Loin de moi l’idée de vous proposer ici une synthèse actuelle sur le sujet. En effet, l’état de nos connaissances sur le peuplement antique dans le département est en plein bouleversement, tant par les données héritées de l’archéologie préventive que par celles de l’archéologie programmée. Une fouille de sauvetage va d’ailleurs être menée prochainement dans le Brassenx, sous la direction de Didier Vignaud (Centre de Recherches Archéologiques sur les Landes), sur un habitat du Bas Empire. Ce blog s’en fera l’écho.

Ce que le Club Dubalen tient à vous présenter, c’est un état des connaissances sur le gallo-romain dans les Landes en 1985. A cette époque, l’archéologue Brigitte Watier (nous reviendrons sur elle dans un autre post) avait réalisé ce travail pour le CRDP (Centre Régional de Documentation Pédagogique) et le CDDP (Centre Départemental de Documentation Pédagogique).

Bien documenté, écrit par la personne la mieux placée à l’époque pour parler de cette thématique, ce document, près de 30 ans après, reste riche par les informations qu’il nous livre.

Le gallo-romain dans les Landes, par Brigitte Watier

Certaines illustrations, trop compressée, ne sont pas visibles à leur juste valeur. Nous vous les proposons ici :

Aire-sur-l’Adour, église du Mas, sarcophage dit de Sainte Quitterie

Dax, vue générale de la fouille de l’îlot central.

 

Dax : vue des remparts gallo-romains du Bas-Empire.

Sorde-l’Abbaye : mosaïque de la Maison des Abbés (Bas-Empire).

 

Losa (Sanguinet), site gallo-romain sublacustre : mur du fanum.

Voie romaine.

 

Félix Arnaudin (1844-1921), pudiquement qualifié de « folkloriste » dans les notices biographiques concernées à ce landais de Labouheyre magnifiquement ignoré par les dictionnaires nationaux (qui en revanche répertorient des sportifs aux biens éphémères carrières et à la valeur ajoutée pour le progrès d’une société proche de zéro) est en réalité tout autant voire davantage ethnologue, historien et photographe prolifique. C’est ce dernier aspect, un bien encombrant héritage au demeurant fait de milliers de plaques photographiques en verre, qui a justifié son entrée dans la désormais incontournable Base Joconde, base de données patrimoniale du Ministère de la Culture et de la Communication. Pour profiter pleinement de cela, rendez-vous sur cette page : http://www.culture.gouv.fr/documentation/joconde/fr/pres.htm et tapez dans le moteur de recherche « Arnaudin » en prenant garde de cliquer sur la sélection « avec image ».

Qu’y découvre-t-on? Bien plus que les seules photos de lande, de bergers ou de maisons, il y a aussi le patrimoine naturel, arbres, lagunes, bosquets de feuillus ou lointaines pinèdes. Il y a aussi ces vallées de ruisseaux ou rivières, dont le relief tranche avec l’absence d’accidents de terrain des photos de landes, à la ligne d’horizon impeccable, rectiligne. Il y a également ces bourgs, en pleine révolution industrielle, dont on ressent le frémissement utilitariste propre à ce temps de découverte du capitalisme forestier. Et surtout, il y a ces clichés de bâtiments disparus, moulins, maisons, granges, églises ou chapelles, que le photographe Joël Le Fur a parfois ressuscité le temps d’un livre consacré au travail d’Arnaudin

Nous exprimerons cependant un regret majeur : que ces photos ne bénéficient pas d’une taille plus importante dans leur mise en ligne, excluant ainsi toute possibilité d’examiner attentivement certains détails. Le travail de numérisation ayant été réalisé par le Musée d’Aquitaine, peut-être s’agit-il là d’une limite technique de la machine utilisée ou bien une contrainte imposée par les gestionnaires de la Base Joconde. Nous espérons au moins que ce n’est pas une bête histoire de droits de reproduction, ces images étant théoriquement dans le domaine public à présent, et leur enseignement, d’une certaine manière, universel (transformation des paysages, gens d’hier dans leur simplicité, travail désintéressé de l’auteur soucieux d’accorder une postérité à un terroir dénigré et à ses acteurs).

Bon voyage dans le temps!

Maison Aliot - Ychoux (Landes).

