La cathédrale de Lecture et son contexte d’implantation antique ont les honneurs du quotidien Sud-Ouest. L’avantage de l’été est que la presse régionale prend le temps de publier des chroniques patrimoniales ou historiques, parfois de qualité (surtout quand les articles sont signés par des spécialistes et non des stagiaires qui font ce qu’ils peuvent).

Voici l’article en question (source : http://www.sudouest.fr/2014/08/11/un-tresor-sous-le-choeur-1638633-2277.php) :

Cathédrale de Lectoure : un trésor sous le chœur

patrimoine Chaque lundi durant l’été, les grands sites du Gers dévoilent un pan méconnu de leur histoire. Pour découvrir les autres secrets des pierres, rendez-vous sur place… Aujourd’hui, la cathédrale de Lectoure. Si l’édifice n’avait pas subi autant d’outrages, on n’aurait jamais découvert les tauroboles du IIe siècle

Cathédrale de Lectoure : un trésor sous le chœur
L’une des plus importantes collections d’autels taurolobiques au monde a été découverte sous le chœur de la cathédrale lors de travaux de reconstruction entrepris au XVIe siècle. © Photo

photo archives michel Amat

Du monument emblématique de Lectoure, il a bien failli ne rien rester ou presque. Si aujourd’hui elle continue de se dresser fièrement au milieu de la ville, d’abriter sur son parvis chaque dimanche après la messe, un fort sympathique apéritif offert par les paroissiens, de faire rouspéter les autochtones à la gorge fragile car il souffle toujours dans ses alentours immédiats, un vent fripon, et d’inspirer les peintres du dimanche, la cathédrale Saint-Gervais l’a échappé belle…Sachez tout d’abord que si on l’appelle communément ainsi, son nom complet est « cathédrale Saint-Gervais Saint-Protais », car elle est dédiée aux deux vertueux.

Vue imprenable

L’imposant monument mérite à lui seul le détour, ne serait-ce que pour admirer sa nef monumentale et son chœur, découvrir le musée d’Art sacré qui présente l’une des plus remarquables collections d’objets liturgiques, de reliquaires, d’images pieuses, de sépultures et de chasubles, ou grimper au sommet de son clocher qui offre, du haut de ses 45 mètres et de ses 240 marches, une vue imprenable sur la vallée du Gers et la chaîne des Pyrénées. Mais ce joyau d’histoire et d’architecture revient de loin. Car à la suite des démêlés tragiques de Jean V d’Armagnac avec le roi Louis XI, la ville fut assiégée, pillée et incendiée. La cathédrale, qui dans la partie est de la ville fait partie des fortifications et abritait ses derniers défenseurs, en prit particulièrement pour son grade, puisque la façade, le clocher et la nef furent en grande partie démolis. Pendant des mois, Lectoure incendiée, démolie, vidée de ses habitants, est une ville fantôme. Aux XVe et XVIe siècles, on remet peu à peu la cathédrale sur pieds, mais patatras, les guerres de religion fichent tous les efforts par terre, car les partisans de la religion réformée, qui sont maîtres de Lectoure, entreprennent alors de démolir méthodiquement les édifices religieux. La cathédrale, dont la reconstruction n’était pas terminée, voit ses voûtes abattues et le mur sud presque rasé…

Saint-Gervais Saint-Protais devra ensuite subir les dommages de la Révolution, durant laquelle on jette à bas du clocher les douze statues représentant les huit prophètes de l’Ancien Testament et les quatre évangélistes, tandis qu’on prend un malin plaisir à marteler les ornements du portail…

Une incroyable collection

Il n’est donc pas exagéré de dire que la cathédrale s’en sort bien ! Mais en fin de compte, si la vieille dame n’avait pas été ainsi outragée, on n’aurait sans doute jamais découvert lors des travaux de reconstruction du chœur de la cathédrale et dans les ruines de l’ancienne église Saint-Thomas qui l’avait précédée, la vingtaine d’autels tauroboliques en marbre, sculptés à l’effigie des taureaux sacrifiés, qui constituent aujourd’hui une des plus importantes collections au monde.

