Pays basque : plongée vers un passé englouti
Une campagne archéologique vient de s’achever au large de la cité frontalière.
Une équipe de la Direction des recherches archéologiques sous-marine (Drassm) a enfin plongé dans les eaux hendayaises. Pendant une semaine, jusqu’à dimanche dernier, les plongeurs-archéologues de la Drassm ont fouillé et vérifié les sites sous-marins signalés dans les années 1990-2000.
Créée en 1966 par André Malraux, la Drassm, délocalisée à Marseille, relève du ministère de la Culture. Elle est compétente pour toutes les recherches archéologiques nécessitant le recours à la plongée. Son premier navire de recherche, «L’Archéonaute», a été remplacé, en 2012, par un nouveau bâtiment plus performant baptisé «André-Malraux». Il n’a pu venir cette fois-ci à Hendaye pour des problèmes d’équipage. «Ce n’est que partie remise. L’an prochain de nouvelles fouilles sont prévues», précise Christine Lima, archéologue. Du côté de Bayonne et de Saint-Jean-de-Luz.
Pour cette première campagne en eaux hendayaise, le club de plongée Urpean a donc mis son bateau à disposition de la Drassm et ses membres ont suivi avec passion les recherches et trouvailles des archéologues.
Dangereux briquets
Au large d’Abbadia, les marins et pêcheurs locaux redoutent une zone rocheuse particulièrement dangereuse connue sous le nom de «Briquets». Au XVIIIe siècle, il semblerait qu’une embarcation ait été en perdition sur ces écueils. «Ce n’était pas un bateau de pêche, peut-être une frégate de commerce d’environ 36 mètres. Deux ancres et un canon ont été retrouvés gisant à plat sur le sol rocheux. Nous aurons plus d’indices sur sa nationalité après des vérifications», annonce Christine Lima. Les deux ancres et le canon en fonte de 2,35 m ont été laissés sur place. «Le traitement a un coût, et ils se conserveront mieux. Quant à l’épave, elle a été déchiquetée.»
Les vestiges d’un cargo de commerce grec de 280 mètres de long datant de 1890-1918, ont été également localisés au nord des Briquets.
Du côté du cap du Figuier, les plongeurs d’Urpean ont repéré des ancres, peut-être appartenant au corsaire Pellot, mais il faut des autorisations des autorités maritimes espagnoles. À suivre.
Compassion et cupidité
Suscitant la compassion des populations côtières, ou générant bien au contraire leur cupidité, les naufragés font partie des légendes littorales et les épaves ont de tout temps alimenté de leurs bois la construction locale.
De nombreux itinéraires littoraux évoquent les naufrages et épaves célèbres et rappellent aussi la dangerosité des côtes et la diversité des trajectoires maritimes des bateaux et des équipages qui les ont sillonnés. Mais, rappellent les archéologues, «c’est à la protection des flots que nous devons à quelques chefs-d’œuvre de l’art antique d’être parvenus jusqu’à nous. Nous sommes toujours émus de retrouver des fragments d’amphores, des chaussures, des étuis à pipe.» Malheureusement, les pillages ne sont pas rares, les chasseurs de trésor bien équipés en matériel et embarcations, se jouent des autorisations diverses.
Le domaine d’intervention de la Drassm couvre plus de 10 000 km de côtes, dont 5 533 pour la métropole. Il s’étend du rivage jusqu’à 24 milles marins, soit un peu plus de 44 km.
Christine Lima reconnaît que, jusqu’à présent, l’Aquitaine avait été un peu délaissée. «Nous sommes 35 pour tout le littoral atlantique, mais depuis un an, nous nous partageons la tâche», précise-t-elle.
Article d’Edith Anselme, paru dans Sud Ouest le 03/07/13. Source : http://www.sudouest.fr/2013/07/03/un-passe-englouti-1103534-4171.php