Le quotidien Sud Ouest se fait l’écho d’une conférence présentée par l’historien de la forêt landaise Jacques Sargos à Hourtin (33) (source : http://www.sudouest.fr/2016/03/12/qui-etait-reellement-jules-chambrelent-2298778-2907.php)

Qui était réellement Jules Chambrelent ?

Jacques Sargos dédicace ses livres après la conférence.
Jacques Sargos dédicace ses livres après la conférence. ©

Photo R. B.

Lors de sa conférence, l’historien Jacques Sargos a donné de l’ingénieur une image beaucoup moins flatteuse que de coutume.

Le nom de Jules Chambrelent est des plus familiers aux Hourtinais puisque ce patronyme est au fronton du collège de la commune depuis des décennies. Jules Chambrelent est aussi connu pour être, avec Nicolas Brémontier, autre ingénieur des Ponts et chaussées, le « père » de la forêt landaise en étendant la forêt dans la plaine intérieure toujours insalubre, sous l’effet de la loi de 1857 soutenue par Napoléon III.

Lors de sa conférence « Histoire de la forêt landaise », donnée vendredi dernier à l’invitation de l’association Demain Hourtin Mon Village, l’historien des Landes Jacques Sargos, dont les écrits font référence en la matière, ne manqua toutefois pas de donner une image différente de Jules Chambrelent. Né à la Martinique en 1817, dont la gloire attribuée par « l’Histoire officielle, simplificatrice et réductrice » ne saurait faire oublier qu’il ne fut que celui qui formalisa au bout du compte l’ensemble des travaux initiés depuis bien longtemps par de nombreuses personnalités landaises.

Jacques Sargos de rappeler d’abord que le pin maritime existait depuis l’Antiquité sur la bordure océane et était cultivé par les Gaulois avant que les invasions barbares ne ravagent ces plantations. Pendant des siècles, les sables, qui ne rencontrent plus d’obstacle, vont s’amonceler et créer un large bassin de rétention des eaux, la région restant un marécage quasi désertique et malsain. Mais dès la fin du Moyen age, les habitants des zone côtières ont su planter les pins pour fixer l’avancée des dunes.

Au début du XIXe siècle, les landes de Gascogne possèdent déjà de belles pinèdes d’où l’on tire du bois et des produits résineux. Jacques Sargos réfute la légende selon laquelle « le massif gascon aurait été semé à la vitesse de la foudre par deux ou trois bienfaiteurs, sous l’œil médusé des indigènes ».

Un imposteur ?

Déjà en son temps, Nicolas Brémontier avait profité, et passé sous silence, des travaux de l’abbé Desbiey, de l’ingénieur de la marine Charlevoix de Villers ou de l’inspecteur des travaux Peyjehan pour passer à la postérité.

L’historien, après un long et minutieux travail d’analyse de documents, réfute également la tradition qui fait de Jules Chambrelent l’inventeur du système de drainage et du réseau de crastes ayant permis au boisement d’envahir l’ensemble du pays. Remarqué par Napoléon III, il s’approprie ainsi la paternité de la loi de 1857 relative à l’assainissement des Landes de Gascogne, alors que le rôle de l’empereur a été prépondérant en la matière. Surtout il souligne que la postérité a indûment attribué à Chambrelent une gloire qui n’est due qu’à l’ingénieur Henri Crouzet, par exemple, l’invention des puits filtrants… mais ce dernier, très modeste, n’a rien écrit, à l’exception de rapports administratifs, dont Jacques Sargos a pu toutefois prendre connaissance. Chambrelent, lui, a laissé un livre « Les Landes de Gascogne », « véritable apologie de son œuvre ou de celle qu’il s’attribue ».

Chambrelent, très en cour, eut aussi son historiographe en la personne d’Edmond About qui l’a campé dans son roman « Maître Pierre » où il est facile de reconnaître l’ingénieur des Ponts et Chaussées sous le masque du paysan gascon ! Crouzet a aussi eu son apologiste, J. B. Lescarret, avocat à Bordeaux, mais de faible notoriété. Et Jacques Sargos de s’interroger.