Une fois que vous aurez quitté la cathédrale, prenez donc à gauche et courrez au musée Eugène-Camoreyt. C’est pour l’essentiel un musée lapidaire et archéologique qui regroupe des vestiges préhistoriques, gaulois, gallo-romains et en particulier les fameux autels tauroboliques, preuve que bien avant l’édification de la cathédrale, les cultes avaient déjà trouvé leur lieu de prédilection pour leur pratique

Le Nouvel Obs examine la Dune du Pilat dans une chronique. Petite précision toponymique, car il devient lassant de lire des commentaires de bas d’articles énervés aussitôt qu’il est écrit Pilat et non Pyla et traitant les journalistes d’ignares parce qu’ils écrivent Pilat : la BONNE orthographe est PILAT, c’est à dire le tas en gascon, sous entendu le tas de sable. PYLA est une graphie fantaisiste inventée à l’occasion de la fondation de la station balnéaire du même nom, le Pyla-sur-Mer au début du XXe siècle.

Voici donc l’article en question (source : http://tempsreel.nouvelobs.com/planete/20140627.OBS2037/les-tresors-ensevelis-de-la-dune-du-pilat.html) :

Les trésors ensevelis de la dune du Pilat

Cédric Cousseau

Blockhaus, nécropole de l’âge du fer… Le monument de sable n’a pas fini de livrer ses secrets. De nombreux chercheurs tentent de percer ses mystères. Reportage.

Sur la dune du Pilat, le vent est constant et la dune en perpétuel mouvement. L'érosion met ainsi au jour plusieurs découvertes. (Cédric Cousseau - Le Nouvel Observateur)
Sur la dune du Pilat, le vent est constant et la dune en perpétuel mouvement. L’érosion met ainsi au jour plusieurs découvertes. (Cédric Cousseau – Le Nouvel Observateur)

Les photos prises en début d’année par Jean Lannes témoignent d’un hiver comme il en a rarement vu. « La dune du Pilat, comme tout le littoral, a subi une météo épouvantable avec une succession de tempêtes qui n’en finissaient plus », se rappelle le « raconteur de pays », comme il se définit.

Il est la mémoire du bassin d’Arcachon et partage son amour du site avec les touristes qu’il guide jusqu’au coucher du soleil. L’homme, coiffé d’un béret, tourne les pages de son classeur rouge vif. Il y a compilé ses clichés personnels, une pléiade de schémas et de coupures de presse soigneusement datées : le journal intime de la plus haute dune d’Europe, espace protégé et premier site touristique de la région.

Jean Lannes nous a donné rendez-vous sur la crête, là où le grand escalier prend fin pour offrir un panoramique grandiose : 360 degrés de nature. D’un côté, la forêt de pins, de l’autre, les eaux turquoise de l’océan. Tout autour, une masse de sable de 60 millions de mètres cubes.

Jean Lannes sur la crête de la dune du Pilat

L’érosion plus forte que les blockhaus

Notre guide pointe les facteurs qui se sont associés pour la pilonner : des vents atteignant 100 km/h, de hautes vagues et de forts coefficients de marée. Le tout asséné encore et encore durant l’hiver. De plein fouet. Autant de Blitzkrieg venues des airs et de l’océan.

Les blockhaus allemands construits sur la dune ont d’ailleurs poursuivi leur inexorable chute vers la plage. Mastodontes de béton tombant à la verticale, ils constituent un indicateur particulièrement visuel de la migration du sable.

Ils rejoindront un jour ceux gisant plus au sud par 15 mètres de fond, à 200 mètres de la dune actuelle, soit la distance de son recul en près de soixante-dix ans », poursuit Jean Lannes.

La dune a reculé de 10 mètres

Après les affres des tempêtes, la nature panse ses plaies. Mais il faudra du temps. Depuis le printemps, le sable parti au large, à 50 voire 100 mètres, est rapporté progressivement par les vagues. Celui transporté en hauteur par le vent redescend sous l’effet de l’air et de la gravité. La plage s’engraisse à nouveau.

Toutefois, il n’est pas certain que l’équilibre entre recul et avancée du trait de côte – ou du pied de la dune – se réalise avant l’hiver prochain, ni qu’il se vérifie sur l’ensemble du site. Le monument naturel est en perpétuel mouvement. Les relevés font état d’un recul de dix mètres et d’un affaissement de la plage de plusieurs dizaines de centimètres.

