Article paru ce jour dans le quotidien Sud Ouest. Source : http://www.sudouest.fr/2014/04/15/la-tour-inconnue-1525778-4344.php

Château d’Henri IV à Pau : les bases d’une ancienne tour découvertes ?

Des fouilles préventives, dans la cour, mettent au jour des vestiges non répertoriés

Château d'Henri IV à Pau : les bases d'une ancienne tour découvertes ?
Au pied de la tour Montoser, ont été découverts des éléments de maçonnerie du XIIIe © Photo David le deodic

A Pau, le chantier de rénovation du château d’Henri IV révèle peut-être une surprise. Les coups de pelle auraient-ils, en effet, mis au jour les bases d’une ancienne tour du XIIIe siècle jusqu’à présent inconnue ? C’est une hypothèse sérieuse, à entendre l’archéologue Franck Martin, en charge d’assurer une veille préventive (1) sur le site.Les travaux engagés, au début du mois d’avril, dans la cour, ont permis de tomber sur ce vestige qu’il reste à définir avec précision. Mais une chose est sûre : les fondations découvertes se situent à la base de la tour Montoser, la plus ancienne, qui date du XIIIe siècle.

« Cette extension n’est mentionnée dans aucun rapport ou document. Au regard de l’épaisseur, on peut penser qu’il s’agissait d’une structure du XIIIe siècle assez conséquente, susceptible de soutenir une élévation assez importante », observe Franck Martin.

Un massif non répertorié

Il reste à établir des plans à partir des constatations effectuées sur le terrain. Celles-ci devaient être davantage précisées, au fil de la journée d’hier. Mais il faudra encore du temps pour se faire une idée juste de la configuration soupçonnée notamment par l’intermédiaire de la publication à laquelle se prépare déjà le scientifique.

Il n’en reste pas moins étonnant que cette possible tour n’ait jamais été mentionnée. Selon toute vraisemblance, en effet, ce massif de fondations aurait pu être répertorié, puisqu’il se situe sur une partie du sol aménagée au XXe siècle. Une dalle de béton y avait été ajoutée. Pour l’installer, nul doute que les entreprises avaient remarqué les rangées de galets caractéristiques.

Une nouvelle page de l’histoire du château du bon roi Henri semble s’écrire et démontre, une nouvelle fois, à quel point l’édifice a fait l’objet d’adaptations à travers le temps.

On suppose qu’un premier castel a pris forme, sur ce piton rocheux, vers le XIe siècle. Mais c’est surtout au XIIIe siècle que la place se renforce. La tour Gaston Phébus apparaît au XIVe siècle. Au XVIe siècle, arrive la période Henri IV. Des fondations ont été également mises au jour aux côtés de la tour du même nom. Et de nombreuses modifications ont été apportées au XIXe siècle.

« Mais nous n’avons pas trouvé de matériaux particuliers », précise Franck Martin. « Une cour n’a pas vraiment d’autre vocation que le passage. À chaque étape d’évolution, ils décapaient les sols et y déposaient du remblai. Cette fois, nous avons découvert des petits morceaux de marmite en terre cuite et des bouts de vaisselle de présentation. Aussi quelques ossements de sangliers, cochons, caprins et bovidés. C’est peut-être du matériel médiéval. Mais il peut venir d’ailleurs, là d’où provient le remblai justement. »

Le chantier se poursuit

À l’origine de ces investigations : la direction régionale des affaires culturelles qui a profité des aménagements techniques du château pour analyser le sous-sol. Il s’agit de faire passer les gaines des réseaux. Une tranchée d’une centaine de mètres de longueur fait presque le tour de la cour sur 1,40 mètre de profondeur. « C’est une très belle fenêtre d’observation qui permet d’aller jusqu’au substrat et de mettre en évidence les différentes séquences d’occupation de la cour », poursuit l’archéologue.

Son intervention prendra fin d’ici à la fin de la semaine. Mais il reviendra, bientôt, quand le chantier se rapprochera du côté du péristyle. Le chantier ne sera pas fini pour autant. Il reste à s’attaquer à l’allée du roi, qui domine le gave, ou à la partie basse des jardins du sud. Il faudra ensuite penser à refaire les parties intérieures, avec le défi de la mise aux normes relatives à l’accessibilité.

(1) C’est la société Eveha qui a obtenu la mission, dans le cadre de l’ouverture du marché à la concurrence.

