On croirait parfois que les municipalités découvrent des dispositifs législatifs pourtant courants et largement assimilés par les collectivités territoriales : tout aménagement d’ampleur fait l’objet d’un diagnostic archéologique au préalable, qui ne retarde en rien les travaux puisque le timing est mis en place en concertation avec l’aménageur et donc inscrit au calendrier. Son financement est réalisé grâce à la redevance d’archéologie préventive.

Si le diagnostic est négatif ou positif mais les vestiges mal conservés ou trop épars, l’INRAP établissement public agréé pour de telles recherches rend son rapport et le chantier démarre.

Si le diagnostic est positif avec existence de structures inédites ou susceptibles de documenter grandement la connaissance que l’on a du Passé dans un territoire donné, rapport est rendu et ce rapport lance une nouvelle procédure, celle de la fouille. L’État, après examen du rapport, établit un cahier des charges à l’usage de l’entreprise qui sera choisie par l’aménageur après appel d’offre pour réaliser la fouille.

Sur un principe « pollueur payeur » qui s’applique aux entreprises polluantes pour limiter les rejets nocifs dans l’environnement, le Code du Patrimoine intègre la loi sur l’archéologie préventive qui part du principe « destructeur payeur », à savoir que le coût de la fouille incombe à l’aménageur. Cette loi n’est pas nouvelle puisqu’elle remonte au 17 janvier 2001. Les élus ou les gros aménageurs qui font encore les « vierges effarouchées » ne dupent personne, sauf parfois les journalistes… Si l’aménageur est un particulier, une petite entreprise ou une petite collectivité et que le coût des fouilles se révèle trop onéreux, il est possible de faire appel au Fond National pour l’Archéologie préventive.

La Régie des eaux de la commune d’agglomération du Marsan (Landes) semble découvrir aujourd’hui ce dispositif, quand bien même la ville a été largement concernée depuis plus de 20 ans par des fouilles préventives, menées principalement dans l’hypercentre. Il est vrai que c’était sous une autre équipe municipale. Autre temps, autres moeurs, peut-être, mais la loi reste la même et nul n’est sensé ignorer la loi, surtout en matière d’aménagement et étant donné le nombre conséquent d’aménagements réalisés ces dernières années à Mont-de-Marsan, on aurait pû se dire que le dispositif de l’archéologie préventive était connu et avait été largement assimilé. Que nenni comme semble nous le dire l’article paru ce jour dans le quotidien Sud Ouest à propos du différent qui oppose la Régie des eaux évoquée ci-dessus à l’Etat, représenté par le Service Régional de l’Archéologie basé à la DRAC Aquitaine à Bordeaux (source : http://www.sudouest.fr/2016/01/07/les-richesses-du-sous-sol-entrent-en-concurrencenombreux-indices-archeologiques-2235721-2485.php) :

Mont-de-Marsan : Géothermie et vestiges archéologiques face-à-face

Publié le 07/01/2016 à 12h13 , modifié le 07/01/2016 à 12h13 par

Benoît Martin

La Ville veut construire un bassin de stockage pour les eaux de l’un de ses forages à Mazerolles. Sauf que le site recèle des vestiges datant de l’âge de bronze

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Les découvertes des premières fouilles en mars 2014 ? « C’est comme si le ciel nous était tombé sur la tête », explique Le conseiller municipal montois délégué à l’eau et aux énergies renouvelables, Thierry Socodiabéhère. ©Florence Cavalin

«Cherche entreprise pour effectuer des fouilles archéologiques préventives, préalablement à la construction du bassin de stockage des eaux géothermiques de Mazerolles. » Voilà l’avis d’appel public à la concurrence publié par la Régie municipale des eaux et de l’assainissement de Mont-de-Marsan, le 21 décembre. Les candidats ont jusqu’au 29 janvier pour envoyer leur offre.

L’entreprise choisie aura l’auguste honneur de déterminer qui du crétacé supérieur (- 100 à – 65 millions d’années) ou de l’âge de bronze (de 5 000 à 3 000 av. J.-C.) l’emportera. Peu de Montois le savent, mais c’est un vrai choc de l’histoire qui se joue sur la commune de Mazerolles, à une poignée de kilomètres à l’est de Mont-de-Marsan. Rien n’est visible. Tout est en sous-sol.

