Nous vous faisions part il y a peu de la destruction partielle d’une motte féodale à Pontenx-les-forges (40). Il semble que les dégradations se soient accrues à en croire un article paru dans le quotidien Sud Ouest le 26 février, incitant à la plus grande vigilance.

A la vue des photos, c’est moins l’état de la motte finalement qui est inquiétant, mais bien plus celui de la basse cour. Tout le monde semble s’émouvoir de la motte, alors que celle-ci n’est bien souvent qu’un symbole bien visible du pouvoir d’un seigneur local, en plus de servir de support à une structure érigée pour la surveillance. La motte des Albret à Labrit, par exemple, n’avait accueilli qu’une modeste construction en bois et pourtant, ce lignage était un des plus prestigieux de Gascogne. Une motte n’est qu’un élément d’un dispositif plus large appelé « château de terre ». La partie la plus importante d’un point de vue archéologique est la basse cour, c’est à dire l’esplanade dominée par la motte et entourée d’un système défensif rempart-fossé : c’est là que se situe le logis seigneurial. Certes, la motte frappe davantage les esprits car elle se voit, mais s’il faut être inquiet pour Pontenx, c’est moins pour elle que pour les abords durement remaniés par le passage d’engins forestiers dont les roues ont probablement atteint et dégradé les niveaux archéologiques.

Voici donc la suite de cette affaire (source : http://www.sudouest.fr/2016/02/26/pontenx-les-forges-40-la-motte-feodale-endommagee-cet-ete-sous-haute-surveillance-2284881-3489.php) :

Pontenx-les-Forges (40) : la motte féodale endommagée cet été sous haute surveillance

À gauche, la motte cet été. À droite, le même endroit en début de semaine.
À gauche, la motte cet été. À droite, le même endroit en début de semaine. ©

Violette Artaud et Sepanso

Des travaux forestiers ont été observés mercredi. La Sepanso alerte la préfecture. DDTM et mairie réagissent

Les services de la préfecture et la mairie de Pontenx-les-Forges ont pris très au sérieux une alerte lancée par la Fédération des associations de protection de la nature (Sepanso) au sujet de la reprise de travaux forestiers sur le secteur protégé de la motte féodale du Tuc de Monjat.

En décembre 2015, plusieurs non-respect de la réglementation avaient déjà officiellement été relevés par les agents du Programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC) d’Aquitaine. Et l’exploitant forestier, dont les employés avaient gravement endommagé ce patrimoine historique cet été, avait été suspendu par l’organisme certificateur PEFC.

Photo à l’appui, le président landais de la Sepanso, Georges Cingal, a donc averti la préfecture que des débardages consécutifs aux travaux de l’été avaient été effectués tout récemment. Problème : la période hivernale rend extrêmement fragile cette motte classée en zone Natura 2000 et à proximité directe d’un cours d’eau.

Travaux suspendus

Le maire, Jean-Marc Billac, a immédiatement réagi en signifiant à l’exploitant concerné (la SAS Gonzalès Bartholomé) que l’avis des services forestiers de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) et de la police de l’eau étaient impérativement nécessaires avant la reprise de ces activités.

« Que l’on porte atteinte à la forme d’une motte féodale classée monument historique n’est pas tolérable. Si des procédures sont engagées, la mairie se portera partie civile », réagissait cet été le même Jean-Marc Billac.

Le gérant de l’entreprise incriminée reconnaissait alors avoir commis une « erreur » en dépassant les limites de la parcelle de forêt qu’il était censé exploiter. « Les gars se sont plantés dans les plans », répondait-il texto.

Le quotidien Sud Ouest propose, à l’occasion de la réédition d’un classique, de revenir sur l’origine du béret. Il est quand même étrange de devoir tant s’écharper sur une supposée appartenance, à qui basque, à qui béarnais au lieu de faire de cette coiffe régionale un élément fédérateur d’une appartenance plus large, bien que moins consensuelle, celle de vascon (on se souviendra qu’un ouvrage fondateur du nouveau nationalisme basque se nomme Vasconia, écrit par Federico Krutwig, et qu’y figure une carte de ce territoire d’entre Ebre et Garonne, avec des districts aux noms basquisés, comme une incitation à relever le défi de l’union pour les uns, à justifier une hégémonie pour les autres). Basques ou Gascons, après tout, la dénomination a été commune au début du Moyen Age, et avant encore, tous étaient Aquitani. (source : http://www.sudouest.fr/2016/02/28/le-beret-revient-sur-la-table-2286101-4483.php)

Le béret est-il basque ou béarnais ?