« Si Edmond About avait rencontré Crouzet, l’oublié, le méconnu serait peut-être bien aujourd’hui Chambrelent ! ».

Robert Boivinet

S’il n’est pas envisageable de douter des compétences de Jacques Sargos, grand spécialiste de l’histoire de la forêt landaise, il convient de revenir sur des éléments évoqués dans l’article.

_ « le pin maritime existait depuis l’Antiquité sur la bordure océane » : le pin maritime existait en fait depuis le Néolithique, soit plusieurs millénaires avant l’Antiquité, comme le prouvent depuis les années 80 plusieurs analyses de pollens conservés au plus profond de tourbières landaises et girondines. Ensuite, le pin existait partout, de la côte jusqu’au milieu des terres dans le Marsan, autre renseignement hérité des analyses palynologiques et pas seulement sur la côte comme on le croyait au milieu du XXe siècle. Enfin, le pin n’était pas l’arbre roi de la forêt landaise comme des générations de forestiers ont voulu le faire croire : avant l’époque moderne et depuis la fin du Néolithique, le chêne était l’essence d’arbre la plus représentée, que ce soit sur des terrains égouttés ou périodiquement humides.

Document-1-page8(image tirée de la publication d’Elodie Faure et Didier Galop « La fin du paradigme du désert landais : histoire de la végétation et de l’anthropisation à partir de l’étude palynologique de quelques lagunes de la Grande Lande » parue dans les actes du colloque de Sabres « De la lagune à l’airial« )

_ « le pin maritime (…) était cultivé par les Gaulois » : il n’y a aucune preuve que les Aquitains (et non les Gaulois) cultivaient le pin, pas plus que les Gaulois ne le cultivaient ailleurs (chez les Gabales par exemple). En revanche, la résine était exploitée durant l’Antiquité et probablement sous l’impulsion des Romains : jusqu’ici, aucun site archéologique n’indique une exploitation de la résine avant le 1er siècle de notre ère dans la zone landaise. La production de résine répond à des besoins inhérents à la vie à la romaine, comme celui d’étanchéifier les bâteaux en assemblage de planches (les Aquitains utilisaient des pirogues) et les amphores vinaires.

_ « avant que les invasions barbares ne ravagent ces plantations » : déjà, il y a un problème de sémantique, puisque l’on ne parle plus en Histoire d’invasions barbares mais de migration des peuples pour les évènements intervenus au cours du Bas Empire. Ensuite, toujours pareil, il n’y a aucune preuve qu’existaient dans le sud-ouest des « plantations » de pins : ces derniers étaient là naturellement. Enfin, il n’y a aucun argument aujourd’hui pour considérer que la forêt landaise a disparu du jour au lendemain entre le Bas Empire et l’Antiquité tardive, encore moins sous la main de supposés « barbares ». Comme le rappelle la frise ci-dessus qui repose sur des analyses palynologiques publiées dans l’article de Faure et Galop évoqué précédemment, la disparition d’une partie de la forêt landaise au profit de la lande est un processus amorcé dès l’Age du Bronze, qui s’est accéléré à l’Age du Fer pour devenir une constante à l’époque antique. Au Moyen Age, la lande est dominante : c’est l’aboutissement, non d’une catastrophe humaine ou climatique, mais d’un choix économique. En effet, la lande n’existe que par l’entretien constant des communautés agropastorales, par défrichement et écobuage. Une fois cet entretien interrompu, la forêt regagne progressivement le terrain. Contrairement à un slogan matraqué en bord de routes landaises, OUI, il y a une forêt landaise sans les forestiers.