Opération de génie végétal

« L’impact des tempêtes sur la dune est exceptionnel, plus grave encore qu’après Xynthia en 2010, affirme Fabrice Sin de l’Office national des forêts (ONF), responsable aquitain du pôle environnement. Notre préoccupation est la disparition de l’avant-dune et de ses plantes qui servent d’amortisseurs à l’érosion. »

Engagés dans une vaste opération de génie végétal, les agents de l’ONF tentent à présent de stabiliser la dune. L’Office, qui gère 180 des 220 km du littoral girondin, est un acteur clé tant la forêt est indissociable du milieu dunaire. « Notre intervention consiste à reconstituer le stock sableux. Des opérations ont été menées au printemps pour piéger et accumuler le sédiment en couvrant la dune de branchages, de genêts, de barrières brise-vent. Elles seront répétées après l’été. »

Il s’agira également de planter de nouvelles boutures pour reconstituer l’écosystème fragilisé : l’oyat, une espèce endémique, l’armoise ou le chiendent des sables. L’action doit être chirurgicale et non esthétique, car trop intervenir risquerait de transformer la dune en site artificiel.

Des drones pour traquer la dune

Afin de quantifier le mouvement de la dune, Julie Mugica du Bureau de recherches géologiques et minières, quadrille le site – une zone de 2.700 mètres de long, 500 m de large et 110 m de hauteur – réalisant une campagne annuelle de mesures par satellite.

Les données permettront d’établir d’ici à quelques mois un bilan des cinq dernières années. Pour la première fois, le BRGM est également aidé cette année par des géomètres experts qui testent un nouvel outil : le drone. Julie Mugica est impatiente de recueillir leurs images. En jeu : une modélisation plus précise de la dune et une vision de son déplacement en 3D.

« Ces images permettront aussi de confirmer notre hypothèse selon laquelle la limite de la dune avec la forêt progresse plus vite que le trait de côte. » Autrement dit, le site s’étend sur les terres. Une simulation à l’horizon 2100 représente ainsi la route et les campings sous le sable. « Ces derniers perdent déjà cinq à dix emplacements par an, reprend Jean Lannes. Mais les campings font de la résistance, il y a un déni absolu. C’est la rentabilité d’abord, en satisfaisant les clients qui veulent être situés au plus près de la plage. »

Les paléosols, pierres et boules de cristal

Sur la plage, signe que les blessures infligées à la nature n’ont pas cicatrisé, le sable n’a pas totalement recouvert le premier paléosol, vieux de 4 000 ans, mis à nu au cours de l’hiver. Des blocs découpés par les tempêtes jonchent le sable, à ne pas confondre avec des galettes de pétrole. Ce paléosol est constitué d’un grès, l’alios, recouvrant une tourbe agglomérant du sable à des matières organiques (souches d’arbre, pollens…). Une pépite.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les paléosols constituent le carnet de santé de la dune, avec sa courbe de croissance. On en dénombre quatre principaux jusqu’au sommet, visibles à l’œil nu grâce aux cassures noirâtres. Plus on grimpe et plus on remonte le temps jusqu’à nos jours. Les strates marquent les grandes étapes d’édification de la dune et permettent de comprendre comment les épisodes climatiques ont influé sur sa morphologie et son développement.

Julie Mugica tient en main un paléosol vieux de plus de 3.000 ans

Ces morceaux de roche que vous n’oserez plus balayer d’un revers de tong peuvent aussi servir de boule de cristal. Car interpréter le passé permet d’anticiper l’avenir. Des modèles sont ainsi conceptualisés par ordinateur pour aider les gestionnaires à aménager la dune.

« Nous établissons des scénarios, reprend Julie Mugica du BRGM. Il s’agit d’imaginer le comportement de la dune en jouant sur différents facteurs : le régime des vagues, les courants, la hausse du niveau de la mer, la vitesse et la direction des vents, le creusement du chenal, l’installation d’un nouvel ouvrage… On reproduit des lois physiques. »

Un village sous la dune ?

Autre trésor un peu plus haut, au niveau du deuxième paléosol, daté entre le VIIIe et VIe siècle avant J.-C. : une urne d’une quinzaine de litres, découverte en décembre par un touriste de Limoges. Le sable dégagé par le vent a fait apparaître la première sépulture jamais trouvée dans ce musée à ciel ouvert, avec son couvercle et ses ossements finement calcinés.

L’absence d’oxygène, la pression du sable et la présence d’eau ont permis de conserver le réceptacle. Et le promeneur a eu le bon geste : signaler la trouvaille à la mairie sans la déplacer, évitant ainsi de la soustraire à son époque (le paléosol servant d’échelle de temps) et à son environnement où d’autres vestiges pourraient être découverts.