Le béret, un des symboles des Pyrénées, est systématiquement offert aux personnalités comme en novembre dernier lors du passage à Pau du président bolivien, Evo Moralès.
Le béret, un des symboles des Pyrénées, est systématiquement offert aux personnalités comme en novembre dernier lors du passage à Pau du président bolivien, Evo Moralès. ©

archives jj sentucq

La réédition du livre du Landais René Cuzacq mettra-t-elle enfin d’accord tout le monde sur l’origine du béret ? Basque ou béarnaise ? Un débat fondamental.

Faut-il porter le béret sur la droite ou sur la gauche ? En avant ou en arrière ? Peu importe. Une seule question compte : le couvre-chef est-il basque ou béarnais ? Le débat fondamental est aujourd’hui tranché. Et c’est un Landais qui met tout le monde d’accord.

Auteur de deux études sur le sujet, en 1941 et 1951, René Cuzacq, en bon Gascon, ne se mouille pas. Selon lui, l’origine est… pyrénéenne ! Sans pour autant dédouaner les Basques et les Béarnais d’avoir activement participé à l’émergence d’un des symboles les plus forts de la France. La réédition de son livre, une bible introuvable depuis plusieurs années (1), permet néanmoins d’en savoir davantage.

Réglons l’essentiel une bonne fois pour toutes. Les métropoles historiques de la fabrication des bérets sont belles et bien béarnaises. Nay et Oloron, suivie, plus tard, de Mirepeix ont permis au département de produire autour d’un million de bérets par an à partir de 1918. Transformés progressivement en usine, les ateliers y employaient beaucoup de main-d’œuvre.

Le concurrent de la casquette

René Cuzacq rappelle que le concurrent de la casquette anglaise passait dans dix-huit mains différentes avant d’être vendu. À Nay, la première unité de production de bérets issue d’une longue tradition textile, remonte à 1830. C’était celle de Prosper Blancq. La situation d’Oloron est, semble-t-il, comparable et assure le lien avec le temps où on y fabriquait des bonnets ronds, rue Labarraque.

Que nous dit René Cuzacq, en revanche, sur la production basque ? Il ne rejoint pas l’idée d’un héritage des guerres carlistes nées de la succession de Ferdinand VII d’Espagne, dès la première moitié du XIXe siècle. « Le béret est une chose pyrénéenne. Il était tricoté à la maison : exactement comme par le berger de la Lande. Si la célébrité du Pays basque lui a donné son nom (venu certainement de Paris avec la réputation grandissante de nos régions), nul doute que des Landes aux Pyrénées, on n’ait de tout temps porté le béret par une tradition continue qui aboutit au béret basque », écrit l’auteur.

Il ne minimise pas, par ailleurs, le rôle des Béarnais, notamment dans la fixation des formes alors que le béret était déjà depuis longtemps la coiffure caractéristique de l’identité du Sud-Ouest.

Premières traces en 1531

D’aucuns le présentaient pourtant comme provenant de Grèce. Les Romains s’en servaient pour se couvrir dans l’amphithéâtre. Les Phéniciens l’auraient apporté au Pays basque. René Cuzacq relève aussi la légende selon laquelle les soldats de Napoléon l’avaient retrouvé chez les Russes de Pologne. « Dans l’histoire du béret, il est difficile de remonter plus que les XVe et XVIe siècle », raconte le Landais. Il cite le témoignage d’un pèlerin de Saint-Jacques à la fin du XVe siècle. Le texte est accompagné d’un dessin où un homme porte une toque noire.

René Cuzacq n’y voit pas la naissance du béret. Mais peut-être bien le début d’une évolution. Même si on retrouve une forme de béret dès 1280 sur le portail de l’église de Bellocq, Cuzacq préfère placer la première trace du mot béret « dans les archives de Bayonne », entre 1531 et 1538. L’inventaire de Pès de Camyade évoque ainsi un béret noir à deux revers. Mais en vérité, les couleurs ont régulièrement changé.

Rouge et bleu

En 1549, la rencontre entre Gramont et le roi de Navarre s’organise en compagnie de « 2 000 vassaux en bérets noirs ». Chose surprenante : les Béarnais avaient participé à la réception en… « bérets rouges » ! En 1660 les matelots des chaloupes qui accueillaient Louis XIV à Bayonne avaient aussi des bonnets rouges. Bien plus tard, en 1788, ces mêmes bérets rouges portés dans la région de Monein poussent le voyageur Arthur Young à faire un lien avec l’Écosse.