Ce qui est étonnant, c’est que la lecture de l’ouvrage de Jacques Sargos « Histoire de la forêt landaise » est beaucoup plus nuancé que les éléments de l’article que nous avons discutés. A se demander si l’article reprend véritablement pour cette partie ce que Jacques Sargos en a dit ou ce que le correspondant en a compris. Mystère.

 

Le Patrimoine, ce sont aussi les racines et celles de l’Aquitaine sont multiples. L’Espagne fait partie intégrante de l’Aquitaine : déjà à l’époque de la Guerre des Gaules, les Aquitains faisant face à Rome recevaient l’appui des Cantabres venus du nord de l’Hispanie, frères culturellement et partenaires commerciaux. Les liens entre Espagne et sud-ouest de la France n’ont jamais été rompus et lorsqu’il s’est agi d’accueillir les migrants de la Retirada à l’issue de la conquête fasciste de l’Espagne par le dictateur Franco, c’est tout naturellement dans le sud-ouest qu’une grande partie des déracinés espagnols s’est installée. Evidemment, le XXe siècle intervient après deux siècles d’affirmation des nationalismes en Europe et le racisme et le rejet par les populations locales ne doivent pas être passés sous silence (italiens et polonais en firent les frais auparavant, ultérieurement portugais, maghrébins et africains de la zone subsaharienne subiront à leur tour ces réactions viscérales et intolérables : européens ou trans-méditerranéens, le migrant a toujours subi le regard réprobateur et suspicieux de l’accueillant).

Oloron propose vendredi 18 mars des Ciné-Rencontres autour du traumatisme né de la Guerre Civile espagnole, (de cette fracture sociale encore bien visible aujourd’hui puisque plus que jamais coexistent deux Espagne irréconciliables) sous l’angle particulier du cinéma espagnol (source : http://www.sudouest.fr/2016/03/10/cine-rencontres-autour-de-l-histoire-espagnole-2296463-4321.php) :

Ciné-rencontres autour de l’histoire espagnole

La représentante de la Ville, A. Etchenique, P.-L. Giannerini de Trait d’union et l’équipe du Luxor, dont Florent Paris, tous rassemblés pour porter la 3e édition espagnole du festival.
La représentante de la Ville, A. Etchenique, P.-L. Giannerini de Trait d’union et l’équipe du Luxor, dont Florent Paris, tous rassemblés pour porter la 3e édition espagnole du festival. ©

Photo T. S.

La troisième édition du festival autour de la guerre civile et de la dictature espagnole débute vendredi 18 mars. Tour d’horizon de la programmation.

thibault seurin

oloron@sudouest.fr

Guerre civile et dictature en Espagne. Plus qu’un sujet historique, cette période pas si lointaine résonne toujours dans les histoires familiales de notre territoire transfrontalier.

« Oloron est, avec Toulouse, la ville qui a accueilli le plus d’Espagnols », rappelle Pierre-Louis Giannerini, de l’association Trait d’union, qui co-organise ces Ciné-rencontres avec Le Luxor et la municipalité. Vieux de quatre ans, le festival est centré pour la troisième année consécutive sur la thématique de cette histoire ibérique. « Beaucoup d’Espanols sont arrivés en masse au début du XXe siècle, mais également en 1939, poursuit Pierre-Louis Giannerini. Le maire de l’époque, Jean Mendiondou, a tout fait – avec le sous-préfet – pour que ces réfugiés restent ici. »

Justement, le film en ouverture de cette troisième édition démarre en 1939, date à laquelle le gratin des communistes espagnols rejoint l’URSS. Mais une fois la guerre achevée, nombreux voudront retrouver leurs terres. « Los Olvidados » de Karaganda raconte leur histoire.

