar-sur-Aube, après que l’Est de la France ait été envahi par les armées de plusieurs pays, dont la Russie et la Prusse.

La bataille livrée sur les collines qui relient Saint-Boès à Orthez a mis aux prises 36 000 Français commandés par le maréchal Soult à environ 38 000 Anglais et Portugais placés sous les ordres du marquis de Wellington. Celui-là même qui, un an plus tard, devait vaincre Napoléon à Waterloo avec l’aide déterminante des Prussiens du feld-maréchal Blücher.

Fin 1813, l’armée alliée de Wellington, qui comprenait aussi des troupes espagnoles, avait chassé d’Espagne les Français ayant occupé la péninsule ibérique pendant plusieurs années. Elle avait ensuite pénétré au Pays Basque, puis elle s’était avancée vers Orthez.

Tandis que les Espagnols avaient été envoyés assiéger Navarrenx, plusieurs attaques avaient été nécessaires aux Anglais et aux Portugais pour faire céder les soldats de Napoléon disposés au sommet des collines, tout le long de la route de Dax.

Assaillis à gauche, à droite et au centre, mais aussi tournés à l’Est d’Orthez où les Anglais avaient trouvé un gué, les Français avaient finalement entamé une retraite pour se diriger vers Sault-de-Navailles.

La ville d’Orthez a également été concernée par cet affrontement puisqu’une brigade portugaise avait fait face aux troupes du général Harispe, retranchées sur la rive nord du gave, de l’autre côté du Pont Vieux.

Après la bataille, les deux armées s’étaient à nouveau affrontées à Aire-sur-l’Adour, puis dans la région de Tarbes, et enfin à Toulouse.

Article de Jean-Jacques Nicomette paru dans Sud Ouest le 16/07/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/07/16/le-canon-a-tonne-par-la-les-francais-au-sommet-des-collines-1116010-4329.php

On notera la mention du passage de pilleurs utilisant des détecteurs de métaux pour voler des objets relatifs à ce lieu historique. De source sûre, ces objets n’ont jamais été déclarés et nulle demande préfectorale d’utiliser le détecteur sur ce lieu assimilable à un site archéologique n’a été déposée.

Cro-Magnon a peint ici : Arudy comme point de départ

La grotte Tastet abrite la seule peinture rupestre du Béarn. Une (re) découverte.

Partons entre 18 000 et 14 000 années en arrière. Sur un versant du coteau où apparaîtra, un jour, le village de Sainte-Colome. Et imaginons un instant. Cro-Magnon et ses compagnons de chasse sont assis près du feu, devant leur abri sous roche qui domine l’entrée de la vallée d’Ossau. Le paysage est essentiellement minéral. Pas vraiment de forêt autour d’eux. Mais des steppes sur lesquelles s’abat un vent froid et sec.

Ils n’imaginent pas la puissance du glacier qui, placé plus haut désormais en raison de sa fonte, a façonné tout leur environnement immédiat. En revanche, ils sont particulièrement intéressés par les bisons, chevaux et autres rennes de la région. Ils préparent tranquillement leurs armes. Demain est un grand jour. Pour la première fois, ils prévoient d’utiliser des lames de silex bergeracois dont le grain fin, de grande qualité, est très recherché en ces temps-là…

Juillet 2013. Sous une bâche bleue, à plat ventre ou à genoux, d’autres hommes ont pris le relais sur le site : des archéologues. Ils grattent le sol à l’aide de leurs pinceaux, mesurent d’improbables indices et procèdent même à des relevés en 3D. Ils lavent des cailloux dans des bassines à la recherche du moindre fragment d’os. Partout, les arbres ont poussé. La terre végétale a recouvert les calcaires. Il fait chaud et humide : 32 degrés.

Bison rouge et gravures

La petite falaise a beaucoup changé depuis le paléolithique supérieur. De nos jours, la seule entrée possible de la grotte (1) ressemble à celle d’un terrier. Il faut ramper pour découvrir la petite cavité où trois ou quatre personnes seulement peuvent ensemble tenir debout. À ce stade des investigations, nul ne sait où se situe désormais le porche d’origine. Les recherches relancées depuis seulement un an pourront, peut-être, un jour permettre de le recouvrer.

Jean-Marc Petillon, préhistorien du CNRS, dirige les fouilles menées par une dizaine d’étudiants et de bénévoles. Pour lui, le site est remarquable en dépit de sa petite taille. La seule peinture rupestre du Béarn connue en ce début du XXIe siècle se cache là, sur un bout de paroi qui ne paie pas de mine.