L’objet a été étudié par Philippe Jacques, archéologue et professeur en sciences de l’ingénierie à Agen. Ce fin connaisseur de la dune recueille et examine les objets qu’elle libère depuis 1979. « L’urne est une découverte cruciale. Nous sommes désormais à un moment décisif de nos recherches. »

L’urne découverte l’hiver dernier

En effet, le site où l’urne a été retrouvée peut être mis en relation avec deux autres de la même époque, identifiés en 2005 et 2006. Le premier met au jour des passoires en céramique pour la fabrication du fromage et des disques pour le travail de la laine. Il pourrait être un ancien espace d’élevage. Le second, qui a révélé des petits moules portés à ébullition, semble avoir été un atelier de production de sel.

« Mais une tombe ne constitue pas un cimetière, tempère Pierre Regaldo, du service régional d’archéologie. Le tout est maintenant de savoir si l’urne est isolée ou s’il en existe d’autres, et si une nécropole est présente sous le sable comme d’autres ont été découvertes dans les environs, à Salles, Mios et Biganos. Si tel était le cas, cela tendrait à affirmer que les trois sites à notre disposition pourraient n’en former qu’un, soit un village de l’âge du fer avec une répartition en quartiers et une occupation permanente. »

Pour le savoir, les scientifiques ne veulent pas se contenter du seul coup de pouce des tempêtes. Des fouilles plus importantes doivent être opérées, rendues difficiles par le fait qu’il faut creuser dans du sable. Et de préférence avant l’hiver prochain, avec sa météo agitée. « Car si le vent révèle des objets, il en déplace aussi tant d’autres, qui peuvent se briser sous un écroulement de sable ou être emportés au large par les vagues. Autant d’informations perdues à jamais », poursuit Philippe Jacques.

Philippe Jacques

En attendant, cet été, le deuxième paléosol est complètement recouvert de sable. Une chance en période d’afflux touristique. « Il s’agira ensuite de comprendre pourquoi des hommes se sont installés ici. Nous pensons qu’ils ont été attirés par les rivières, dont l’existence est attestée par les ondulations dessinées sur le paléosol, l’eau étant un élément de survie. Ces rivières se jetaient dans l’océan qu’il faut imaginer bien plus loin qu’aujourd’hui, à hauteur de l’actuelle pointe du cap Ferret. »

L’archéologue se trouve donc à la croisée des chemins, trente-deux ans après la découverte d’un premier tesson protohistorique sur la dune. « Je suis toujours autant ému en découvrant des objets et en fréquentant ces sols où d’autres ont vécu avant nous. Et je sais que les découvertes viendront. »

Textes et images : Cédric Cousseau 

Concernant la découverte d’une sépulture dans la Dune du Pilat, nous l’évoquions dans un de nos billets en avril dernier : http://clubdubalen.fr/blog/le-public-aquitain-decouvre-lage-du-fer/

Sud-Ouest nous propose une autre vision d’un des sites archéologiques majeurs de l’Aquitaine méridionale à travers le regard de sa propriétaire (source : http://www.sudouest.fr/2014/08/09/au-coeur-de-la-colli-ne-sacree-1637648-4389.php). Les grottes d’Isturitz et Oxocelhaya font l’objet d’une médiation de qualité en Préhistoire depuis quelques années, comparable à ce qui se fait en Dordogne ou en Lot-et-Garonne et qui fait largement défaut ailleurs dans le sud aquitain pour des sites de la même période.

Au cœur de la colline sacrée

Joëlle Darricau entretient une relation forte aux grottes d’Isturitz et Oxocelhaya, entre affection et souci de rigueur scientifique.

pierre penin

p.penin@sudouest.fr

Joëlle Darricau évoque les grottes d’Isturitz et Oxocelhaya avec autant d’affection, presque de tendresse, que de rigueur scientifique. Seule propriétaire de ce trésor archéologique, caché dans le ventre de la colline de Gaztelu (1), elle en est à la fois la gardienne, l’esprit et la promotrice. Une vie à son contact n’a fait qu’attiser sa passion pour l’endroit unique, à la fois connu et perpétuellement mystérieux. « Je considère la grotte comme un membre de la famille. »

Le plus ancien de ses aïeux, c’est certain. « On sait que la grotte a été occupée par des hommes préhistoriques depuis 80 000 ans », souligne Joëlle Darricau. Les spécialistes parlent de « super-site ». Nos lointains ancêtres s’y regroupaient depuis Néandertal, y échangeaient savoirs et matières premières. « On a retrouvé des séries d’objets sculptés, petits objets d’arts déjà très fins qui nous laissent admiratifs. » Et la dame de Gaztelu de fracasser l’image du sauvage hirsute de la représentation populaire.