À la même période, un régiment fondé par le chevalier basque de Béla porte le béret « bleu de ciel à la Navarraise. » Une couleur reprise dans la « Statistique du département des Basses-Pyrénées » au début du XIXe siècle.

À lire René Cuzacq, on peut en déduire que le noir a fini par s’imposer après 1914, quand le béret a définitivement conquis les cœurs et surtout les têtes. C’est bien en tout cas le gascon qui emploie le terme de « berret », même si « lou capèt » a survécu au temps. René Cuzacq rappelle d’ailleurs que les premières éditions du dictionnaire de l’Académie ignorait totalement le béret.

(1) « Petite histoire du béret basque » aux éditions des régionalismes (11,95 €)

Des fouilles préventives se déroulent actuellement à Sauveterre-de-Guyenne. C’est la société privée Hadès Archéologie qui est en charge du chantier. Le quotidien Sud-Ouest dresse un premier bilan des apports de cette opération (source : http://www.sudouest.fr/2016/02/27/des-poteries-vieilles-de-800-ans-2285580-3188.php) :

Des poteries vieilles de 800 ans

L’opération archéologique, en amont de la construction d’une résidence, a permis de mettre au jour des vestiges médiévaux.

Depuis le début de l’année, une opération préventive d’archéologie est menée sur le site de la future résidence La Jurade à proximité de la porte Saubotte, à Sauveterre-de-Guyenne.

Ces fouilles sont le prolongement du diagnostic archéologique effectué au cours de l’été 2014, qui avait mis en évidence des traces de vie à l’époque médiévale sur ce chantier.

Des vestiges de maisons, de fortifications et des poteries en attestent.

La première phase de fouille, qui s’achèvera en fin de semaine prochaine, a permis de découvrir des traces d’un habitat médiéval . Selon Natacha Sauvaitre, du bureau d’investigation archéologique Hades, responsable de l’opération, il pourrait « s’agir de constructions sur poteaux ou solin avec des murs bâtis en torchis et autres matériaux de construction légers ».

Par ailleurs, ces recherches ont mis en évidence une activité potière médiévale sur le site ou à proximité car de nombreuses poteries y ont été découvertes, ainsi que de possibles fosses d’extraction d’argile.

Il y a 800 ans

« Il s’agit de poteries en céramique modelée grise datée du XIVe siècle, à usage domestique. Elles sont été trouvées en nombre conséquent dans une fosse, un dépotoir où les objets ayant des défauts étaient jetés. Ce qui laisse à penser que le four ou les fours ne sont pas très loin. Le diagnostic de juillet 2014 en a repéré un. L’hypothèse d’en découvrir d’autres n’est pas écartée » précise la responsable du chantier.

Un autre détail vient étayer cette hypothèse : la présence de débris de charbon ayant servi, très probablement, à la cuisson des poteries. Minutieusement récoltés, ces fragments de bois carbonisé vont être analysés afin de connaître la nature des bois employés et, par ce biais, de se faire une idée des essences présentes dans le secteur, il y a 800 ans.

Des traces de fortifications

« L’un des premiers objectifs de la fouille sera de comprendre l’organisation et la chronologie du complexe artisanal. Pour l’étude du four il faut prévoir une fouille manuelle exhaustive, en privilégiant une étude complète comprenant du four lui-même et son environnement immédiat, à la recherche d’aménagements périphériques. Puis, un enregistrement complet des relevés manuels en coupe et en plan et par corrélation dense pour une restitution possible en trois dimensions » explique l’archéologue.

La seconde phase, du 14 mars au 2 mai, sera consacrée à la recherche de l’activité d’artisanat potier . La première série d’investigations a permis de retrouver des traces de l’enceinte fortifiée. Cette portion ne comporte plus de remparts mais les archéologues ont mis à jour leurs fondations. Il n’est pas exclu que la suite des fouilles mette à jour des restes de fortifications et peut-être d’habitations.

Des visites du site sont prévues fin avril.

Patrick Izaute

Renseignements au 05 56 71 53 45.