Émoi dans les médias régionaux et nationaux : une sépulture a été mise au jour dans la dune du Pilat (Gironde) suite à l’érosion massive subie par le littoral cet hiver.

C’est d’abord France Bleu Gironde qui s’est fait l’écho de la découverte dès le 7 avril au matin, sous le titre « Découverte probable d’une nécropole de l’âge du fer sous la Dune du Pilat« , interview de l’archéologue lot-et-garonnais Philippe Jacques à l’appui (il est le premier à être intervenu après qu’un touriste ait signalé la présence de la sépulture à l’air libre) : http://www.francebleu.fr/infos/fouilles-archeologiques/decouverte-probable-d-une-necropole-de-l-age-du-fer-sous-la-dune-du-pilat-1424845

L’après-midi, le quotidien Sud Ouest reprenait l’information sous le titre « Découverte probable d’une nécropole de l’âge du fer sous la Dune du Pilat » (le même que France Bleu) : http://www.sudouest.fr/2014/04/07/decouverte-probable-d-une-necropole-de-l-age-du-fer-sous-la-dune-du-pilat-1518526-2733.php

Un heure après, le quotidien 20Minutes y allait aussi de son article sous un titre différent avec l’accroche catastrophiste du moment « Les tempêtes de l’hiver révèlent une urne funéraire au pied de la dune du Pilat » : http://www.20minutes.fr/culture/1345101-les-tempetes-de-l-hiver-ont-revele-un-site-archeologique-au-pied-de-la-dune-du-pilat

Puis, dans l’heure suivante, c’était le site de TF1 qui se faisait aussi l’écho de la découverte sous le titre ironique « Dune du Pilat : merci l’érosion ?! » : http://lci.tf1.fr/science/histoire/dune-du-pilat-une-necropole-de-3000-ans-probablement-decouverte-8395931.html

Le soir-même, FranceInfo prenait le risque de majorer la découverte « Dune du Pilat : une découverte archéologique majeure » : http://www.franceinfo.fr/actu/dune-du-pilat-une-decouverte-archeologique-majeure-1378087-2014-04-07

Et aujourd’hui, 8 avril, ça continue.

Dès ce matin 8h, Francetv Info publiait en ligne l’article « Une urne funéraire de l’âge de fer découverte sur la dune du Pilat » : http://www.francetvinfo.fr/culture/une-urne-funeraire-de-l-age-de-fer-decouverte-sous-la-dune-du-pilat_571592.html

Deux heures après, le quotidien La Charente libre attrapait la balle au bond sous le titre trop détaillé « Dune du Pilat: découverte d’une urne funéraire, indice probable de la proximité d’une nécropole » : http://www.charentelibre.fr/2014/04/08/dune-du-pilat-decouverte-d-une-urne-funeraire-indice-de-la-proximite-d-une-necropole,1889463.php

Et deux heures plus tard, vers midi, la radio Europe 1 mettait en ligne son propre article sur le sujet sous le titre « Une « découverte archéologique majeure » sous la dune du Pilat » : http://www.europe1.fr/France/Une-decouverte-archeologique-majeure-sous-la-dune-du-Pilat-1938653/

Bref, ce n’est qu’un aperçu car l’info continue d’être relayée sur la toile. Quoi de neuf sous le soleil? Cette découverte est-elle si exceptionnelle?

Désolé de tempérer l’ardeur des journalistes, mais non, il n’y a rien d’étonnant, ni dans la présence de vestiges dans la Dune du Pilat, ni dans l’existence possible d’une nécropole dans cette partie de la Gironde. En effet, concernant la Dune du Pilat, on sait depuis longtemps que ce prodige du paysage du littoral girondin s’est formé progressivement depuis quelques siècles à peine et que des traces anciennes de peuplement y sont conservées (ce sont les fameux paléosols) : fours à goudron antiques et médiévaux, habitats de l’Age du fer, structures à sel protohistoriques etc. Concernant le Premier Age du fer, dès la fin XIXe-déb. XXe, les travaux de l’archéologue amateur Bertrand Peyneau (originaire de Mios) mettaient en évidence la présence de plusieurs dizaines de sites de cette période, principalement des nécropoles. Diverses découvertes ponctuelles dans la seconde moitié du XXe siècle sont venues confirmer la probable existence d’un peuplement dense dans la basse vallée de la Leyre entre les 8e et 5e siècles avant notre ère, peuplement venant possiblement préfigurer la constitution du peuple Boïate. Bien entendu, ce fort relais médiatique d’une découverte assez peu extraordinaire (dans les Landes, depuis la fin des années 90, ce sont plusieurs centaines de sépultures de la même période qui ont été mises au jour!) s’explique par le fait que la dune du Pilat est un lieu touristique incontournable, nationalement connu. Cela évoque les vacances et y voir associée la présence presque incongrue d’un site archéologique suscite un émoi finalement assez logique. En plus, cela permet de continuer à évoquer l’érosion littorale, entretenant à demi-mot le catastrophisme déjà largement étalé tout le long de l’hiver dans des articles plus indigestes les uns que les autres.