« C’est vertigineux »

Son grand-père, André Darricau, a dès 1912 l’intuition qui fera basculer l’histoire des grottes et de la famille. « Il pressentait une richesse préhistorique. Il a le premier fait venir des archéologues. » Les scientifiques vérifient la justesse de l’inspiration d’André Darricau. En 1953, celui-ci obtient le classement des grottes par les Monuments historiques. « C’était un précurseur. Moi, en 1996, j’ai fait classer à l’inventaire des Monuments l’ensemble de la colline de Gaztelu. »

Dès lors, Le Service régional d’archéologie entend percer tous les secrets des lieux. Pas si simple. Les connaissances s’accumulent, mais ne cessent d’ouvrir d’autres voies d’exploration et analyse. « Plus on en sait, moins on en sait », résume Joëlle Darricau. « Les techniques nouvelles apparaissent, comme l’étude de l’ADN, le scanner, les neurosciences et cela conduit à d’autres pistes. C’est vertigineux. Et fascinant. »

« Colline sacrée »

Jean Clottes, « le pape de l’archéologie », considère Gaztelu comme « une petite colline sacrée de la planète ». Sa propriétaire aime cette définition du grand ponte. Elle traduit le respect de Joëlle Darricau qui veille absolument à préserver un certain esprit dans la gestion et l’ouverture au public des grottes. Ne comptez pas sur elle pour y installer des mannequins d’hommes préhistoriques, par exemple. « On en fait une projection dont on ne sait pas la réalité scientifique. C’est non. » Pas d’approximation ou de fantaisie en ces lieux, elle y veille.

Pas non plus d’investigation prétexte. « On ne fouille que pour répondre à des questions scientifiques. Sinon, on laisse les choses en place. » Il ne faut pas confondre pareille rigueur avec quelque austérité rasoir. La maîtresse des lieux ne refuse pas d’approcher Isturitz et Oxocelhaya par des voies décalées. On a pu écouter dans les cavités un concert intitulé « Aspaldian », composé par François Rosset, pour huit flûtes préhistoriques. Des instruments reconstitués, notamment pas le musicien Mixel Etxekopar, à partir de vestiges retrouvés dans la grotte.

« Entourloupettes »

« Ce type d’animation a du sens. C’est une manière de faire vivre les lieux dans le respect de leur nature originelle. C’était un lieu d’échange, ça l’est encore. On y échange du savoir. » Une connaissance de portée universelle. « C’est l’histoire de nos origines. » Joëlle Darricau en est dépositaire. Et elle la transmettra à son tour. « Mes enfants font partie de la SARL des grottes et participent aux décisions. Ils élèvent leurs propres enfants dans une certaine éthique. »

Disons une approche non mercantile, soucieuse d’un équilibre entre ouverture et rigueur. Respectueuse de « cette arrière-grand-mère qu’est la grotte ». La vieille dame demande des soins subtils, mais a son caractère. « Elle fait parfois des entourloupettes et se dérobe à qui n’arrive pas avec humilité et amour ». Ainsi de ce chœur aux gros sabots, pour le concert des 50 ans du site. La grotte ne permit jamais au son de circuler. « Je leur avais bien dit de venir avant, pour travailler et l’apprivoiser. Ils auraient dû m’écouter… »

(1) La colline de Gaztelu se situe à la croisée des communes d’Isturitz et Saint-Martin d’Arberoue.

Une histoire étonnante de la forêt landaise pendant la Grande Guerre est à l’honneur dans le quotidien Sud-Ouest ce jour (source : http://www.sudouest.fr/2014/08/02/du-pin-pour-les-trancheesune-exposition-et-un-opuscule-1631404-3452.php) :

Du pin pour les tranchées : une exposition et un opuscule

Dès 1917, des milliers de bûcherons du 20e régiment du génie américain ont exploité la forêt landaise

Du pin pour les tranchéesUne exposition et un opuscule
Une scierie du 20e régiment du génie forestier américain implantée dans la forêt landaise. © Photo