Une très bonne nouvelle se répand peu à peu dans le milieu des historiens aquitains depuis quelques mois : la ville de Mont-de-Marsan va bénéficier d’une refonte de son Atlas Historique. Vaste entreprise lancée avec la bénédiction du CNRS et avec le relais décisif de la faculté d’Histoire de Bordeaux 3 il y a plusieurs dizaines d’années (on retiendra le rôle déterminant du CROS, du médiéviste Charles Higounet et de son élève et successeur Jean-Bernard Marquette), les Atlas ancienne version se présentaient sous la forme de fascicules au format peu commode dans leur chemise cartonnée vert pâle, mais néanmoins fabuleux. En quelques grandes pages se trouvaient rassemblées une foule de données factuelles sur le passé de la ville choisie, suivie d’une bibliographie. Surtout, un plan de la ville traitée, travaillé à partir du cadastre napoléonien où par un code couleur habile permettait de voir se superposer les grands remaniements du tissu urbain. De la géographie historique dans sa meilleure illustration.

On se souviendra que beaucoup d’entre nous ont pu compléter leur collection d’Atlas par le biais des soldes des éditions Ausonius installées à l’Archéopôle de la Maison de l’Archéologie, sur le campus de Pessac-Talence. Surtout, les habitués de ce support ont vu l’évolution considérable entreprise avec la sortie des ouvrages consacrés à Orthez et Oloron-Sainte-Marie, puis Bordeaux : loin du format fascicule, peut-être effrayant pour le grand public, nous avons désormais entre les mains de véritables livres, richement illustrés, au papier épais, glacé, prêt à affronter de nombreux feuilletages. Et encore mieux : ils sont facilement insérables dans la bibliothèque ! (les possesseurs des anciennes versions comprendront…)

Mont-de-Marsan donc, va voir une version actualisée de son Atlas (l’ancienne version peut être consultée ici). Et pour cause : depuis les années 80, Mont-de-Marsan est la ville dont le bourg castral a bénéficié de la plus grande surface fouillée dans des opérations d’archéologie préventive en sud Aquitaine. Autant d’infos sur la trame urbaine et son évolution. Il convient quand même de préciser que deux ouvrages étaient venus compléter les données sur l’histoire ancienne de la ville :

_ PAPY Louis et Michel, Histoire de Mont-de-Marsan : des origines à 1800, Tome 1, Mont-de-Marsan, Éd. interuniversitaires, 1994 (il n’y eut jamais de tome 2)

_ PAPY Michel (Textes réunis et présentés par), Autour de l’ancien Marsan, actes du colloque de Mont-de-Marsan du 5 novembre 1994, Mont-de-Marsan, Éd. interuniversitaires, 1997

sans compter un travail titanesque, bien que non publié :

_ FRITZ Jeanne-Marie, Histoire, occupation du sol et peuplement de la Vicomté de Marsan des origines à sa réunion aux domaines de la couronne (1607), Thèse de doctorat (Bordeaux 3 ; directeur de thèse : Jean-Bernard Marquette), 5 volumes, 2001.

L’archéologue et historienne béarnaise Anne Berdoy, connue notamment pour ses travaux sur les castelnaux de Chalosse et sur l’industrie potière médiévale et moderne de Garos et Bouillon (64) a présenté il y a peu la nouvelle version à venir. Le quotidien Sud-Ouest s’est fait l’écho également de cette parution future qui ne manquera pas d’être un évènement majeur des publications en histoire régionale en 2017 (source : http://www.sudouest.fr/2016/02/25/l-atlas-historique-travail-de-titan-bien-excitantprojet-a-l-echelle-europeenne-2283351-3452.php) :

Mont-de-Marsan : d’ici 2017, toute l’histoire de la ville en plans et en cartes

Cet ouvrage sera l’occasion de se rappeler que le centre-ville commerçant a été construit sur des couvents. Ici, la rosace de celui des Cordeliers, dans l’arrière-boutique d’un magasin de prêt-à-porter de la rue Gambetta.
Cet ouvrage sera l’occasion de se rappeler que le centre-ville commerçant a été construit sur des couvents. Ici, la rosace de celui des Cordeliers, dans l’arrière-boutique d’un magasin de prêt-à-porter de la rue Gambetta. ©

archives nicolas le lièvre

Des historiens travaillent à enrichir « L’Atlas historique de Mont-de-Marsan » publié en 1982. Une somme qui permet de suivre en cartes l’évolution de la ville

Un théâtre municipal qui a pris la place du premier monument de la ville, le Château Vieux du vicomte Pierre de Marsan. Une préfecture et un tribunal construits sur des couvents. Les emplacements des tenailles, les anciennes fortifications de Mont-de-Marsan, des anciennes boucheries, des poids et mesures. Carte après carte, monographie de monument après monographie, voilà ce que va révéler, d’ici fin 2017, la nouvelle édition de « L’Atlas historique de Mont-de-Marsan ».