Nous ne saurions trop conseiller tant aux journalistes mal informés qu’aux internautes inondant de commentaires souvent limites, parfois stupides les bas de pages des articles précités, de lire le mémoire de maîtrise de Marie Bilbao : « Les sépultures du Premier Age du Fer autour du bassin d’Arcachon et de la basse vallée de la Leyre » soutenu en 2005 à Bordeaux 3 dont voici un résumé http://www.archeolandes.com/documents/arcachon_fer.htm (les liens vers les trois tomes du mémoire sont aussi sur cette page). C’est non seulement très documenté, intelligemment mené, mais en plus agréable à lire, ce qui est rarement le cas pour ce type de travail.

Au-delà de la simple découverte, nous sommes quand même relativement inquiets de la soudaine mise en lumière des sites archéologiques du littoral : isolés, non surveillés, ils sont vulnérables. Nous faisons malheureusement le pari que, dans les jours ou les semaines à venir, des pilleurs viendront donner des coups de pelle dans le secteur de la découverte… voire même des curieux venant chercher leur part de rêve comme ces familles démantelant les paléosols de Soulac le dimanche en quête de vestiges, le tout bien entendu dans une complète méconnaissance des lois régissant le Patrimoine archéologique.

Pour finir et contextualiser agréablement cette découverte (il faut d’ailleurs saluer le civisme du touriste ayant signalé la présence de l’urne), nous vous recommandons de lire le catalogue de l’exposition « Six pieds sous terre il y 3000 ans, archéologie des landes de Gascogne« , par Marie Bilbao et Hervé Barrouquère : http://clubdubalen.fr/bibli/6pst.pdf

article paru dans la République des Pyrénées le 22 février 2014 (source : http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2014/02/22/au-coeur-du-bearn-antique,1180765.php) :

Claracq : au coeur du Béarn antique

Publié le 22/02/2014 à 06h00
Mise à jour : 24/02/2014 à 10h00

Grâce à cet atelier mosaïque, les enfants plongent au coeur de l'histoire.
Grâce à cet atelier mosaïque, les enfants plongent au coeur de l’histoire. (dr)

Situé au nord du département, le musée de Claracq propose au visiteur un magnifique voyage dans le temps. Au sein d’un corps de ferme réhabilité, le public est convié à découvrir l’histoire d’un exceptionnel site archéologique béarnais : la villa gallo-romaine de Lalonquette.

Le musée, situé sur la commune de Claracq, retrace les 500 ans d’histoire de la villa. Cette somptueuse et prestigieuse demeure antique aux dimensions impressionnantes comportait un ensemble thermal, des salles chauffées, le tout richement décoré.

Restitution en 3D, des jeux et des livrets

Le musée est un véritable outil de développement culturel qui s’appuie sur une muséographie attractive, une offre d’animations pédagogiques de qualité et un événementiel renouvelé.

L’exposition permanente, fractionnée en six thématiques, dévoile l’histoire de ce site antique et met en lumière des vestiges telles les mosaïques. Grâce à une muséographie variée faite de panneaux, maquettes, pièces archéologiques, borne interactive, le musée permet à chaque visiteur, quel que soit son âge et son savoir, de découvrir les différentes facettes de la villa.

La visite peut être libre, guidée, ou se faire avec un audioguide en français, anglais, espagnol et occitan. Des modules à destination du jeune public ponctuent le parcours muséographiques. La restitution 3D présente une immersion au coeur de la villa grâce à une navigation intuitive

Ludique et pédagogique, cette reconstitution donne la possibilité d’appréhender au mieux les volumes et décors de la villa.

