Une loi très étonnante concernant les Basques était encore en vigueur en Islande depuis le XVIIe siècle. Elle est désormais abrogée, même si son application était impensable de nos jours (en revanche, la chasse à la baleine est toujours d’actualité…). Le quotidien Sud Ouest s’en fait l’écho (source : http://www.sudouest.fr/2015/04/29/en-islande-il-est-desormais-interdit-de-tuer-les-basques-1907363-4758.php) :

En Islande, il est désormais interdit de tuer les Basques

Une loi vieille de plusieurs siècles a été symboliquement abrogée en Islande. Au XVIIe siècle, les baleiniers basques risquaient gros en s’y aventurant

En Islande, il est désormais interdit de tuer les Basques
Si ce décret est aujourd’hui supprimé, il s’agit d’une décision dont la portée est uniquement symbolique. ©

CC-BY-NC-NDTerre et Côte Basques & CC-BY-NC-ND Loïc Lagarde

 

Depuis le 22 avril, une stèle est installée à Hólmavík, une petite commune de 375 âmes au nord-ouest de l’Islande. Elle est érigée en souvenir du massacre de 32 baleiniers basques en 1615. Présent lors de la cérémonie de commémoration, l’administrateur de la région du Vestfirðir (littéralement « les fjords de l’Ouest ») en a profité pour abroger un décret vieux de quatre siècles et qui était encore en vigueur jusque-là. Celui-ci autorisait ni plus ni moins à tuer les Basques qui se trouvaient dans la région !“Bien entendu, cette abrogation fait avant tout sourire : nous avons des lois dans notre pays qui interdisent de tuer des Basques » a lancé Jónas Guðmundsson, des propos relayés par le site Iceland Review. Il a également ajouté avec malice que cela pourrait s’avérer positif pour attirer les touristes venus d’Euskadi :

« Au moins, les lieux sont sans danger pour eux désormais ! »

32 baleiniers fusillés

Comme nous l’expliquions il y quelques jours, le différend date d’il y a quatre siècles. En 1615, les Basques chassent déjà la baleine depuis plusieurs décennies. Une traque vue d’un mauvais œil par les marins islandais, soumis à l’interdiction de pêcher le mammifère. L’Islande est alors l’un des plus pauvres pays d’Europe.

« Une mesure avant tout symbolique pour commémorer une page tragique de l’Histoire »

Quand un navire guipuzcoan s’échoue sur les côtes islandaises, le responsable du district ordonne l’exécution sommaire de ces naufragés. Seul un marin serait parvenu à s’échapper. L’hommage du 22 avril était le point d’orgue d’un cycle de conférences organisé tout au long de la semaine en Islande, par l’Institut culturel basque Etxepare. Des commémorations qui scellent officiellement la réconciliation entre Basques et Islandais, officieusement rabibochés depuis longtemps.

Le député général guipuzcoan, Martin Garitano était présent lors de la cérémonie aux côtés du ministre islandais de la Culture. Une visite fraternelle dont il partagé quelques souvenirs sur son compte Twitter :

http://twitter.com/mgaritano/status/590945301990658048/photo/1

Un décret oublié

Si ce décret est aujourd’hui supprimé, il s’agit d’une décision dont la portée est uniquement symbolique. Les touristes basques ne l’ont pas attendue pour découvrir les richesse de l’Islande et s’y rendre en toute sécurité. Il existe en effet, dans ce pays comme dans de nombreux autres, des lois anciennes qui n’ont jamais été supprimées. Remplacées par des législations ultérieures, elles sont simplement tombées dans les oubliettes de l’Histoire. Autant dire que voyager au pays des geysers était sans risque.

Notons que si le Pays basque ne compte aujourd’hui plus de baleinier, l’Islande n’a pas cessé de chasser les grands cétacés. Cette pratique traditionnelle, partagée avec le voisin norvégien, vaut d’ailleurs à ces pays de vives critiques des associations écologistes. Elle explique aussi en partie leur réticence à intégrer l’Union Européenne, qui est hostile à la chasse à la baleine.

Le quotidien Sud Ouest est revenu ce week-end, à travers un entretien exclusif, sur la trajectoire remarquable d’un des plus désintéressés chercheurs de l’Aquitaine méridionale (il y en a, heureusement!), à savoir le Dr Jacques Blot, dont la ténacité et les qualités scientifiques forcent encore aujourd’hui le respect (source : http://www.sudouest.fr/2015/03/14/sa-vie-de-recherches-1858769-2780.php).