Un début de réconciliation

« C’est notamment le cas de marins, qui assuraient la liaison Odessa – Barcelone, explique Pierre-Louis Giannerini. En 1945, certains se sont retrouvés à Barcelone, d’autres, moins chanceux, étaient bloqués à Odessa. Car l’État soviétique ne voulait pas que ces anciens combattants rentrent chez eux. Cela risquait de jeter le doute sur la réussite du modèle soviétique. » Plusieurs centaines sont envoyés au goulag, notamment au Kazakhstan, dans le camp de Karaganda. Grâce à l’ouverture des archives, l’historienne Luiza Lordache a pu reconstituer le passé de 152 prisonniers espagnols.

Un ouvrage sur les Cascarots/Kaskarots (population marginale de la côte basque assimilée à tort aux cagots) récemment sorti développe une hypothèse plutôt audacieuse sur leur origine : les Cascarots seraient ni plus ni moins que les descendants des morisques expulsés d’Espagne entre le XVI et le XVIIe siècle… Exit l’hypothèse communément admise par les historiens selon laquelle les Cascarots descendaient de bohémiens venus s’installer dans cette partie du Pays Basque, balayant tout « mystère » autour de cette question. Le quotidien Sud Ouest revient sur cette étonnante révélation (source : http://www.sudouest.fr/2016/03/11/un-ouvrage-eclaircit-le-mystere-des-cascarots-2297390-4099.php) :

Saint-Jean-de-Luz : un ouvrage éclaircit le mystère des Cascarots

Jacques Sales et son ouvrage, devant le clocher atypique de Ciboure, où se devine l’influence des Morisques.
Jacques Sales et son ouvrage, devant le clocher atypique de Ciboure, où se devine l’influence des Morisques. ©

photo S. L.

Jacques Sales a rédigé un livre qui entend mettre un terme aux supputations sur les origines de cette mystérieuse communauté

sylvain lapique

saintjeandeluz@sudouest.fr

On a tout dit et tout écrit sur les Cascarots. Qu’ils étaient des Cagots, des Bohémiens, des indigents de petite vertu ou encore… des Cathares ! Dans une très sérieuse encyclopédie, on peut même lire en face de « Cascarots » : « Nom donné aux pêcheurs de Ciboure ». Ni plus ni moins.

Jacques Sales a décidé de siffler la fin de la récré. Dans son ouvrage « étude sur les Cascarots de Ciboure », l’historien amateur se livre à une démonstration étayée sur les origines de cette mystérieuse population, dont le souvenir hante encore la mémoire collective des habitants de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure. « J’aime la recherche et je voulais en finir avec les idées toutes faites, lance-t-il. Certaines théories ne tiennent pas la route, mais se propagent malgré tout, car on vit dans un monde de copié-collé. Or comme dit le proverbe : mille fois répété n’est pas vérité. »

Des Morisques aux Cascarots

Jacques Sales a donc mis de côté les a priori pour replonger dans les textes. Les archives de la Casa Velazquez de Madrid, les travaux des chercheurs espagnols, la généalogie cibourienne, la correspondance et la littérature de l’époque… Et selon lui, le doute n’est plus permis : les Cascarots étaient bien des Morisques, ces maures convertis au catholicisme en Espagne et chassés de la péninsule au tournant des XVIe et XVIIe siècles.

Selon les estimations, entre 500 000 et 900 000 Morisques auraient quitté l’Espagne entre 1520 et 1614, au gré des ordonnances des royaumes d’Espagne. Certains par le Nord-Est et la Catalogne, pour regagner le Maghreb via les ports français d’Agde et Marseille. D’autres par la Navarre pour passer les cols pyrénéens, sous l’influence notamment d’Henri IV – « l’Angela Merkel de l’époque », sourit Jacques Sales -, qui leur a ouvert les portes de son royaume, non sans arrière-pensées militaires et diplomatiques.

En 1610, on en dénombre 3 000 entre Saint-Jean-de-Luz et Ciboure. Ce sont eux, puis leurs descendants, que l’on nommera Cascarots à partir du XVIIIe siècle.

