La cathédrale de Lecture et son contexte d’implantation antique ont les honneurs du quotidien Sud-Ouest. L’avantage de l’été est que la presse régionale prend le temps de publier des chroniques patrimoniales ou historiques, parfois de qualité (surtout quand les articles sont signés par des spécialistes et non des stagiaires qui font ce qu’ils peuvent).
Voici l’article en question (source : http://www.sudouest.fr/2014/08/11/un-tresor-sous-le-choeur-1638633-2277.php) :
Cathédrale de Lectoure : un trésor sous le chœur
patrimoine Chaque lundi durant l’été, les grands sites du Gers dévoilent un pan méconnu de leur histoire. Pour découvrir les autres secrets des pierres, rendez-vous sur place… Aujourd’hui, la cathédrale de Lectoure. Si l’édifice n’avait pas subi autant d’outrages, on n’aurait jamais découvert les tauroboles du IIe siècle
Du monument emblématique de Lectoure, il a bien failli ne rien rester ou presque. Si aujourd’hui elle continue de se dresser fièrement au milieu de la ville, d’abriter sur son parvis chaque dimanche après la messe, un fort sympathique apéritif offert par les paroissiens, de faire rouspéter les autochtones à la gorge fragile car il souffle toujours dans ses alentours immédiats, un vent fripon, et d’inspirer les peintres du dimanche, la cathédrale Saint-Gervais l’a échappé belle…Sachez tout d’abord que si on l’appelle communément ainsi, son nom complet est « cathédrale Saint-Gervais Saint-Protais », car elle est dédiée aux deux vertueux.
Vue imprenable
L’imposant monument mérite à lui seul le détour, ne serait-ce que pour admirer sa nef monumentale et son chœur, découvrir le musée d’Art sacré qui présente l’une des plus remarquables collections d’objets liturgiques, de reliquaires, d’images pieuses, de sépultures et de chasubles, ou grimper au sommet de son clocher qui offre, du haut de ses 45 mètres et de ses 240 marches, une vue imprenable sur la vallée du Gers et la chaîne des Pyrénées. Mais ce joyau d’histoire et d’architecture revient de loin. Car à la suite des démêlés tragiques de Jean V d’Armagnac avec le roi Louis XI, la ville fut assiégée, pillée et incendiée. La cathédrale, qui dans la partie est de la ville fait partie des fortifications et abritait ses derniers défenseurs, en prit particulièrement pour son grade, puisque la façade, le clocher et la nef furent en grande partie démolis. Pendant des mois, Lectoure incendiée, démolie, vidée de ses habitants, est une ville fantôme. Aux XVe et XVIe siècles, on remet peu à peu la cathédrale sur pieds, mais patatras, les guerres de religion fichent tous les efforts par terre, car les partisans de la religion réformée, qui sont maîtres de Lectoure, entreprennent alors de démolir méthodiquement les édifices religieux. La cathédrale, dont la reconstruction n’était pas terminée, voit ses voûtes abattues et le mur sud presque rasé…
Saint-Gervais Saint-Protais devra ensuite subir les dommages de la Révolution, durant laquelle on jette à bas du clocher les douze statues représentant les huit prophètes de l’Ancien Testament et les quatre évangélistes, tandis qu’on prend un malin plaisir à marteler les ornements du portail…
Une incroyable collection
Il n’est donc pas exagéré de dire que la cathédrale s’en sort bien ! Mais en fin de compte, si la vieille dame n’avait pas été ainsi outragée, on n’aurait sans doute jamais découvert lors des travaux de reconstruction du chœur de la cathédrale et dans les ruines de l’ancienne église Saint-Thomas qui l’avait précédée, la vingtaine d’autels tauroboliques en marbre, sculptés à l’effigie des taureaux sacrifiés, qui constituent aujourd’hui une des plus importantes collections au monde.
Une fois que vous aurez quitté la cathédrale, prenez donc à gauche et courrez au musée Eugène-Camoreyt. C’est pour l’essentiel un musée lapidaire et archéologique qui regroupe des vestiges préhistoriques, gaulois, gallo-romains et en particulier les fameux autels tauroboliques, preuve que bien avant l’édification de la cathédrale, les cultes avaient déjà trouvé leur lieu de prédilection pour leur pratique…