Voici une activité qui laisse certains d’entre nous plutôt perplexes. En effet, est-on vraiment dans l’archéologie comme le proclame ce monsieur ou dans la recherche d’objets (voire une chasse aux trésors) pour remplir un hypothétique musée? Quelles sont les méthodes de l’archéologie dont il parle? De la simple prospection ou de réelles fouilles avec autorisation de la DRAC, relevés et rapports transmis à leur issue au Ministère de la Culture? Nous avons un peu l’impression que la notion d’archéologie devient de plus en plus floue de nos jours tant et si bien que n’importe qui s’engouffre dans cette dénomination afin de faciliter certaines activités, parfois délictueuses (nous ne disons pas que c’est la cas ici, bien entendu). Et le grand public, tout comme certains journalistes éprouvent systématiquement de la sympathie pour ces personnes, qualifiées de doux dingues, bien plus que pour les archéologues, les vrais, qui passent, eux, pour des emmerdeurs.
Des fouilles tombées du ciel
L’archéologue aéronautique Gilles Collaveri veut exposer les vestiges d’une trentaine d’avions qu’il a exhumés.
Commercial dans l’entreprise toulousaine ATR, filiale d’Airbus Group, Gilles Collaveri a concilié ses deux passions pour les avions et pour l’histoire en devenant archéologue aéronautique. « Tout a commencé lorsqu’un monsieur âgé rencontré sur le marché m’a emmené à Colomiers pour me montrer un arceau de verrière caché dans un buisson. Il avait vu l’avion s’écraser pendant la Deuxième Guerre. Quand j’entends parler d’un lieu, je prends ma pelle et je pars à sa recherche », raconte Gilles Collaveri.De trouvaille en trouvaille, grâce au bouche-à-oreille et dans une démarche rigoureuse et scientifique, le quinquagénaire passe tout son temps libre à explorer la région, entre forêts, plaines et montagnes, pour dénicher des vestiges d’avions. En cinq ans, il a retrouvé les traces d’une trentaine d’entre eux, datant de 1927 à 1945. Le plus ancien est un Latécoère de l’Aéropostale. « Il revenait du Maroc et est tombé à cause du mauvais temps. Nous avons retrouvé plusieurs pièces en très bon état à Aurignac, à l’ouest de Toulouse. Il ne reste aucun Latécoère complet en France. C’est passionnant de toucher du doigt le mythe de Mermoz et Saint-Exupéry ! », s’enthousiasme l’archéologue.
Appel à témoins
Boucle de ceinture, éclats de verre du tableau de bord, pièces de monnaie, boîte de dentifrice d’un passager, verrous de fermetures et finitions en cuivre… Ces pièces sont soigneusement rangées dans des boîtes, après avoir été nettoyées et parfois passées à l’électrolyse. Sa cave est remplie d’objets. « Le plus émouvant est de retrouver un objet personnel du pilote », ajoute-t-il. Les recoupements avec les archives permettent de retrouver l’histoire du pilote ou de ses passagers. « Toute personne qui a vu un avion s’écraser ou a des photos ou des pièces peut me contacter. De nombreuses personnes âgées possèdent des trésors qui risquent de disparaître. »
Parmi ses meilleures trouvailles, les pièces d’un Latécoère 298 520, découvertes près de Montségur (Ariège). « J’ai retrouvé le petit-fils d’un des passagers. Il travaille chez Airbus Helicopters et m’a raconté l’histoire de son grand-père. » L’archéologue a monté en septembre dernier une expédition pour retrouver les restes d’un bombardier allemand écrasé près de Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne). Il a fallu faire descendre des spéléologues dans un gouffre de 90 mètres.
Pour partager avec le grand public ses trouvailles et faire aimer aux jeunes l’histoire de l’aéronautique, Gilles Collaveri a conçu un espace de 50 m², qui sera intégré au musée Aeroscopia de Blagnac, fin 2014. Il y exposera les maquettes des avions auxquels appartiennent ces vestiges, ainsi que des panneaux explicatifs. Pour boucler son budget de 60 000 euros, il fait appel au financement participatif et s’est donné jusqu’au 15 juillet pour récolter 10 000 euros (1).
Armelle Parion, à Toulouse
www.fr.ulule.com/archeologie-aeroscopia. Contact : 06 07 31 89 28.
source : http://www.sudouest.fr/2014/07/09/des-fouilles-tombees-du-ciel-1609937-3105.php
bonsoir,
je serai ravi de vous faire participer à mes travaux,
de vous montrer la méthodologie adoptée,
de partager avec vous le travail administratif effectué en amont (demandes d’autorisations),
mais aussi en aval (en vous communiquant les rapports de prospection communiqués à la DRAC de manière officielle),
de vous faire visiter l’espace « archéologie aéronautique » de 40 m² que nous avons mis en place dans Aérosocpia,
et vous rappeler que la finalité de notre association n’est pas le profit mais la mémoire et la passion,
bref, vous convaincre du sérieux de notre démarche afin que vous puissiez effacer ces commentaires qui sement le doute sur notre activité, et rétablir une image positive sur le travail de notre association « Aerocherche ».
Bien à vous
Gilles Collaveri
Bonsoir,
Merci beaucoup d’apporter cette précision. Comme souvent, les journalistes s’attachent davantage au côté sensationnel des activités des amoureux du Patrimoine sans pour autant préciser le cadre des recherches menées, laissant planer un doute des plus pénibles (et sur les motivations et sur les méthodes et sur l’encadrement administratif), surtout pour les auteurs de recherches sérieuses et dûment autorisées comme c’est le cas avec vous. Notre frilosité quand nous tombons sur de tels articles s’inscrit dans un contexte où dans la presse régionale le moindre farfouilleur armé d’une poêle à frire (ou pas) passe pour un « doux dingue », un « passionné » alors que dans le même temps, les journalistes ne se privent pas pour tirer à boulets rouges lorsqu’il est question d’archéologie préventive et de délais avant démarrage des chantiers. Ça change petit à petit, mais ça prend du temps ! En tout cas, nous sommes heureux de voir que les recherches évoquées soient menées avec méthode et dans un cadre légal, initiant un pan nouveau de l’archéologie industrielle. Bonne continuation et bonnes recherches !
Bien à vous,
P.E. pour le CD