Abel Hugo, le frère de « l’autre », écrit d’ailleurs en 1813 dans « La France pittoresque » : « On trouve dans le Pays basque une race d’hommes que les habitants considèrent comme descendants des Sarrasins, et qu’ils désignent sous les noms de Agotac et Cascarotac. En les examinant de près, on distingue dans leur physionomie les caractères un peu affaiblis du sang africain ; ils ont même gardé quelques coutumes étrangères. »

Notamment une curieuse danse avec grelots et bâtons, au son d’une flûte à trois trous et d’un tambour joués simultanément par un même musicien. Toute ressemblance est bien évidemment fortuite…

Identité perdue

à travers le destin de cette communauté, Jacques Sales aborde la grande question de l’assimilation, avec ce qu’elle comporte d’identités perçues et d’identités perdues. Il déconstruit les amalgames, raccourcis et fantasmes qui se sont installés au fil des siècles dans l’imaginaire collectif, jusqu’à entraîner la confusion actuelle.

On a d’abord pris les Cascarots pour des Cagots, car ils appartenaient de fait à la marge de la société. Puis pour des Bohémiens, car ils se sont longtemps fait passer pour des membres de cette communauté afin d’échapper aux persécutions des autorités espagnoles. On les a résumés, enfin, à une vision romantique de femmes à la beauté sauvage, charriant les paniers de poissons frais entre les ports et les marchés de la côte, tout en vendant leurs charmes à l’occasion… « Aujourd’hui, certains Cibouriens se revendiquent Cascarots uniquement parce que l’un de leurs ancêtres était pêcheur, sourit Jacques Sales. Mais s’il est vrai que beaucoup ont trouvé de petits boulots dans la pêche, d’autres étaient charpentiers, artisans et même, pour ceux qui sont arrivés avec de l’argent, capitaines de navire… »

Environ 300 Morisques ont ainsi fait souche à Ciboure, se mariant au fil des siècles à des Basques ou des Gascons, adoptant les coutumes et la langue locales, jusqu’à en égarer leur identité propre.

Une identité que Jacques Sales leur rend aujourd’hui avec un malin plaisir.

« étude sur les Cascarots de Ciboure », de Jacques Sales, 62 pages, 16 euros. Disponible sur les plateformes Internet de vente en ligne, à la librairie Louis-XIV de Saint-Jean-de-Luz et en libre consultation dans les bibliothèques de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure.

 

Une très bonne nouvelle : les archives municipales de Bordeaux rouvrent enfin ! Le quotidien Sud Ouest consacré un article à cet évènement (source : http://www.sudouest.fr/2016/03/10/les-archives-ouvrent-en-plus-grand-2296628-2780.php) :

Des archives désormais à l’échelle de Bordeaux Métropole

Le bâtiment principal a pris la place des magasins généraux de la compagnie Paris-Orléans.
Le bâtiment principal a pris la place des magasins généraux de la compagnie Paris-Orléans. ©

photo philippe taris

Après plus d’un an de fermeture et un déménagement, les archives municipales et même métropolitaines rouvrent au public vendredi matin dans un bâtiment neuf.

Les généalogistes, historiens et autres chercheurs sevrés de vieux papiers depuis la fermeture des archives municipales rue du Loup, à Bordeaux, n’auront pas attendu pour rien. Le nouveau bâtiment de La Bastide, qui ouvrira demain vendredi à 9 h 30, n’a plus rien à voir avec le vénérable hôtel de Ragueneau (1) et son plancher XVIIe qui grinçait.

La vieille salle de lecture.© Photo arch. q. s.

Ici, rue de la Rotonde, aux avant-postes de la ZAC Bastide-Niel, cap sur la modernité. Surtout, c’est fou ce qu’il y a comme place. 40 chaises et tables rien que pour la salle de lecture tout en longueur quand, rue du Loup, on se marchait sur les pieds à 25. Les chercheurs auront vue sur les quatre niveaux de magasins de documents historiques, bien à l’abri dans leur coffre de béton moderne. Au moins, ça ne risque pas de grincer.