Vieille eau chaude

Le premier puits, exploité depuis 1975, alimente en chauffage la Base aérienne 118, l’hôpital Sainte-Anne, la résidence Hélène-Boucher, l’école de l’Argenté et depuis peu le quartier du Peyrouat. Le second puits, exploité entre 1984 et 2006, et rouvert depuis 2014, vient chauffer la caserne Maridor. « En 2014, le volume pompé total s’élève à 1 053 604 m3 pour le GMM 1 et à 206 575 m3 pour le GMM 2, précise la Régie des eaux. Pour l’ensemble des quatre abonnés – BA 118, hôpital Sainte-Anne, Hélène-Boucher, Maridor -, la géothermie a permis d’éviter le rejet de 2 395 tonnes de dioxyde carbone. »

Vestiges d’occupation

De quoi s’agit-il ? Mont-de-Marsan est assis sur un trésor : une gigantesque nappe d’eau naturellement chaude (55 à 60°C), enfouie à environ 1 800 mètres de profondeur, formée il y a donc près de 100 millions d’années. Deux puits de forage – le GMM 1, situé avenue de Nonères, et le GMM 2, sur la zone industrielle du Carboué – envoient cette eau chauffer une bonne partie des Montois, pour un impact environnemental et un coût financier bien inférieurs à ceux des énergies fossiles ou nucléaires (lire ci-contre).

Une fois qu’elle a servi de chauffage, l’eau venue des profondeurs doit être encore valorisée en surface. Il est normalement interdit de la rejeter dans les cours d’eau, comme ça, sans rien en faire. D’où ce projet de bassin de stockage des eaux du forage GMM 2 à Mazerolles, à proximité du hameau de Beaussiet. Objectif de ces « stocks » d’eau : permettre l’irrigation de 150 hectares de culture, aux environs, en bordure de Midou, traditionnellement confrontés à de sévères restrictions de pompage.

Comme les terrassements induits par le projet, de par « leur nature, leur importance et leur localisation », étaient « susceptibles de mettre au jour des vestiges d’occupations protohistoriques et antiques », les services de l’État ont prescrit des premières fouilles. Effectuées en mars 2014, par une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), ces premières recherches ont donné des résultats intéressants, détaillés dans un rapport de 200 pages (lire ci-dessus). Des résultats qui méritent d’être approfondis via de nouvelles fouilles plus conséquentes.

« L’État doit assumer ! »

Le conseiller municipal montois délégué à l’eau et aux énergies renouvelables, Thierry Socodiabéhère, se serait bien passé d’un tel cadeau tombé du sol plus que des cieux. « C’est un peu comme si le ciel nous était tombé sur la tête. Mais la Régie est obligée d’entrependre ces fouilles », explique l’élu, en référence à l’arrêté préfectoral signé par la conservatrice régionale de l’archéologie, pour le compte du préfet de Région, le 30 juillet.

La Ville a eu beau solliciter une dérogation… Rien n’y a fait. Ces fouilles, il faut les faire. Un point c’est tout. 12 semaines et 12 personnes minimum pour fouiller plus de 2 hectares. « On parle de 500 000 à 600 000 euros, bien évidemment à la charge du maître d’ouvrage, la Régie des eaux, râle Thierry Socodiabéhère. Cela va se répercuter de facto sur le prix du mégawattheure (MWh). Aujourd’hui, on est à 52,50 € TTC/MWh. Aux dernières nouvelles, la BA 118 pourrait se fournir au gaz à 57 euros TTC/MWh. Je crains qu’en intégrant les coûts des fouilles, la géothermie ne soit plus compétitive. »

« Que l’État assume ses responsabilités et cette découverte majeure et subventionne les fouilles ! », appuie Thierry Socodiabéhère. « Si on ne peut pas tenir nos objectifs économiques et que l’État ne veut pas prendre de dérogation, on arrêtera tout. Et la Régie se réserve le droit de se retourner contre lui, en justice, pour défauts de conseil dans le montage des dossiers depuis 2010. Ces quatre dernières années, la Ville a investi cinq millions d’euros dans la géothermie. Je ne vais pas mettre la Régie et les Montois dans le rouge pour l’État. S’il est prêt à mettre en jeu l’avenir pour protéger le passé, qu’il assume jusqu’au bout ! »