Sa vie de recherches

Publié le 14/03/2015 à 06h00 , modifié le 14/03/2015 à 04h52 par

Pierre Mailharin

Jacques Blot, installé à Saint-Jean-de-Luz depuis 1964. Il vient d’être honoré par la société des sciences Aranzadi, pour ses 50 ans d’explorations archéologiques.

Médecin à la retraite, Jacques Blot a passé l’essentiel de son temps libre à sillonner les montagnes basques. ©

Photo P. M.

Inlassable prospecteur puis fouilleur bénévole de monuments funéraires dans les montagnes basques depuis cinquante ans, le Luzien Jacques Blot, 81 ans, a été intronisé membre d’honneur de l’institution donostiar le 27 février. Rencontre.

« Sud Ouest ». Que faut-il voir derrière cette distinction ?

Jacques Blot. On m’a rendu hommage pour le temps consacré à la recherche des monuments préhistoriques en Iparralde (Pays basque français, NDLR), et pour mes fouilles qui ont fait avancer la connaissance des rites funéraires de ces époques lointaines, dont on ne savait pas grand-chose.

Vous avez sondé les montagnes basques côté français, la Société des sciences est installée à Saint-Sébastien. Est-ce à dire que ces caractéristiques sont identiques, de part et d’autre de la frontière ?

Les monuments sont les mêmes, il n’y avait pas de frontière à l’époque ! Les recherches des uns valent donc pour les autres. Preuve en est, quand j’ai commencé à faire mes fouilles systématiques, les préhistoriens de l’autre côté se sont reportés sur des monuments différents, pour ne pas faire doublon. Mon travail complète le leur.

En quoi est-il nécessaire ?

C’est la question des racines du peuple. Ces tombes, qui datent d’entre – 1 000 et – 4 000 avant Jésus-Christ, ont été construites par les premiers pasteurs, qui étaient les premiers locuteurs de la langue basque. On défend cette dernière. Il faut aussi conserver les monuments de ses pre- miers locuteurs. Quand on sait d’où on vient, on sait mieux qui on est et où on va.

Que vous ont appris vos fouilles ?

J’ai fouillé 44 monuments. L’époque de ceux à inhumation (dolmens) reflète une société où le côté matériel compte beaucoup, avec des architectures mégalithiques faites pour être vues et des dépôts d’offrandes multiples. Les pratiquants du rite d’incinération (tumulus et cromlechs) avaient, eux, une mentalité plus spirituelle, avec des monuments discrets, des offrandes rares. La hiérarchisation de la société se retrouve, des règles existaient quant au choix et l’emplacement d’un monument pour un individu donné. Ce rite d’incinération a perduré près de 1 400 ans après Jésus-Christ, la christianisation n’ayant pénétré que très lentement le Pays basque.

Comment en êtes-vous venu à cette passion ?

À mon arrivée en 1964, je me suis demandé quelles étaient les connaissances sur le passé du Pays basque. J’étais sensibilisé à la préhistoire par mon père. Avec le livre du père Barandiaran, je suis allé en montagne et j’ai retrouvé les monuments décrits. Comme j’en voyais d’autres, j’en ai parlé à Jean Haritschelhar (alors directeur du Musée basque, NDLR). Il m’a permis de les publier dans le bulletin du Musée basque. C’est arrivé à la direction des Antiquités de Bordeaux, qui m’a nommé correspondant au Pays basque. J’ai alors prospecté, jusqu’en Vallée d’Aspe.

Un jour, en 1975, je me suis retrouvé devant un monument coupé par un bulldozer. À Bordeaux, ils m’ont dit de faire une fouille de sauvetage. J’en étais incapable ! J’ai fait venir un préhistorien qui m’a initié. Et j’ai commencé les fouilles.

Connaissiez-vous la région ?

Non. Mais maintenant, je la connais mieux qu’un Basque ! J’ai parcouru plus de 70 000 kilomètres à pied, en montagne !

Y reste-t-il beaucoup à découvrir ?

Tout ! Sur le plan de la prospection – je la continue avec des amis – il suffit d’un feu d’herbe, et on voit des monuments cachés jusqu’ici. Chaque fouille apporte aussi un élément nouveau parce qu’on ne peut faire des déductions que sur des statistiques. Avec l’âge, je les ai arrêtées. À Bordeaux aussi. Je serai très content si elles pouvaient être reprises par quelqu’un.