Frédéric Laux et Frédéric de Vylder étrennent la nouvelle salle de lecture, avec vue sur les magasins d’un côté et sur la cour de l’autre.© Photo photo philippe taris

La lumière entre côté cour, où, authenticité historique oblige, l’architecte Frédéric de Vylder (agence Robbrecht en Daem) a tenu à conserver les pavés et les rails de l’ancienne halle des magasins généraux construite en 1852 pour la compagnie de chemin de fer Paris-Orléans. À ceci près que le bâtiment originel a brûlé en 2008, ne laissant que les murs. Il a fallu tout reconstruire.

De quoi voir venir

Dont les fameux magasins. Il y en a 19 exactement, organisés en silos selon la nature des documents : fonds privés, fonds anciens depuis le XIIe siècle , imprimés et enfin archives contemporaines depuis 1947. Température et hygrométrie s’affichent à chaque porte. « Idéalement, il doit faire 18 degrés et 55 % d’humidité », détaille le directeur Frédéric Laux, conservateur en chef du patrimoine.

Les couloirs des magasins.© Photo photo archives quentin salinier

À l’intérieur, de nouvelles portes façon coffre-fort et des étagères chargées de milliers de boîtes à archives réglementaires. Au point que la charge utile est ici de 1 300 kilos au mètre carré contre… 200 pour un appartement normal. Évidemment, les petites boîtes noires ne sont pas arrivées là en deux temps trois mouvements. Frédéric Laux est bien placé pour le savoir : « Il a fallu trois mois pour tout déménager avec une noria de camions mais bien plus pour reconditionner auparavant tous les documents selon les normes les plus modernes. Ainsi que la loi nous y oblige, nous avons également assuré le récolement, autrement dit le recensement de chaque document avant et après. »

À l’arrivée, il ne manquait rien, merci, mais ces opérations successives expliquent qu’il ait fallu un an et trois mois pour franchir la Garonne.

Il a fallu un an et demi pour tout déménager.© Photo archives quentin salinier

Le prochain déménagement n’est pas pour tout de suite : le règlement de conservation des archives oblige les collectivités concernées à avoir suffisamment de réserve foncière pour pouvoir y construire un bâtiment de même dimension que celui qui arriverait à saturation. Le terrain existe, juste à côté des archives neuves. De quoi voir venir…

De nouveaux publics

Le nouvel équipement n’est pas seulement voué à la conservation des registres, actes officiels, affiches, journaux, plans, images, maquettes et autres documents en tous genres produits à Bordeaux. « L’enjeu est aussi de désacraliser l’institution et de se tourner vers de nouveaux publics », résume Frédéric de Vylder.

La surface accueillant le public a été multipliée par 10 pour atteindre 1 000 mètres carrés.

La surface accueillant le public a été multipliée par 10 pour atteindre 1 000 mètres carrés. Le bâtiment principal s’accompagne en effet d’une « annexe » sur deux niveaux qui sert d’entrée et où les scolaires et les autres pourront participer à des ateliers numériques ou historiques et où des conférences seront programmées dans une salle de 100 personnes. À l’opposé de la salle de lecture, la salle d’exposition accueille déjà un parcours consacré à 800 ans d’archives qui racontent aussi 800 ans d’histoire de la ville et tout cela est gratuit.

Quant au parvis, il est grand ouvert et les habitants du futur quartier Bastide-Niel auront accès aux bancs et au jardin.

La glycine originale a été bouturée sur le parvis.© Photo photo philippe taris

À propos de jardin, la canopée sera bientôt recouverte de chèvrefeuille et de glycine. Indispensable glycine, dont les boutures viennent de l’arbre historique de la rue du Loup. Comme un trait d’union supplémentaire entre passé et présent.

(1) La Ville a décidé depuis de vendre l’hôtel de Ragueneau.

