Source : http://www.sudouest.fr/2016/07/06/gambetta-livre-ses-secrets-2425168-2780.php
Attention ! de source sûre, les allégations selon lesquelles des éléments de colonnes en marbre et des pilettes avaient été mis au jour ne reposent sur rien, pas plus bien évidemment que des enduits peints ne sont en terre cuite.
Bordeaux : les sous-sols de Gambetta livrent leurs secrets
Publié Mis à jour à parLes matériaux trouvés lors du diagnostic archéologique révèlent la présence de thermes romains, d’une construction médiévale et d’un large fossé pendant la Fronde.
Place Gambetta, les deux zones de sondage ont été rebouchées il y a quelques jours. Depuis mi-mai, en vue des prochains travaux d’aménagement, les archéologues de Bordeaux Métropole sondaient les sous-sols des jardins. Une première. Jamais les entrailles de ce lieu stratégique au cours de l’histoire de Bordeaux n’avaient été auscultées.
Les professionnels sont revenus dans les services d’archéologie préventive de la Métropole, situés à Bruges, avec de nombreux matériaux. Le travail est loin d’être terminé. Céramologue, anthrolopologue, numismate et conservatrice nettoient et auscultent pièces de céramique, cuivre, bronze ou pierre trouvées jusqu’à cinq mètres de profondeur.
Tout en restant prudents, Cécile Doulan qui dirigeait les opérations et le responsable du service Christophe Sireix peuvent déjà avancer plusieurs conclusions.
Colonnes de marbre
« Nous avons pu retrouver la couche naturelle à 4,50 m de profondeur. Un sol de mortier épais y repose dessus, avec un sous-sol », avancent-ils. Tout autour des placages et bases de colonne en marbre, des enduits peints en terre cuite et des pilettes (petits piliers en pierre) peuvent être rattachés à « des thermes romains », selon eux.
Cet établissement public, à l’intérieur de la ville, aurait eu une durée de vie assez longue. « Après le IIIe siècle, la place Gambetta est devenue un secteur hors les murs et a sûrement dû servir de carrière », estiment les deux archéologues. Plusieurs petites monnaies datant du IVe siècle ont été retrouvées.
Les professionnels se sont aussi intéressés à la période médiévale de la place. Le secteur était alors inclus dans le périmètre de la collégiale de Saint-Seurin. Plusieurs bâtiments ont été identifiés autour de la place mais jamais dessus. Entre 2 et 3 mètres de profondeur, les archéologues sont tombés sur une construction. « On ne s’y attendait pas, disent-ils. Les murs sont édifiés avec des techniques du XIVe siècle et des galets de l’Europe du Nord. »
Galets de l’Europe du Nord
Ces cailloux servaient à lester les bateaux qui repartaient du port de Bordeaux chargés de barriques de vin. « On retrouve ces galets dans les constructions médiévales bordelaises », précisent-ils.
Dans les siècles suivants, les deux sondages ont permis de mettre à jour la présence d’un large fossé d’une profondeur de 1 à 1,5 mètre et d’une largeur de 7 à 8 mètres. « Peut-être avait-il une fonction défensive pour protéger la ville pendant la Fronde », avancent les deux experts.
Le-dit fossé a aussi servi de dépotoir au vu des restes culinaires retrouvés en date du XVIIe siècle. Il a été petit à petit comblé par des apports de terre sous forme de talus.
Les premiers aménagements de la place Gambetta, par l’intendant Tourny, datent de 1740. Dans des couches supérieures, à 1,50 m de profondeur, des canalisations en terre cuite ont été retrouvées. « Sûrement servaient-elles à alimenter les bassins des jardins », précise Cécile Doulan.
Beaucoup de questions restent en suspens. L’étude des matériaux permettra sûrement d’en dire plus. La chef des opérations doit remettre son rapport cet automne. L’État décidera la prescription ou non de fouilles supplémentaires avant les grands travaux sur la place.
Un étrange squelette du moyen âge
À côté de la construction datant de l’époque médiévale, les archéologues sont tombés sur un étrange squelette. « Il s’agit d’un homme entre 20 et 29 ans, raconte l’anthropologue Hélène Réveillas. Cette découverte nous laisse penser à une inhumation plutôt qu’à une sépulture. »
Cet homme a une entrave métallique au poignet. Il lui manque des vertèbres cervicales et un morceau de fémur gauche. « La position de son corps laisse penser que cette partie de jambe a été coupée a posteriori. Peut-être s’agit-il d’une personne qui a été condamnée », poursuit-elle. Y’a-t-il un lien entre la construction et ces ossements ? « Nous ne le savons pas encore, précise la chercheuse. Nous devons d’abord déterminer l’âge du squelette. »