Le musée accueille le jeune public tout au long de l’année, sur réservation. En se rendant au musée, les enfants découvrent l’histoire de la villa et le mode de vie de ses habitants de manière ludique grâce à des jeux et livrets. Les parcours sont adaptés aux niveaux et âges des enfants.

Ils peuvent ensuite s’initier au savoir-faire antique en créant un objet s’inspirant de l’artisanat gallo-romain grâce à des ateliers fibule, fresque, mosaïque et argile.

Infos et réservations : 0967138669 ou musee@cc-theze.fr et site web.

En janvier dernier a eu lieu sur le plateau de l’Ermitage (zone périurbaine d’Agen) une campagne de sondages-diagnostics, menée sous la direction de l’archéologue Frédéric Prodéo (INRAP). Cette étape vise à vérifier la potentialité archéologique d’un terrain en prévision d’un aménagement invasif ou destructif pour les archives du sous-sol (autoroute, supermarché, lotissement etc.). En fonction des résultats, une fouille sera (ou pas) demandée afin d’enregistrer un maximum de données relatives au(x) site(s) menacé(s) par l’aménagement programmé. Si la première étape est entièrement financée par l’Etat et réalisée par l’INRAP ou des archéologues de collectivité territoriale, en revanche, la fouille est attribuée après appel d’offre soit à l’INRAP soit à un opérateur de fouille (=entreprise) agréé par l’Etat. Son financement n’est pas le fait de l’Etat, mais de l’aménageur. Ce tarif n’est pas imposé de but en blanc, mais découle de négociations entre l’aménageur et l’archéologie, principalement en fonction d’un cahier des charges. Tout ceci est réglementé par deux lois, votées respectivement en 2001 et 2003. C’est la théorie et généralement la pratique. Mais il arrive que certains terrains recèlent de véritables trésors pour le Patrimoine national : c’est pour cela que le prescripteur de sondages-diagnostics, l’Etat, représenté par le Service Régional de l’Archéologie, met parfois en garde l’aménageur afin qu’il modifie son projet si celui-ci a une forte probabilité de concerner un gros site archéologique (voire le dissuade d’agir sur tel ou tel terrain). En effet, si le site n’a pas été classé et donc protégé, sa fouille se fera de manière approfondie, attentive et extensive afin de ne perdre aucune info : cela entraine des coûts astronomiques pour l’aménageur (on parle souvent dans des cas comme celui-ci de plusieurs millions d’euros!). Dans le cas de l’Ermitage à Agen, le rôle de l’Etat a été de dissuader l’aménageur de lotir cette zone : connu pour être l’oppidum des Nitiobroges, diverses recherches ultérieures avaient souligné la richesse du lieu. Nous sommes aujourd’hui après la première étape : le sondage a été mené, le rapport va être rendu. Les premiers résultats révélés dans le petit milieu des archéologues régionaux suscite bien évidemment des interrogations : doit-on nécessairement sacrifier le Patrimoine, bien commun, pour des raisons urbanistiques? N’y a-t-il pas possibilité de lotir ailleurs sur la commune? C’est ce qui ressort de l’article paru dans la Dépêche du Midi ce jour (source : http://www.ladepeche.fr/article/2014/03/13/1837901-agen-ermitage-ne-detruisez-pas-les-archives-du-sol.html) :

Agen. Ermitage : «Ne détruisez pas les archives du sol»

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L’association «La Mirande» vient d’appeler les archéologues du Lot-et-Garonne pour faire le point sur les «fouilles» préventives à l’Ermitage. Et lancer un appel aux élus…

Les sondages réalisés en début d’année ont donné «des résultats significatifs». C’est Michel Couderc, le président de «La Mirande» qui le dit. Mais il base son propos sur des avis plus autorisés encore. «On attend pour le mois de mai le rapport définitif de l’INRAP (Institut de recherches archéologiques préventives) et la lecture qu’en fera le Service régional de l’archéologie». Et puis, autorisés aussi, les avis et commentaires de l’Association des archéologues du Lot-et-Garonne, «ce que le diagnostic a permis de confirmer, c‘est bien la place de l’Agenais sur la carte du monde gaulois et gallo-romain». Pour Jean-François Garnier, secrétaire de l’association départementale, «on vient de confirmer les recherches précédentes. L’oppidum de l’Ermitagne était le centre d’un royaume, celui des Nitiobroges dont on trouve trace d’ailleurs dans les écrits de Jules César, qui désigne nommément le roi et le prince d’une vaste zone dépassant les limites du Lot-et-Garonne d’aujourd’hui…».