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Le conseiller municipal montois, Thierry Socodiabéhère.© Photo pascal bats

Nombreux indices archéologiques

« Le diagnostic d’archéologie préventive des parcelles destinées à accueillir un bassin de stockage des eaux issues du forage géothermique GMM 2, sur la commune de Mazerolles, a mis en évidence des vestiges d’occupation datant respectivement de l’âge de bronze, de la fin de l’âge de fer et du Haut-Empire. » Voilà ce qui a fondé l’arrêté pris le 30 juillet, décision du préfet de Région, de « prescrire des mesures complémentaires de sauvegarde via des fouilles préventives ». Effectuées en mars dernier par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) sur 2 800 mètres carrés, les « pré-fouilles » ont mis en évidence « une trame relativement continue d’indices archéologiques » : tessons, fragments de céramiques et de torchis, silex, trous de poteaux, etc. Le diagnostic conduit notamment à proposer « l’hypothèse d’une ferme indigène installée à la fin de l’âge de fer. Ce type d’établissement, bien connu au nord de la Garonne, n’est en revanche pas documenté à ce jour dans l’espace landais et le bassin de l’Adour. L’étude de l’évolution du site (habitat, bâtiments agricoles, greniers, etc.) est susceptible d’apporter des données novatrices sur les modalités d’organisation des espaces ruraux à l’époque antique. »

 

Les éditions Abélio font appel à financement participatif pour la publication d’un ouvrage archéologique prometteur sur le patrimoine antique du Comminges (Haute-Garonne) :

Les éditions Abélio et leur équipe de bénévoles veulent partager leurs passions pour l’histoire et les arts graphiques en Comminges.

Pour financer notre prochain ouvrage « Dis Manibus – Images et représentations de la mort dans le Comminges antique », écrit par Jean-Luc Schenck-David (conservateur du musée de St-Bertrand-de-Comminges) et illustré par Philippe Lhez, nous faisons appel à vous dans le cadre d’un financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank. Cet ouvrage d’archéologie évoquant l’antiquité romaine au cœur des Pyrénées a été écrit par l’un des meilleurs spécialistes du sujet et illustré par un aquarelliste tout aussi talentueux dans son domaine.

Nous avons besoin de votre soutien !

Le principe du financement participatif est simple : Les fonds collectés servent à éditer l’ouvrage. La pratique l’est tout autant : il suffit de se laisser guider par le site qui est très bien conçu. Pour chaque don à partir de 10 € vous avez un cadeau. La taille du cadeau est proportionnel au don bien entendu, cela allant de la série de marque pages à une œuvre originale de l’illustrateur.

Pour découvrir de manière plus détaillée le contenu de l’ouvrage rendez-vous sur

http://www.kisskissbankbank.com/dis-manibus-editions-abelio

 

L’association de valorisation du patrimoine culturel landais basée à Mimizan a fait son bilan lors de sa dernière assemblée générale. Pour en savoir plus sur ses activités, n’hésitez pas à aller consulter la page Facebook de ce groupe de jeunes passionnés à l’enthousiasme communicatif : https://www.facebook.com/baratariamimizan/

Le quotidien Sud Ouest se fait l’écho ce jour de la réunion. Source : http://www.sudouest.fr/2016/01/02/barataria-en-assemblee-generale-2232328-3446.php

Barataria en assemblée générale

L‘association Barataria a réuni son assemblée générale le 11 décembre dernier à la salle du Vieux-Marché. Elle a pour objet de promouvoir le patrimoine local, par le biais de l’organisation d’événements culturels. Le principe est à chaque fois le suivant : un lieu du patrimoine, des animations, des activités et une exposition.En 2015, première année de sa création, Barataria a mis en valeur la Chapelle de la mer, à Mimizan plage en avril, et a célébré la fête des morts en Gascogne le 31 octobre.