Les archives municipales deviennent celles de Bordeaux Métropole

Depuis le 1er mars, les archives municipales sont celles de Bordeaux Métropole. Le service sera désormais commun à toutes les communes de la Métropole, ce qui n’avait pas été prévu au moment où le déménagement a été décidé. Pessac et Bruges ont adhéré les premières à la convention mise en place.

C’est ainsi que le kilomètre de documents pessacais et les 500 mètres de documents de Bruges rejoindront bientôt la rive droite. À terme, le nouveau bâtiment de La Bastide accueillera une trentaine d’agents.

Quant aux archives de l’ancienne CUB, elles sont conservées avenue du Docteur-Schinazi, à Bacalan, dans un entrepôt suffisamment spacieux. S’agissant de documents essentiellement administratifs, ceux-ci sont peu fréquemment demandés mais peuvent être communiqués à La Bastide sur commande.

Par ailleurs, les archives accueillent également la Mémoire de Bordeaux, jusqu’ici hébergée au musée d’Aquitaine et ses 400 mètres de documents essentiellement consacrés à la période Chaban.

Les archives en chiffres

13 kilomètres d’archives sont conservés dans le nouveau bâtiment qui peut en accueillir cinq de plus en attendant un futur bâtiment supplémentaire.

14,5 C’est en millions d’euros, le coût de la construction dont 12,6 millions pour la Ville de Bordeaux, le reste venant de l’État et de la Région.

40 C’est le nombre de places de la salle de lecture. La salle de conférences en comptera 100.

260 000 pages d’archives, en particulier l’état-civil, sont d’ores et déjà numérisées et pour la plupart accessibles sur le site www.archives.bordeaux.fr

La monographie tant attendue sur la cité de Saint-Emilion (33) à l’époque médiévale va sortir. Et comme il se doit, jusqu’au 22 avril, son prix est de 24,50€ au lieu de 29 ! BON DE SOUSCRIPTION ICI
Plus d’infos sur l’ouvrage (infos éditeur) :
couvSaintEmilionWEB

Saint-Émilion
Une ville et son habitat médiéval
(XIIe-XVe siècles)

Service du Patrimoine et de l’Inventaire
Région Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes.

Par un collectif d’historiens, historiens d’art et archéologues : David Souny, Agnès Marin, Pierre Garrigou Grandchamp, Frédéric Boutoulle
Avec la collaboration de : Pierre Régaldo-Saint Blancard et Anne-Laure Napoléone
Photographe : Adrienne Barroche
Dessinateur : Lionel Duigou

Collection Cahiers du patrimoine
324 pages, 349 illustrations
Grand format : 21 x 27 cm
Couverture cartonnée avec jaquette

Si la renommée de Saint-Émilion s’est fondée sur la réputation de ses vins, sur la qualité de ses paysages et sur ses monuments religieux, un patrimoine plus discret et tout aussi remarquable demeure méconnu : le bâti civil et l’architecture domestique de la cité médiévale. Il suffit pourtant d’une simple déambulation pour percevoir ici et là, au détour des rues et des escaliers de la ville, des vestiges d’habitations datant du Moyen Âge, dont la densité ne laisse pas de surprendre.
Fruit d’un travail collectif associant historiens, historiens d’art et archéologues, l’ouvrage révèle cette architecture en la replaçant dans son contexte urbain médiéval. La diffusion des équipements d’hygiène et de confort étonne, comme les preuves d’équipements collectifs de drainage et d’assainissement. Au delà de la compréhension de l’architecture civile, c’est tout le quotidien des Saint-Émilionnais du Moyen Âge et leur cadre de vie parfois raffiné qui se révèlent aux lecteurs.
La forte concentration de ces vestiges sur les XIIe et XIIIe siècles met en lumière l’apogée d’une ville dont tout indique qu’elle avait alors atteint, au terme d’une forte croissance démographique et économique, la deuxième place dans la hiérarchie urbaine du Bordelais.

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