Trente-cinq ans après sa première parution, en 1982, l’ouvrage est en train d’être retravaillé par une équipe d’une dizaine d’historiens pour reparaître dans une version enrichie, plus agréable à lire. Un travail de titan réactualisé et remis au goût du jour.

Intérêt et plaisir

« Pas de quoi fouetter un chat », maugréera la grande majorité des Montois, peu enclins à se coltiner des ouvrages d’histoire et encore moins d’histoire locale. Eh bien ils auront tort ! Les habitants d’une ville devraient connaître en détail la cité qu’ils vivent au quotidien. Cet atlas historique devrait les y aider.

La base de l’ouvrage restera, comme il y a trente-cinq ans, le cadastre de la ville. Un cadastre, c’est l’ensemble des plans et fichiers administratifs qui recensent toutes les propriétés immobilières situées sur chaque commune et qui en consigne leur valeur afin de servir de base de calcul aux impôts. « Celui de Mont-de-Marsan date de 1811 », précise Jeanne-Marie Fritz, ancienne professeur d’histoire-géographie et docteur en histoire, qui participe à ce travail de modernisation de l’atlas. « Oui mais encore ? Toujours rien de bien sexy à l’horizon », soutiendront les Montois réfractaires à l’histoire.

Il suffit de feuilleter l’atlas – nouvelle version – consacré à Bordeaux pour prendre conscience du travail accompli par les équipes de chercheurs. Et aussi de l’intérêt et du plaisir que peut apporter la lecture d’un tel ouvrage. Avec « L’Atlas historique de Mont-de-Marsan », le lecteur aura, entre les mains, « une vision chronologique complète, un bilan des connaissances dont on dispose sur l’histoire de sa ville », explique Jeanne-Marie Fritz.

Une couleur par époque

Du violet pour l’antiquité, du rouge pour le moyen âge, de l’orange pour l’époque moderne, du vert pour l’époque contemporaine… Sur le cadastre viendront se superposer les différentes emprises des monuments – encore existants, en partie conservés ou disparus – érigés au cours des siècles. L’histoire en tant qu’accumulation de strates, année après année, siècle après siècle, devient tangible, visible, presque palpable. De quoi faire taire tous les réfractaires, dont une partie doit pourtant jouer aux innombrables jeux en ligne, sur Internet, qui invitent à construire sa ville, pierre après pierre, époque après époque.

Pendant encore plus d’un an, coordonnés par Anne Berdoy, historienne et archéologue, des spécialistes de la protohistoire, du XIXe siècle, de l’urbanisme du XXe siècle, de l’habitat civil, de la géomorphologie, etc., vont travailler à mettre en forme les dernières découvertes historiques et archéologiques.

« En plus des différents plans tirés du cadastre et commentés de la version de 1982, le lecteur disposera d’une notice pour chacun des 90 monuments montois référencés et d’une notice générale qui permettra de synthétiser toute l’histoire de la ville », détaille Jeanne-Marie Fritz, qui a soutenu sa thèse sur l’histoire du Marsan.

De quoi apprendre et voir, « cartes sur table », que le couvent des Cordeliers est bien caché entre les rues Saint-François, Gambetta, Frédéric-Bastiat et des Cordeliers. Qu’un autre couvent, celui des Clarisses, se cache sous le parking de la Douze, etc.

On marche, on vit, on consomme sur des bouts d’histoire mais on ne le sait pas.

Projet à l’échelle européenne

Publié en 1982 et bientôt réédité (en 2017), « L’Atlas historique de Mont-de-Marsan » fait partie d’une collection qui relève de la Commission internationale pour l’histoire des villes. Traumatisée par les destructions de monuments et d’archives au cœur de la Seconde Guerre mondiale, cette commission lance un programme de cartographie historique des villes à l’échelle européenne, auquel s’associe la France.