L’épée à antennes

Le diagnostic et les sondages ne portent que sur une surface représentant 5 % de la zone sur laquelle pourrait être implanté le lotissement qui alimente toutes les critiques de «La Mirande». «C’est peu et cela laisse augurer de découvertes plus grandes encore, essentielles pour comprendre la naissance de la ville d’Agen.» Il s’agit, selon le mot des archéologues du département, «d’archives du sol» venues d’une époque qui n’avait que très peu d’archives écrites. «On a connu par le passé, sur Agen, des projets immobiliers qui ont totalement effacé ces archives du sol.» En l’occurrence, sur l’Ermitage, la mise au jour d’une chaussée – «un axe de circulation datant de 50 avant JC» – ouvre le champ des possibles. Mais la découverte la plus importante, et «pas forcément la plus spectaculaire», est une tête en bronze de quelques centimètres, «l’extrémité d’une épée poignard à antennes dont on ne connaît que 10 exemplaires en France». Pour les archéologues du département, François Stéphanus ou Claude Gras, «cette découverte atteste de la présence de gens armés sur le coteau de l’Ermitage». De quoi, en tout cas, attirer l’attention des candidats d’aujourd’hui, élus de demain. «Évitons les erreurs passées, ne rendons pas le sol opaque pour un lotissement qui enterrerait à jamais la préhistoire d’Agen».

Ce sera, en effet, aux élus de l’Agenais de décider, in fine, l’avenir qu’ils dessinent pour l’Ermitage. Un lotissement ou un lieu d’histoire et, pourquoi pas, de «tourisme culturel» ?

J.-L. A

Touché par une fouille clandestine l’année dernière, le camp de Beylongue (Landes) a été régulièrement visité par des utilisateurs de détecteurs de métaux au cours de ces dernières années. Le quotidien Sud Ouest revient sur ce pillage, dans le cadre d’un autre article intitulé L’obscure traque des pillards de l’Histoire (source : http://www.sudouest.fr/2014/03/10/landes-des-fouilles-gallo-romaines-cibles-des-pilleurs-1486321-3304.php) :

Landes : des fouilles gallo-romaines cibles des pilleurs

Désemparé, le maire du village de Beylongue a dû faire appel aux gendarmes

Landes : des fouilles gallo-romaines cibles des pilleurs
Plutôt que celle de passionnés d’histoire, le maire de Beylongue soupçonne l’œuvre de trafiquants © Photo

Pascal Bats / « Sud Ouest »

Quoiqu’un peu plus méthodiques qu’une horde de sangliers affamés, les visiteurs du soir n’ont pas manqué de tout retourner sur leur passage. Deux grandes tranchées percées en croix profonde d’une quarantaine de centimètres, sans parler des grattages alentour. Dormant depuis des siècles à l’ombre de la vaste forêt landaise, les vestiges du camp gallo-romain de Beylongue viennent ainsi soudainement de se rappeler au très lointain souvenir des riverains. « J’avoue que je n’y avais jamais mis les pieds jusqu’à ce que l’on me signale à plusieurs reprises la présence de personnes armées de détecteurs de métaux », s’agace aujourd’hui le maire de cette commune d’à peine 380 habitants.

Fièrement posté devant l’antique vitrine municipale exhibant une collection d’outils et d’objets d’ornement, Jean-Claude Gourgues a entre-temps sonné la maréchaussée et la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). « De tout temps, les villageois ont déterré quelques flèches ou silex au gré des labours, mais jamais de façon professionnelle, et encore moins commerciale. »

D’autant plus compliquée à mettre en place que le propriétaire – privé – des lieux redoutait l’effet pervers d’une médiatisation de l’affaire, la surveillance semble pourtant avoir dissuadé les curieux. Rarement appliquée faute de flagrant délit, la loi laisse tout de même planer au-dessus de leur tête une peine de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 euros d’amende. « Selon les témoignages, ces prospecteurs n’avaient rien d’amateurs », répète le maire, relançant implicitement le débat sur la porosité entre l’archéologie officielle et celle dite « noire ».

Jean-Claude Gourgues compte désormais sur la reconnaissance officielle du site, dont les premières datations remontent à l’âge de bronze. « Plutôt que de le laisser aux clandestins, l’État ferait mieux de reprendre enfin la main. »