Photo Archives numérisée par Michel Boquet

C‘est une histoire méconnue et pour cause : il n’y a aucune archive landaise ou française qui concerne l’épopée de ces milliers de bûcherons d’Amérique du Nord – Canadiens ou Américains – venus exploiter nos forêts pour alimenter en bois d’œuvre les tranchées et traverses, les chemins de fer ou les ponts durant la Grande Guerre. Et pourtant, le 20e régiment du génie américain fut la plus grande unité de l’histoire, et l’opération de bûcheronnage de l’armée américaine une des plus grandes opérations militaires par son ampleur, avec Panama, en ce début de XXe siècle.Dans le sillage du travail qu’ils ont réalisé à l’occasion du 85e anniversaire de la traversée de l’Atlantique nord par un équipage français à bord de l’« Oiseau canari », le docteur Georges Cassagne et son gendre Michel Boquet ont retrouvé aux États-Unis un grand nombre d’archives. À commencer par le journal des bûcherons du 20e génie forestier écrit en anglais et en français avec un titre évocateur : « Jusqu’au bout ».

Une armée de bûcherons

Michel Bocquet a même chiné à Las Vegas une carte postale de vœux du Nouvel An 1918 adressée depuis Pontenx-les-Forges par le soldat forestier James Cassidy à un ami dans l’Oregon. Ils furent jusqu’à 20 000 enrôlés pour leurs compétences dans les métiers de la filière bois. Certes, loin des combats, mais pas toujours du front pour ceux arrivés dans les Vosges et le Jura afin d’exercer une activité qui n’était pas faite « pour les cols blancs », comme le spécifiaient les annonces en Amérique. Venus de tous les États, 4 500 hommes ont été affectés dans près d’une trentaine de scieries montées par l’armée américaine dans les Landes. La majorité d’entre elles étaient situées dans le Born et en Haute Lande, commandées depuis Mimizan et Pontenx-les-Forges. Elles étaient dotées du matériel « high-tech » de l’époque : des métiers à scier très mobiles à ruban ou à scie circulaire d’un diamètre de plus d’1,2 mètre. Deux types de scieries ont été utilisés. La plus imposante avait une capacité de sciage de 20 000 pieds, soit 6 600 mètres en dix heures, servie par 240 hommes.

Elles étaient alimentées par la combustion des produits de délignage, les croûtes et la sciure qui produisaient également l’électricité indispensable à leur fonctionnement. Au total, en France, durant deux ans, plus de 185 millions de mètres de grumes ont été sciés, 225 000 tonnes de rondins produits et plus de 600 000 tonnes de chutes et bois de chauffage utilisés. Chaque unité s’efforçait de battre le record du régiment et, comme d’autres faits de guerre, leurs « exploits » étaient relatés dans le journal des armées américaines « Stars and Stripes ».

Sur l’eau ou sur les rails

À l’étang d’Aureilhan-Mimizan, les bois abattus sur la rive ouest étaient acheminés par flottage et remorqués par un bateau à moteur que le duc de Westminster, cousin du roi Georges V et ami de Winston Churchill, propriétaire de Woolsack, avait mis à disposition de l’armée américaine.

Sur l’autre rive, la scierie était implantée sur le domaine de Darricau, propriété de Roger Sargos, capitaine forestier mobilisé depuis le début de la guerre et qui a été l’un des fondateurs des papeteries de Gascogne. En période de basses eaux, il a même fallu creuser un chenal pour acheminer le bois au plus près.

Le transport des bois sciés vers le front était crucial. Aussi, les Américains ont construit 60 km de voies ferrées étroites, certaines déplacées, pour se raccorder au réseau landais. La gare de Pontenx disposait d’un quai de chargement de 160 mètres où s’amoncelaient des milliers de mètres cubes. Le trafic s’effectuait jour et nuit à destination de Labouheyre, puis de Bordeaux.

La population et les troupes

Des relations très courtoises se sont établies avec la population et les autorités locales, notamment lors des célébrations de l’Independance Day. Charles Balzer, né à Chicago, a épousé à Mimizan Marie Duverger, Aflons Durie et Hélène Bensacq se sont mariés à Pontenx, comme James Earl Baillie, originaire du Dakota du Sud, et Léonie Antoinette Dubrana, au bourg de Mimizan.

À la plage, le centre de commandement était installé dans la villa Sans Souci qui existe toujours. Le lever et le coucher du drapeau se faisaient au son de la fanfare militaire.