Recueilli par Pierre Mailharin

 

 

Après des années d’attente, nous allons enfin pouvoir bénéficier de la publication d’un travail que quelques uns connaissaient, pour peu qu’ils aient eu accès aux bibliothèques universitaires contenant ce Graal de la céramologie régionale. Il s’agit de la tant espérée publication de la thèse de la médiéviste Anne Berdoy. Jusqu’ici, nous connaissions tous la thèse sous cette présentation bibliographique : Une société artisanale dans son environnement du moyen age à l’époque contemporaine : le centre potier béarnais de Garos et Bouillon. Thèse de doctorat en Histoire Médiévale sous la direction de Jean-Bernard Marquette. – Bordeaux : Université de Bordeaux III, 1997. – 4 vol. – 1 : texte, 349 p. ; 2 : sources, figures, planches photos, tableaux, 166 p. ; 3 : documents, 189 p. ; 4 : annexes, 32 p., fiches.

Mais ça, c’était avant.

Évidemment, une thèse n’est pas un document prévu au départ pour être publié et entreprendre sa publication signifie reprendre son travail universitaire, le réviser en écartant les formulations trop absconses, revoir le plan et parfois actualiser les données. Surtout, il faut prendre garde dans certains cas de ne pas publier trop tardivement une thèse dont le propos n’est plus cohérent au regard de la documentation actuelle. Autant dire que la démarche est compliquée et force le respect lorsqu’elle est entreprise.

Pourquoi la publication de la thèse d’Anne Berdoy constitue un évènement à part entière ? D’abord, il faut présenter son auteur. Anne Berdoy est à la fois archéologue et historienne, spécialisée sur la période médiévale. Ancienne élève du médiéviste de Jean-Bernard Marquette (lui-même élève de Charles Higounet), son domaine de recherche est essentiellement focalisé sur le peuplement de la Gascogne méridionale, principalement sa partie pyrénéenne, avec des thématiques comme les castelnaux, les maisons fortes, les abbayes laïques etc. Ingénieur de recherche, elle est régulièrement missionnée par les collectivités territoriales ou les entreprises agréées d’archéologie préventive.

Nous parlions d’évènement. Oui, cela en est assurément un : le centre potier de Garos et Bouillon (64) a produit en continu plusieurs siècles, entre la fin du Moyen Age et l’orée de la période contemporaine. Loin d’être confidentielle, cette production a inondé les lieux de peuplement du piémont nord-occidental des Pyrénées, débordant allègrement sur les Landes dans leur partie chalossaise. Plus encore, des céramiques de Garos et Bouillon ont traversé l’Atlantique avec migrants ou négociants rejoignant les terres lointaines du Québec. Autant dire qu’une étude détaillée de la production, dans les moyens mis en oeuvre, dans les formes élaborées mais aussi dans sa perspective ethnographique est et restera une référence pour longtemps encore tant ce travail est important pour sa perspective documentaire que pour sa portée exemplaire. Espérons qu’il incite d’autres chercheurs à agir de même (nous avons au moins un autre grand centre potier en tête en écrivant cela…) en s’inspirant du travail d’Anne Berdoy. Bref, en deux mots ACHETEZ LA !

SouscriptionPotieres_Page_1Des potières et leurs maris : histoire d’un artisanat en Béarn (XIIIe-XXe s.), par Anne BERDOY, 356p., éditions MONHELIOS, Pau, 2015.

Voici le sommaire de l’ouvrage :

TABLE DES MATIÈRES
Préface de François FICHET DE CLAIRFONTAINE, inspecteur général des patrimoines.
Avant-propos
Introduction

GAROS ET BOUILLON, DEUX VILLAGES DU SOUBESTRE, EN BÉARN
« Des coteaux affreux et de petits ruisseaux »
« Étant le dit lieu situé et presque le plus près des limites de France »
Mise en valeur et peuplements médiévaux
Une densification progressive de l’habitat durant l’Époque Moderne

CADRES CHRONOLOGIQUE ET GÉOGRAPHIQUE DE L’ACTIVITÉ POTIÈRE
Du Moyen Âge au XXe siècle
« De temps immémorial ». — L’origine médiévale de l’activité potière à Garos et Bouillon. — La permanence de l’activité
potière jusqu’au XXe siècle.
Dans un espace géographiquement restreint
Des ressources naturelles propices aux artisanats de terre cuite. — La dispersion géographique des tuileries.
— Une activité potière strictement limitée à Garos et Bouillon.

LES CARACTÈRES ARCHAÏQUES D’UN ARTISANAT…
Une activité hors de tout cadre spécialisé
Le four, élément clef de l’officine. — Le four à proximité de la maison. — Quand officine et maison se confondent.
— L’absence d’espace spécialisé.
Une activité familiale dominée par les femmes
Chef de famille, ascendants, collatéraux… — Potières et potiers.
Une activité complémentaire au revenu principal de la maison
Le mari de la potière, paysan, charpentier ou cabaretier. — La coexistence d’activités différentes au sein d’une
maison-officine. — La poterie, une activité complémentaire.
Des outils rudimentaires
La tournette. — Un four à chambre unique.