L’association est financée par des dons, la vente des repas, boissons et places de concert, ainsi que par une subvention de la mairie. Elle a décidé de reverser une partie de son excédent de trésorerie à la municipalité pour participer aux travaux de rénovation de la Chapelle de la mer.

Pour 2016, Barataria cherche un local, un responsable de communication et un lieu pour son prochain événement. Contact : 07 61 25 40 40.

Lucile Barros

Pour rappel, la loi est très claire en la matière : la destruction ou la dégradation d’un site archéologique est punie par l’article 322-3-1 du code pénal de 7 ans d’emprisonnement et de 100 000 € d’amende. Ces peines peuvent être portées à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende selon les circonstances. Hélas, les dégradations commises en France sont longtemps restées impunies et encore aujourd’hui, un simple rappel à la loi est généralement signifié au coupable. Si la dégradation de la motte de Pontenx a été remarquée, c’est probablement qu’au départ, il y a avait aussi dégradation d’un environnement naturel remarquable : d’autres mottes ont été endommagés ces dernières années en Aquitaine, y compris dans les Landes. Qui est au courant que la motte d’Artassenx et sa basse cour ont fait les frais elles aussi de la pelleteuse ? Que la basse cour de celle de Castandet a été démantelée ? Les gens sont parfois soucieux de patrimoine, mais cette vigilance ne s’exerce que dans le périmètre de leurs propres intérêts pour la plupart et ne dépassent pas les limites de leur commune.

Quant à l’affaire dont Sud Ouest rapporte les éléments dans l’article ci-après (source : http://www.sudouest.fr/2015/12/24/pontenx-les-forges-40-des-sanctions-apres-les-degradations-de-la-motte-feodale-2226830-3452.php), s’il y a bien des sanctions, il n’y a en revanche nulle condamnation; bref, un blanc seing pour les futurs destructeurs de sites dans la région :

Pontenx-les-Forges (40) : des sanctions après les dégradations de la motte féodale

Un exploitant forestier avait enchaîné les bourdes cet été. Choquée, dénonçant un « saccage patrimionial », la Sepanso avait piqué une grosse colère

Pontenx-les-Forges (40) : des sanctions après les dégradations de la motte féodale
La motte féodale avait été attaquée à la pelle mécanique. ©

archives Violette artaud

« C’est une cascade de conneries ! « , s’insurgeait cet été Georges Cingal, le président landais de la Fédération régionale des associations de protection de la nature (Sepanso). Sa colère était dirigée vers un exploitant forestier qui enchaînait les bourdes, à Pontenx-les-Forges. L’alerte avait été lancée par un autre exploitant, alors que des manœuvres étaient effectuées sur ses propres parcelles et surtout que la motte féodale du tuc de Monjat, à Pontenx-les-Forges, avait été fortement endommagée.

Pour le maire de la commune aussi, c’en était trop. « Que l’on porte atteinte à la forme d’une motte féodale classée monument historique n’est pas tolérable. Si des procédures sont engagées, la mairie se portera partie civile », livrait sans détour Jean-Marc Billac.

La Fédération Sepanso a informé ce mercredi dans un communiqué que sa colère inhérente à ce « saccage environnemental et patrimonial de la zone remarquable du Tuc de Monjat » n’était pas restée sans effets. Selon le président de la fédération, Georges Cingal, plusieurs non respect de la réglementation ont ainsi été relevés lors d’un constat réalisé le 4 décembre à Pontenx par les agents du Programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC) d’Aquitaine.

L’exploitant suspendu

« En conséquence, l’exploitant forestier a été suspendu par l’organisme PEFC, il n’a plus droit de faire usage de sa certification PEFC et de vendre des bois certifiés PEFC », rapporte la Sepanso.

Interrogé sur ces faits en août dernier, le gérant de l’entreprise incriminée, la SAS Gonzalès Bartholomé, reconnaissait avoir commis une  » erreur « , en dépassant les limites de la parcelle de forêt qu’il était censé exploiter. « Les gars se sont plantés dans les plans « , acceptait le gérant acculé.

Quid des dégradations de la motte féodale ?  » Personne ne m’a prévenu « , répondait-il.