Paru ce jour dans le quotidien Sud Ouest, un article traite de la sortie d’un nouvel ouvrage de l’archéologue basque Jacques Blot. Un évènement en soi! Pour la petite histoire, Jacques Blot, conscient de son âge avançant, a légué au SRA Aquitaine l’ensemble des données archéologiques par lui compilées, le travail de toute une vie. Un blog est par ailleurs consacré à ses repérages : http://jacquesblot.over-blog.com/ Concernant l’article, il nous est difficile d’être d’accord avec le journaliste lorsqu’il prétend que Jacques Blot « est le plus grand archéologue du Pays Basque’ : premièrement, nous ne sommes pas convaincus que Jacques Blot lui-même accepte cette dénomination; secondement, quid des archéologues très actifs sur les terrains basques comme Christian Normand? Morgane Dachary? Benoît Duvivier? Argitxu Beyrie? Gilles Parent? etc. Ils ont apporté beaucoup à la connaissance du passé d’Iparralde et continuent de le faire. L’archéologie, la vraie, celle qui unit aussi bien Jacques Blot que les éminentes personnes précitées, n’est pas un concours de popularité. Bref.
Voici donc l’aperçu de l’article (source : http://www.sudouest.fr/2014/04/19/une-vie-de-fouilles-1529896-4018.php) :
Une vie de fouilles
L’archéologue des montagnes basques Jacques Blot présente son nouveau livre
Arnaud Dejeans
a.dejeans@sudouest.fr
Combien de kilomètres a parcourus Jacques Blot dans les montagnes basques depuis son arrivée à Saint-Jean-de-Luz dans les années 60 ? Difficile à dire. Mais si les chaussures de randonnée de ce médecin à la retraite pouvaient se transformer en machine à remonter le temps, l’archéologue aurait déjà marché sur l’âge de fer, le néolithique et peut-être même rencontré des hommes de Néandertal.
Pendant quarante-cinq ans, l’équivalent d’une période glaciaire à l’échelle d’une vie humaine, le Luzien a parcouru les Pyrénées occidentales de long en large pour faire parler les pierres. « Je suis parti marcher dans la montagne pour draguer », aime à répéter ce passionné d’histoire, (surtout celle qui débute 4 000 ans avant notre ère et qui s’étend jusqu’à la Renaissance). Dans la bouche d’un archéologue, « draguer » signifie creuser le sol.
Une quête sans fin
Toute sa vie, Jacques Blot a traqué des monuments funéraires pour mieux remonter aux racines du Pays basque. Il faut le reconnaître, les archéologues de sa trempe sont des alchimistes capables de transformer les pierres tombales en anecdotes vivantes. « Pour mieux comprendre comment vivaient les bergers de la protohistoire, il faut analyser les structures funéraires qu’on retrouve dans les montagnes. Elles nous donnent une idée de leur mode de vie », résume-t-il.
Selon ses calculs méticuleux, glanés lors de ses prospections et de ses fouilles archéologiques, « le Pays basque nord comptait en 2013, 233 dolmens, 403 cromlechs (pierres levées disposées en cercle), 108 monolithes (un bloc de grande dimension) et 1 054 tertres d’habitat (éminences de terre) ».
Un chiffre en constante évolution : « J’en découvre encore. Il y a quelques années par exemple, je suis retourné au col des Morts (Ilharreko lepoa). Je m’étais souvent arrêté en ce lieu, et n’avais jamais vu le moindre vestige qui puisse justifier une pareille dénomination. Sauf qu’un soir d’été, par soleil couchant, j’ai pu voir sur un petit relief les vestiges de trois tumulus et d’un cromlech. Personne n’avait jamais vu ces tombes protohistoriques. » La source est intarissable.
Une grande partie de l’œuvre de Blot, disciple de Barandiaran et d’Arambourou, est compilée dans l’ouvrage « Archéologie et montagne basque », aujourd’hui épuisé. C’est pour éviter que le travail du Luzien ne tombe dans l’oubli que Philippe Velche, un enseignant de Haute-Vienne, originaire de Bayonne, a réussi à convaincre Jacques Blot de publier un nouveau livre.
Pour le grand public
« Parcours d’un archéologue dans la montagne basque », rédigé sous forme de questions-réponses, est une belle occasion de découvrir les bases de l’archéologie basque. « C’est vrai que les résultats de mes travaux avaient été jusque-là diffusés en majorité dans les publications spécialisées. Ces entretiens pouvaient me permettre de rendre la connaissance accessible au grand public », se réjouit Jacques Blot qui dévoile une des belles anecdotes du livre : « J’ai découvert il y a quelques années qu’une fouille clandestine avait été réalisée. J’ai mené l’enquête auprès des bergers qui m’ont confirmé que c’était un gendarme du coin qui en était l’auteur. Je suis allé porter plainte, en faisant l’innocent, à la brigade où travaillait cet homme. Il a fini par avouer que c’était lui. Pour se faire pardonner, il m’a aidé sur plusieurs chantiers archéologiques par la suite. » Ses belles histoires sont comme les dolmens. Elles méritent de traverser le temps.
Le livre d’entretiens avec Philippe Velche, « Jacques Blot : parcours d’un archéologue dans la montagne basque » (15 euros), éditions Elkar, sera présenté lundi au Biltzar des écrivains de Sare.