En 2011 et 2012, une exposition sur l’Age du fer dans les Landes de Gascogne a été présentée dans le Pavillon des Landes de Gascogne de l’Écomusée de Marquèze : « Six pieds sous terre, il y a 3000 ans : archéologie des Landes de Gascogne« . Cette exposition inédite était motivée par la tenue en juin 2011 d’un colloque de l’AFEAF (Association Française pour l’Etude de l’Age du Fer) à Bordeaux. Montée à l’initiative du Service Régional de l’Archéologie et de l’Université de Bordeaux 3, avec la complicité du Centre de Recherches Archéologiques sur les Landes, elle permit de faire le point sur un siècle de recherches sur un territoire vaste, allant de la vallée de l’Adour à la pointe du Médoc, en passant par la vallée de l’Eyre et le littoral aquitain.

A cette occasion, un livret de 70 pages fut publié, co-écrit par Marie Bilbao et Hervé Barrouquère, les deux commissaires de cette exposition et tous deux membres du Centre de Recherches Archéologiques sur les Landes.

Tiré à peu d’exemplaires, nous avons appris cette semaine qu’il n’était plus en vente depuis l’année dernière. Le Club Dubalen, après concertation avec les auteurs, vous propose donc de le télécharger ici :

http://clubdubalen.fr/bibli/6pst.pdf

Des outils en silex sont de retour en Chalosse

Christian Normand, archéologue.

Christian Normand, archéologue. (photo G. S.)

Ce dernier week-end du mois de mars, Christian Normand, archéologue au Service régional d’archéologie d’Aquitaine, se rendait à la Maison de la Dame de Brassempouy pour exposer des outils en silex de Chalosse découverts sur le site archéologique d’Isturitz au Pays basque.

En effet, les hommes préhistoriques étaient nomades et ils ont semé dans leur sillage différents objets, et notamment des outils de silex. Or, il est possible de connaître l’origine géographique du silex. Cette thématique fait l’objet d’une exposition intitulée « Des silex et des hommes », présentée à la Maison de la Dame jusqu’à la fin de la saison touristique 2013.

D’Ariège et d’EspagneChristian Normand fut pendant longtemps responsable du chantier de fouilles d’Isturitz, et a pu y découvrir des outils aux origines landaises. Avec l’aimable autorisation de l’association Gaztelu, ces pièces viennent rejoindre d’autres outils en silex issu des gîtes de matière première de Chalosse et découverts dans d’autres sites des alentours.

Plus surprenant, des pièces en silex de Chalosse découvertes en Ariège et même en Espagne viendront prochainement rejoindre ces derniers, posant la question des territoires connus et parcourus par nos ancêtres préhistoriques, ou encore de leurs réseaux d’échanges de matière première.

« Des silex et des hommes » : à la Maison de la Dame de Brassempouy visible jusqu’à la fin de la saison touristique 2013. Renseignements au 05 58 89 21 73

Source : Sud-Ouest du 08/04/13 (article de Gérard Suberchicot : http://www.sudouest.fr/2013/04/08/des-outils-en-silex-sont-de-retour-en-chalosse-1017959-3316.php)

Pour en savoir plus sur le silex de Chalosse, il existe une publication sur le sujet :

La caractérisation du silex de Chalosse, par BON F., CHAUVAUD D., DARTIGUEPEYROU S., GARDERE P., MENSAN R., paru en 1996 dans le n°28 de la revue Antiquités Nationales.

Résumé : « Premier état des recherches gîtologiques du silex de Chalosse. Elles indiquent les caractéristiques d’un fond commun chalossais, différenciable des autres formations silicieuses pyrénéennes : des rognons irréguliers de 10-20 cm de diamètre, à grain fin aux couleurs variées. Les caractéristiques des variétées spécifiques permettent de supposer l’existence d’une fréquentation différente par les groupes Aurignaciens et Gravettiens de Brassempouy »

Si quelqu’un possède cet article, je suis preneur d’une version scannée (pierre.eudoxe@yahoo.fr).

Une boîte tombée du ciel

Un archéologue bénévole a trouvé mercredi matin un transformateur de courant électrique tombé d’un avion militaire, entre 1977 et 2000….

Didier Vignaud est allé remettre cette pièce tombée d’un aéronef, à la gendarmerie de l’air, hier.

Didier Vignaud est allé remettre cette pièce tombée d’un aéronef, à la gendarmerie de l’air, hier. (Photo Nicolas le Lièvre)

Le sol landais cache parfois, sous son tapis de terre, des objets bien singuliers. Ainsi, à Campet-et-Lamolère, un bénévole du Centre de recherches archéologiques sur les Landes (Cral) a trouvé, mercredi matin, un mystérieux boîtier noir tombé du ciel.

