Félix Arnaudin (1844-1921), pudiquement qualifié de « folkloriste » dans les notices biographiques concernées à ce landais de Labouheyre magnifiquement ignoré par les dictionnaires nationaux (qui en revanche répertorient des sportifs aux biens éphémères carrières et à la valeur ajoutée pour le progrès d’une société proche de zéro) est en réalité tout autant voire davantage ethnologue, historien et photographe prolifique. C’est ce dernier aspect, un bien encombrant héritage au demeurant fait de milliers de plaques photographiques en verre, qui a justifié son entrée dans la désormais incontournable Base Joconde, base de données patrimoniale du Ministère de la Culture et de la Communication. Pour profiter pleinement de cela, rendez-vous sur cette page : http://www.culture.gouv.fr/documentation/joconde/fr/pres.htm et tapez dans le moteur de recherche « Arnaudin » en prenant garde de cliquer sur la sélection « avec image ».
Qu’y découvre-t-on? Bien plus que les seules photos de lande, de bergers ou de maisons, il y a aussi le patrimoine naturel, arbres, lagunes, bosquets de feuillus ou lointaines pinèdes. Il y a aussi ces vallées de ruisseaux ou rivières, dont le relief tranche avec l’absence d’accidents de terrain des photos de landes, à la ligne d’horizon impeccable, rectiligne. Il y a également ces bourgs, en pleine révolution industrielle, dont on ressent le frémissement utilitariste propre à ce temps de découverte du capitalisme forestier. Et surtout, il y a ces clichés de bâtiments disparus, moulins, maisons, granges, églises ou chapelles, que le photographe Joël Le Fur a parfois ressuscité le temps d’un livre consacré au travail d’Arnaudin
Nous exprimerons cependant un regret majeur : que ces photos ne bénéficient pas d’une taille plus importante dans leur mise en ligne, excluant ainsi toute possibilité d’examiner attentivement certains détails. Le travail de numérisation ayant été réalisé par le Musée d’Aquitaine, peut-être s’agit-il là d’une limite technique de la machine utilisée ou bien une contrainte imposée par les gestionnaires de la Base Joconde. Nous espérons au moins que ce n’est pas une bête histoire de droits de reproduction, ces images étant théoriquement dans le domaine public à présent, et leur enseignement, d’une certaine manière, universel (transformation des paysages, gens d’hier dans leur simplicité, travail désintéressé de l’auteur soucieux d’accorder une postérité à un terroir dénigré et à ses acteurs).
Bon voyage dans le temps!