Source : http://www.sudouest.fr/2016/07/27/les-vestiges-des-remparts-a-nouveau-deshabilles-2448192-2780.php

Bordeaux : sous la place André-Meunier, un ancien fort et des galeries souterraines

Les vestiges apparaissent à 30 cm de profondeur. Il faudra donc enfouir les réseaux d’eau entre les pierres, au niveau des fossés et de la limite extérieure de la muraille Fort-Louis.
Les vestiges apparaissent à 30 cm de profondeur. Il faudra donc enfouir les réseaux d’eau entre les pierres, au niveau des fossés et de la limite extérieure de la muraille Fort-Louis. ©

photo claude petit

La place André-Meunier fait, en ce moment, l’objet d’un nouveau dépoussiérage archéologique. Ultimes fouilles préventives et révision d’histoire avant l’aménagement du parc.

Depuis une semaine et jusqu’au 5 août, la pelleteuse des espaces verts écaille doucement la surface du sol de la place André-Meunier, tandis que les archéologues du service de fouilles préventives de Bordeaux Métropole, déshabillent doucement la pierre et font parler l’histoire. Encore, a-t-on envie de dire. Oui, encore, car la place André-Meunier a déjà été « fouillée » cinq fois depuis 1998…

Un acharnement qui n’en est pas un et qu’explique David Hourcade, archéologue et responsable du service. « En 1998, il y a eu des sondages réalisés par le service régional de l’archéologie dans le cadre du projet du parking. En 2001, rebelote, cette fois pour la construction de l’IUT, puis en 2012 pour le projet du gymnase Aliénor. En 2015, c’est une surveillance archéologique qui est programmée dans le cadre d’un chantier concernant le système d‘évacuation des eaux usées. Enfin, en novembre dernier, un diagnostic archéologique était ordonné en vue du projet de réaménagement du parc de la place André-Meunier porté par la Ville de Bordeaux. »

Mélange des genres

Des microsondages alors réalisés par le service de David Hourcade qui ont permis de « repérer de manière plus précise les endroits où des vestiges étaient présents. Nous avons pu élaborer un plan avec les cotes d’apparition. » Mais au fait de quels vestiges parle-t-on ? Visiblement, les dessous de la place ne se lisent pas à l’œil nu car plusieurs ouvrages datant de différentes périodes se superposent.

David Hourcade en avait connaissance mais les nouvelles fouilles préventives qu’il a débutées cet été avec son équipe confirment les successifs chapitres historiques. Plans récupérés aux archives à la main, l’archéologue retrace la chronologie du site. Point de départ (visible) : la muraille du XIVe siècle dont la porte avait été prolongée par une barbacane comprenant une tour défensive de 13 mètres de diamètre. « Ensuite au XVIe, on parle du bastion des Anglais avec une pièce défensive très rare, à savoir une enceinte en forme de pointe de diamant. Puis au XVIIe, après la fronde ratée des aristos, Louis XIV décide alors de doter les principales villes de France dont Bordeaux de forts. C’est ainsi que la ville voit se construire le château Trompette et ici, sur la place André-Meunier, le Fort-Louis, dont une partie des canons était dirigée vers l’intérieur ! »

Pour voir l’historique et une illustration du Fort-Louis, c’est ici, sur le blog ds étudiants de l’IJBA.

Du fort, il ne reste qu’une partie du rempart et les fondations de la tour du XIVe… sous la terre. Rempart mis à nu par les archéologues en ce moment sur un espace découvert de 80 m². Mais d’autres vestiges y semblent imbriqués. « Oui, ce sont les abattoirs municipaux. En 1820, on fait table rase de l’ancien temps et donc du fort pour construire une ville nouvelle. Les pierres des fortifications sont jetées dans les fossés longeant les remparts. En 1831, les abattoirs sortent de terre. Un siècle plus tard, en 1940, ils seront détruits et une batterie antiaérienne allemande sera installée sur la place. »

Les galeries de l’occupant

Et le spécialiste de glisser que cette superposition d’époques a offert aux hommes et femmes du terrain, une surprise, en ce début de semaine. « Ici, dans le rempart a été construit l’abattoir et plus particulièrement sur cet emplacement, la machinerie hydraulique. Dessous, par une petite ouverture, nous avons découvert une salle voûtée, ancienne citerne de cette machinerie. Et tout autour ? Il nous faut le vérifier mais nous pensons que nous sommes en présence de galeries souterraines datant… de la Deuxième Guerre mondiale ! »

Quelles que soient les vérifications historiques, les fouilles préventives, elles n’iront pas plus loin. « L’État est arrivé au bout de ce qu’il pouvait faire sur ce chantier : en novembre, nous avons déterminé un plan de cotes d’apparition des vestiges et aujourd’hui, nous sommes là pour indiquer de manière précise au maître d’ouvrage où il pourra enfouir les réseaux d’eau à 1 m 30 de profondeur sans toucher à la pierre. A priori, c’est impossible puisque ces pierres effleurent à peine 30 ou 60 cm de profondeur. Mais il reste des lignes libres qui ne sont autres que les limites des murailles au pied desquelles, on peut s’engager en profondeur. Et c’est bel et bien là que les réseaux devront prendre place. »

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