Un aplat rouge met en valeur un bison gravé. Le dos est délimité par le dessin naturel de la roche. Une autre gravure de bison et de deux autres chevaux se concentrent dans un mètre carré. « Ces gravures sont difficiles à lire », reconnaît le scientifique. « Mais on les identifie bien quand même. La bonne nouvelle c’est que cette peinture est bien conservée. Il est même raisonnable de penser qu’il en existe d’autres ailleurs. »

Des silex taillés

L’exploration de cette grotte a été poussée jusqu’à un boyau d’une trentaine de mètres et ses ramifications. Sans rien donner. « Cette peinture est située sur un site opposé au versant d’Arudy où se concentrent six autres grottes connues mais qui ne sont pas ornées. On peut penser que s’est posé un problème de conservation. Il est aussi possible que d’autres grottes restent à découvrir. »

Cette deuxième session de fouilles qui vient de se terminer a permis de récolter beaucoup de silex taillés et des éclats propres à l’industrie magdalénienne. « Cela fait vraiment zone de chasse, il n’y a pas de doute », commente Jean-Marc Petillon. « Nous sommes en particulier tombés sur plusieurs lames ou morceaux de lames de silex issus des gisements de la région de Bergerac en Dordogne. De quoi démontrer une nouvelle fois que les matériaux circulaient. Les nomades étaient en relation entre eux. »

Le coup de pattes du blaireau

Chez les spécialistes, la grotte au bison rouge fait parler d’elle depuis 1967. Son inventeur est le spéléologue Minvielle. Les préhistoriens l’apprennent en 1970 à l’occasion d’un article publié dans une revue de spéléologie. Lors de leur visite, les premiers chercheurs avaient repéré quelques grattoirs en surface sans pour autant dire si un habitat spécifique était associé au site. L’action inattendue d’un blaireau a tout relancé en 2002. Celui-ci avait choisi d’y faire son trou. En projetant la terre, il n’a certainement pas eu conscience de balancer à l’extérieur tout un tas d’indices dont des silex taillés. Le CNRS a pris le relais.

« On se pose encore pas mal de questions sur la configuration de la grotte à l’époque », ajoute Jean-Marc Pétillon. « Le plus probable est de penser que nous nous trouvons sur un ancien fond de carrière. Des gens sont venus se servir ici de blocs pour faire des pierres. On ne sait pas quand. Mais il y a beaucoup de gravats. La petite entrée d’aujourd’hui était certainement recouverte et a pu rester discrète. Du coup, la peinture est plutôt bien conservée. Il reste aussi à trouver le porche d’entrée qui s’est certainement écroulé et a scellé la grotte à la fin du paléolithique. »

Les archéologues ont tout rebouché avant de partir. Ils prévoient de revenir. Bientôt.

(1) Il s’agit de la grotte Tastet qui porte le nom de son propriétaire. Non loin de là, la grotte Samson n’a encore rien révélé.

Le musée d’Arudy est une étape incontournable pour ceux qui veulent se plonger dans la préhistoire et l’histoire de la vallée d’Ossau (05 59 05 61 71). Le bâtiment du XVIIe siècle qui l’abrite vaut déjà le coup d’œil. Monument historique, l’hôtel Pouts est l’ancienne abbaye laïque. Ancienne directrice du musée pyrénéen de Lourdes, Geneviève Marsan en assure, aujourd’hui encore, avec passion, l’animation en lien avec la commune, le Parc national et le Pays d’art et d’histoire des vallées béarnaises.

Les expos font écho aux « Sentiers de découvertes » proposés. Le public peut partir sur les traces des hommes qui ont fait et font encore les paysages, la culture d’un pays où on note une occupation humaine régulière depuis -16 000 av. J. C. Les premières traces du pastoralisme remontent à – 5 000 ans av. J. C. Avec ses volcans et ses glaciers, la nature a bien sûr créé cet environnement exceptionnel. Jean-Paul Savé, par exemple, nous accompagne sur les vestiges des coulées des volcans sous marins du bas Ossau. Il suffit de prendre rendez-vous à l’office du tourisme (05 59 05 77 11).

Article de Patrice Sanchez paru dans Sud Ouest le 23/07/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/07/23/cro-magnon-a-peint-iciarudy-comme-point-de-depart-1122187-3980.php