« J’étais venu voir s’il n’y avait pas de site archéologique mis en évidence par les labours forestiers consécutifs aux plantations de pins, explique Didier Vignaud. Je suis tombé sur cette boîte intrigante. Au début, j’ai cru qu’un agriculteur avait perdu une radio ou quelque chose comme ça, raconte Didier Vignaud. Mais en me rapprochant, j’ai tout de suite vu qu’il s’agissait de matériel aéronautique, perdu par un aéronef, note-t-il. Il comporte des traces de choc qui montrent qu’il est tombé du ciel. En fait, c’est un transformateur de courant électrique. »

Une date, une signatureAucune place à l’erreur : Didier Vignaud, ancien de l’aéronautique, qui a travaillé entre autres au sein du bureau d’étude de Turbomeca, sur les procédures de maintenance pour les moteurs d’hélicoptère, sait de quoi il parle. « Il s’agit sûrement d’un appareil militaire », reprend-il. La pièce comporte en effet quelques indices, comme la date de fabrication : mai 1977. « À cette époque, la zone était interdite de survol par l’aviation civile. » On peut également y lire la mention du groupe français Aérospatiale Matra, avant qu’il ne fusionne et ne devienne EADS, en 2000.

La perte de ce transformateur de courant électrique est intervenue entre 1977 et 2000. « Ce n’est pas un Rafale qui a perdu ça, en déduit Didier Vignaud. Je n’ai pas entendu parler de crash, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a eu un incident aérien. Il n’a peut-être pas duré longtemps car, à bord, il y a de la redondance électrique. »

Au ministère de la DéfenseCombien de temps le boîtier est-il resté enseveli sous le sol campetois ? Pour l’instant, le transformateur de courant électrique garde ses mystères. La réponse se trouve peut-être du côté du Bureau enquête et accident du ministère de la Défense, à Paris, qui devrait recevoir la pièce prochainement. En attendant, Didier Vignaud, après avoir contacté la BA 118, est allé remettre le transformateur à la gendarmerie de l’air, hier matin.

« Même s’il ne s’agit pas d’un fait récent, il y a peut-être un dossier ouvert, lié à un incident aérien, au Bureau enquête et accidents du ministère. C’est toujours intéressant pour eux d’avoir un retour d’expérience. Qu’il s’agisse d’un accident ou d’un incident, tout est répertorié. Le but est d’avoir un retour d’expérience qui servira de leçon pour la suite. En fonction, ils peuvent faire évoluer le matériel ou les formations dispensées au personnel. C’est en tout cas la procédure en aéronautique. »

source : Sud-Ouest (article d’Aurélie Champagne) http://www.sudouest.fr/2013/04/05/une-boite-tombee-du-ciel-1014757-4723.php

Une partie à part est consacrée à l’activité archéologique de Didier Vignaud. Il faut rappeler que celui-ci, membre à part entière du Club Dubalen, oeuvre depuis une dizaine d’années au sein du Centre de Recherches Archéologiques sur les Landes. Cette association, créée dans les années 80 à l’initiative de Bernard Gellibert et Jean-Claude Merlet, reste encore aujourd’hui le groupe de recherches archéologiques le plus actif du département des Landes et dans une certaine mesure, de l’Aquitaine méridionale. Les différents travaux sont résumés sur le site internet www.archeolandes.com Voici la partie d’article dédiée aux recherches landaises (http://www.sudouest.fr/2013/04/05/la-richesse-du-sous-sol-landais-1015063-3452.php)

La richesse du sous-sol landais

Ce n’est pas la première fois que cet archéologue bénévole trouve des objets insolites pendant des fouilles ou des prospections. « J’ai découvert par deux fois des obus, dans deux communes différentes. J’ai prévenu les démineurs de la gendarmerie. D’un point de vue archéologique, on est tombé sur des choses qui n’existent pas ailleurs en Aquitaine, comme une sépulture à incinération datant de la fin de l’Antiquité. On a trouvé aussi le plus grand javelot de guerre d’Europe utilisé à l’âge du fer, qui faisait plus de 2 mètres, ou encore le plus vieil objet en fer connu en France, qui date de l’âge du bronze. Les Landes sont une sorte de réserve archéologique. La plantation de pins a gelé les terrains et protégé tous les sites archéologiques. La recherche justifierait la présence de quatre archéologues à temps plein dans les Landes. » Une campagne de prospection sur la moyenne vallée de l’Adour va démarrer pour recenser tous les sites archéologiques. Des fouilles devraient également avoir lieu à Ousse-Suzan prochainement.