Les jours de repos, samedi et dimanche, les troupes organisaient des matchs de basket, de base-ball ou des combats de boxe.

Axel Frank

Histoire de bateau ce jour dans le quotidien Sud-Ouest (source : http://www.sudouest.fr/2014/07/28/l-histoire-sort-de-l-eau-1626693-3921.php) :

L’histoire sort de l’eau

L’historien Andoni Etxarri fait découvrir le florissant passé maritime basque du côté de Pasajes.

L’histoire sort de l’eau
Les visiteurs pourront visiter le magnifique chantier naval du baleinier « San Juan ». © Photo

ARCHIVES P. DELOBEL

Andoni Etxarri est né à Hendaye. Son père est originaire de Pasajes, sa mère de Hondarribia. Depuis le 28 juin, il propose des visites guidées de Pasajes au départ d’Hendaye. Il suffit de le suivre pour découvrir le Pays basque maritime autrement. Suivez le guide.« Sud Ouest ». Quel est le ton de ces visites ?

Andoni Etxarri. Mon circuit ne sera pas bling-bling. Il est loin des orientalismes d’antan et du tourisme folklorique. Je souhaite juste faire découvrir l’histoire maritime du Pays basque.

Comment vous êtes-vous intéressé à ce passé ?

Né dans une famille de pêcheurs et charpentiers de marine, je me suis passionné très jeune pour notre patrimoine maritime. Un jour, lors d’une escale au Spitzberg, j’ai appris que Magdalena Bay abritait au XVIe siècle des marins basques.

Pasajes est le témoin de ce passé ?

L’unique rue de Pasaia Donibane est bordée de vieilles maisons du XVIe siècle. Son histoire est intimement liée à celle de la France. Pasajes a séduit Victor Hugo, a accueilli La Fayette et intéressé Napoléon Ier. Sa paroisse recèle un retable somptueux. À Pasajes, on faisait du commerce, on pêchait la morue et on chassait la baleine. Les chantiers navals et les métiers annexes se sont forcément développés sur place.

Il y a plusieurs Pasajes ?

Pasajes est partagé en trois : Donibane « Banda de Francia », Antxo qui devint un port de commerce avec l’arrivée du chemin de fer, San Pedro « Banda de España », situé sur la rive ouest du chenal qui forme le port naturel, est plus modeste mais il abrite aujourd’hui le centre culturel maritime Albaola.

Comment a été créé Albaola ?

Avec d’autres passionnés, nous avions ouvert à San Juan des ateliers de construction d’embarcations d’après des plans du XIXe siècle. Nous voulions réhabiliter ce patrimoine. Nous sommes partis faire un tour de l’Irlande à la voile et aviron sur notre trainière mythique Ameriketatik.

Aujourd’hui, qu’est devenu Albaola ?

Il est non seulement le centre culturel maritime le plus important du Pays basque, mais désormais un des plus remarquables d’Europe. Les recherches, doublées de la construction d’embarcations anciennes, ont permis de retrouver les gestes et techniques de nos ancêtres. Mais son impulsion a été donnée par le Canada. Au XVIe siècle, les pêcheurs basques chassaient la baleine et la morue sur les rivages canadiens et du Spitzberg. « Parcs Canada » a découvert l’épave du « San Juan », sombré à Red Bay en 1565.

Les archéologues ont remonté de l’eau glacée, pièce par pièce, les éléments du bateau. Albaola a complété leur travail en reconstruisant à l’identique la chaloupe baleinière de ce galion, avec laquelle nous avons mené une expédition épique sur le Saint-Laurent (au Québec) en 2006.

Et le San Juan ?

Les informations recueillies par les archéologues canadiens nous ont entraînés dans un projet utopique qui s’inscrit dans le cadre de « San Sebastien 2016, capitale européenne de la culture », celui de la construction d’une réplique du galion « San Juan ». Ce chantier unique au monde vient de démarrer et sera achevé en 2016. Mes visiteurs de Pasaia (Pasjes en basque, NDLR) en seront les témoins privilégiés.

Recueilli par Édith Anselme

Rendez-vous à Hendaye-gare à 8 h 30 pour un départ en Topo à 9 heures. Puis arrivée à Pasaia à 9 h 30 avec les visites, un repas sur place, et un retour prévu à 16 heures à Hendaye. 60 euros avec Topo, repas (à Pasajes) et retour en Topo. Andoni Etxarri : 06 07 18 05 83.