Basé notamment sur les sources cadastrales napoléoniennes et bénéficiant des acquis des atlas anglais (1969) et allemands (1972), le modèle d’atlas français commence à être bâti à partir de 1973 sous l’égide de Philippe Wolff, professeur à l’université de Toulouse, et de Charles Higounet, professeur à l’université de Bordeaux. Entre 1982 et 2007, 48 atlas sont produits et publiés par le CNRS dont ceux de Mont-de-Marsan, Saint-Sever, Nérac, Marmande, Agen, Villeneuve-sur-Lot, Bayonne, La Réole, Pau.

Depuis 2003, Bordeaux, Orthez et Oloron-Sainte-Marie ont déjà vu publier leur atlas en version modernisé, par les éditions Ausionus de l’université de Bordeaux Montaigne.

Un article du quotidien Sud Ouest revient sur les résultats prometteurs des sondages diagnostics menés par l’INRAP dans la périphérie d’Agen à Sainte-Colombe (source : http://www.sudouest.fr/2016/01/09/et-mainten-ant-les-gaulois-2237996-2501.php) :

ZAD de Sainte-Colombe (47) : des vestiges gallo-romains découverts

Publié le 09/01/2016 à 09h36 , modifié le 09/01/2016 à 09h36 par

Anne Gresser

Des sondages d’archéologie préventive ont mis au jour ces vestiges. Des fouilles préventives vont certainement avoir lieu

Les premières fouilles, aujourd’hui recouvertes, pourraient donner lieu à une campagne plus approfondie qui ralentirait (encore) l’avancement du Technopôle Agen-Garonne. ©

Archives T. Suire

«Oh, ils n’ont rien trouvé de sensationnel », estime Henri Tandonnet, vice-président de l’Agglomération d’Agen, à propos des sondages d’archéologie préventive qui ont été menés dans le courant de l’année 2015, sur le site du futur Technopôle Agen-Garonne. Philippe Coutures, de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), n’est pas forcément de son avis. « Ce ne sont ni des villas, ni des mosaïques qui ont été mises au jour, mais des éléments de la vie rurale de l’époque gauloise et gallo-romaine, entre le IIe siècle avant Jésus-Christ et le IIe siècle après », détaille le spécialiste. Alors « sensationnel », non. « Extraordinaire », peut-être. En tout cas, sur ce dossier, c’est un caillou de plus dans la chaussure de Jean Dionis. Reste à savoir s’il s’agit d’un gravillon ou d’un galet.

Travaux ralentis ?

Ces sondages font partie de la vie normale d’un chantier. Mais là, « des fouilles préventives vont certainement avoir lieu », avance Philippe Coutures. En effet, si les découvertes ne font pas bouger le grand public, les archéologues, eux, y voient un intérêt historique certain. « C’est rare de trouver ce genre d’habitat gaulois, avec des lieux d’épandage, de la production de tuiles antiques. » Un lieu de vie « qui est très certainement en relation avec l’oppidum de l’Ermitage » où des fouilles ont également été menées (lire ci-dessous).

« La Gaule était considérée comme le grenier à grain de Rome. Avec ce site, nous en avons la parfaite illustration », estime le responsable de la Drac en Lot-et-Garonne. « Cela atteste ce que nous soupçonnions : l’Ermitage est l’une des places gauloises les plus importantes des Ier et IIe siècles », estime pour sa part Michel Couderc, président de la Mirande, association agenaise de sauvegarde du patrimoine.

« La Gaule était considérée comme le grenier à grain de Rome. Avec ce site, nous en avons la parfaite illustration »

Les découvertes, aujourd’hui recouvertes, ont eu lieu en plein sur la Zone à défendre de Sainte-Colombe-en-Bruilhois, investie il y a maintenant un peu plus d’un an. « Les relations entre les archéologues et les zadistes n’ont pas été mauvaises », souligne le spécialiste. Ces derniers voyaient certainement dans les scientifiques une forme d’opposition au TAG. Ou du moins une possible entrave, car les fouilles vont certainement ralentir les travaux liés au Technopôle, surtout si l’intérêt de ces découvertes est avéré.

« Actuellement, les relations avec l’Agglomération d’Agen sont au beau fixe », souligne la Drac. Mais elle n’a pas encore eu la facture des fouilles préventives… La Mirande, elle, veille au grain. « Si les fouilles sont décidées, nous serons vigilants pour qu’elles se fassent. Quitte à remonter au créneau pour demander une réduction de cette zone industrielle. » Pour l’instant, le diagnostic n’est pas totalement terminé. « Il est fait sur la moitié de la future zone. » Une prochaine campagne devrait avoir lieu avant Pâques.