… AUX DIMENSIONS D’UNE PRODUCTION SPÉCIALISÉE
Une concentration de personnes occupées à une même activité
De nombreuses officines. — Le poids de la communauté potière.
Des productions de qualité
Un type de grès…. — … aux avantages reconnus.
Des productions destinées à un marché
La réponse aux attentes des utilisateurs. — La diffusion des productions. — La place prépondérante des topins.

LES RAISONS D’UN PARADOXE
Des techniques adaptées à une production
L’alchimie de la pâte. — L’art du façonnage. — La conduite du feu. — Un état de plénitude technique.
L’équilibre d’un artisanat spécialisé non professionnel
Pour conclure

CATALOGUE DES FORMES IDENTIFIÉES À CE JOUR (XIIIe-XXe siècle)

CATALOGUE DES « MAISONS POTIÈRES » (XVIe-XXe siècle)

Sources
Bibliographie
Index des centres potiers cités
Crédits photographiques

Nous avons appris avec tristesse la mort de l’historien médiéviste Pierre Tucoo-Chala dont l’œuvre reste toujours une référence en matière d’histoire régionale. Le périodique La République des Pyrénées s’est fait l’écho du parcours de ce chercheur émérite (source : http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2015/01/28/l-universitaire-bearnais-pierre-tucoo-chala-s-est-eteint,1230435.php) :

L’universitaire béarnais Pierre Tucoo-Chala s’est éteint

Par Renée Mourgues

Publié le 28/01/2015 à 12h21
Mise à jour : 28/01/2015 à 16h23

Directeur du Collège littéraire universitaire de Pau en 1966, Pierre Tucoo-Chala œuvrera intensément à la création de l’UPPA.
Directeur du Collège littéraire universitaire de Pau en 1966, Pierre Tucoo-Chala œuvrera intensément à la création de l’UPPA. (archive PP)

Pionnier de l’université paloise, professeur d’histoire-géographie, et auteur d’ouvrages-clés sur Pau et le Béarn, l’érudit Pierre Tucoo-Chala s’est éteint le 23 janvier, à 90 ans. Ses obsèques ont eu lieu ce mercredi.

Le brillant intellectuel œuvra sur plusieurs fronts : la création de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA), la recherche historique, l’écriture et l’animation de sociétés culturelles du Béarn.

C’est dans la capitale du Béarn, héroïne d’écrits souverains consacrés au passé de la cité, qu’il a rendu son dernier soupir. Autour de Suzanne, sa veuve, et leur fils François, avocat au barreau de Pau, les proches ont dit adieu au défunt, ce mercredi matin, lors d’une cérémonie au crématorium de Pau.

Né à Bordeaux le 20 avril 1924, Pierre Tucoo-Chala, benjamin de deux garçons, arriva à Pau dans sa prime jeunesse. Elève de l’école Gaston-Phoebus puis du lycée Louis-Barthou, il décroche, en 1942, un 8e accessit au concours général d’histoire, prélude à une pléiade de diplômes: licence d’histoire-géographie (1942-1945), DES (1946), agrégation (1948) et doctorat d’Etat à la Sorbonne(1960).

En 1952, il avait épousé Suzanne, étudiante à Bordeaux, elle aussi vouée à l’enseignement supérieur.

Bibliographie féconde

Directeur du Collège littéraire universitaire de Pau en 1966, il œuvrera intensément à la création del’UPPA. «Il s’en était fait un devoir» résume Suzanne Tucoo-Chala.

Sur les chemins de la connaissance, le couple évolua dans la complémentarité des engagements. Elle fonde le Centre de recherches sur le protestantisme béarnais. Lui publie, dès 1974, des travaux pointus sur Gaston Fébus, le Béarn, l’Aragon, l’épopée anglo-saxonne de Pau…

La bibliographie du professeur émérite compte une bonne vingtaine de titres. En 2015, l’œuvre de référence perdure avec la sortie de « Signé Fébus, comte de Foix, prince de Béarn », sous la direction de Véronique Lamazou-Duplan, un ouvrage édité par l’UPPA dans un esprit de «continuité».

Eminent spécialiste de Gaston Fébus et de l’histoire médiévale – fil rouge d’une vie intellectuelle foisonnante- l’universitaire Pierre Tucoo-Chala nourrissait une passion dévorante pour le pays de son père, un artisan-commerçant originaire de Soumoulou. (archive PP)

Document INA : ci-dessous, un extrait de Radioscopie, l’émission radio présentée par Jacques Chancel, où Pierre Tucoo-Chala parle du Béarn et de son histoire :

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