Décidément, Aiguillon n’en finit plus de livrer des témoignages archéologiques de la Protohistoire. Pour rappel, le site de Lagravisse est un centre potier majeure de l’époque gauloise en Aquitaine. Par ailleurs, ce secteur a aussi déjà livré des sépultures à incinération de l’Age du Fer. Autant dire que tout projet d’aménagement est automatiquement anticipé pour permettre à l’INRAP de mener des diagnostics en vue d’éventuelles fouilles, sous l’œil avisé du responsable de la Carte archéologique pour le Lot-et-Garonne, Philippe Coutures, au Service Régional de l’Archéologie. Donc, une fois encore, le sous-sol d’Aiguillon livre ses secrets (source : http://www.sudouest.fr/2016/05/05/un-foyer-de-la-pote-rie-gauloise-2351257-3603.php) :

À Aiguillon, un foyer de la poterie gauloise

Frédéric Prodéo, ingénieur responsable d’opérations archéologiques, est pour cinq semaines à Aiguillon.
Frédéric Prodéo, ingénieur responsable d’opérations archéologiques, est pour cinq semaines à Aiguillon. ©Thierry Breton

Le sous-sol de la commune regorge de vestiges. Des fours de potiers et une voie romaine viennent d’être découverts.

Les trois tranchées qui percent avec régularité la chaussée ne préfigurent pas d’une reconstitution de la Première Guerre mondiale. Et à la vérité, l’ampleur de la remontée dans le temps n’est pas vraiment proportionnelle à la profondeur du trou. L’attentat de Sarajevo est loin d’Aiguillon où, à la faveur d’un chantier d’assainissement, des traces de civilisation gauloise ont été exhumées dans les rues du 19-Mars et Debussy. Rien d’exceptionnel dans cette commune de la Confluence, où les forages du sol ont souvent révélé des découvertes archéologiques. Mais rien d’anodin non plus.

Comme le souligne Frédéric Prodéo, en sortant la tête du trou. « La Gravisse est un secteur connu depuis les années 80 et la zone est classée à sensibilité archéologique dans le Plan local d’urbanisme. Les premières découvertes remontent aux sondages du docteur Reginato… »

Production artisanale

Depuis fin avril, l’ingénieur responsable d’opérations archéologiques de l’Institut de recherches archéologiques préventives (Inrap) se penche sur deux fours de potiers de la période gauloise. « Ces fours gaulois datent de – 200 à la conquête romaine en – 50. Ils témoignent d’une activité artisanale sur ce secteur dédié à la fabrication de poteries. Les pièces produites ici étaient estampillées, ce qui permettait d’identifier l’officine, puis portées vers l’oppidum Notiobrige de l’Ermitage, à Agen, où s’organisait leur commerce. Nous avons aussi découvert sur ce site un trou de poteau, des tessons et une urne funéraire, datant de 600 avant J.-C.. Nous avons également établi que la rue Debussy passe sur une voie romaine qui reliait Aiguillon à Port-Sainte-Marie. »

La qualité du sédiment aiguillonnais, du limon réfractaire, se prête parfaitement à la construction des fours, retrouvés à une poignée de mètres sous l’actuelle chaussée. Et la rubéfaction du sol témoigne aussi du soutien de l’activité de ce côté de l’agglomération administrée par Jean-François Sauvaud. « Pourquoi ne pas envisager, dans le meilleur des mondes, une présentation muséale de la zone concernée ? Puisque nous sommes certains que le sol de la Gravisse regorge de fours et de vestiges. Ce qui classe Aiguillon parmi les sites les plus importants de France », annonce l’édile.

Le revers de la médaille

Au terme des fouilles préventives actuelles, les fours de potiers seront détruits pour le passage des canalisations. « Nous faisons de la préservation par l’étude et l’archivage. Nos fouilles sont préventives. Nous ne pouvons pas arrêter un chantier. Cela deviendrait problématique. Il faut savoir qu’en moyenne, il y a, en France, un site archéologique par hectare. Nous remettrons un dossier à la mairie, qui supporte nos travaux avec le service régional d’archéologie. » Et afin de faire goûter à la population locale le fruit de leurs découvertes, les personnels de l’Inrap donneront une conférence le 26 mai.

Enfin, pour ces fouilles, la mairie a prévu d’engager 100 000 euros sur son budget. Le revers de la médaille, même ancienne. « C’est là toute l’ambiguïté de la position de l’aménageur que nous sommes. Cela complique les chantiers et les rallonge en termes de temps et de coût. » Et Jean-François Sauvaud de rappeler qu’en 2006, le Plan local d’urbanisme recensait 160 hectares constructibles. Au fil des différents plans de prévention, et zones sensibles, il n’y a en plus que 45 aujourd’hui.

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