Si les pirogues sont associées pour le grand public à des territoires lointains -forêt amazonienne par exemple-, les pirogues n’en sont pas moins utilisées en France depuis le Néolithique jusqu’à des périodes historiques avancées. On en compte ainsi plus de 400 sur tout le territoire, les plus récentes remontant au XVIIIe siècle. Les Landes ne font pas exception et de nombreux spécimens ont été repérés dans le département, principalement dans le lac de Sanguinet où les pirogues monoxyles ont été utilisées depuis la fin de la Préhistoire jusqu’à l’orée de l’Ancien Régime. Parallèlement, ce type d’embarcation particulièrement résistant (il a été prouvé que l’on pouvait passer la barre littorale avec, pour accéder à la pleine mer) a aussi sans doute été abondamment utilisé dans un cours d’eau majeur comme l’Adour : depuis quelques années, des passionnés parcourent le fleuve basco-gascon en quête de vestiges de pirogues échouées, recherche encadrée par le Service Régional de l’Archéologie, et force est de constater que leur persévérance paye. C’est ce que le quotidien Sud Ouest nous présente ce jour dans ses colonnes (source : http://www.sudouest.fr/2014/11/22/une-pirogue-polyxyle-decouverte-1743843-3441.php) :

Une pirogue polyxyle découverte

Une pirogue polyxyle découverte
Patrick Lamaison devant la pirogue découverte il y a un mois et demi. © Photo

Photo Gilles Kerlorc’h

Après la pirogue « Degos » découverte en 2004 à Saint-Vincent-de-Paul, et « Lamaison » trouvée il y a deux ans à Mées, l’Adour a révélé un autre de ses trésors, à la fin du mois de septembre : une pirogue polyxyle, découverte, de nouveau, du côté de Mées.C’est au cours d’une prospection que Patrick Lamaison repère un morceau de bois dépassant du sable. En creusant avec son ami Gilles Kerlorc’h, lui aussi passionné d’archéologie, il tombe alors sur les vestiges de ce chaland polyxyle, le deuxième mis au jour dans l’Adour. Même s’il n’en reste que quelques planches, cette pirogue témoigne du passé du fleuve.

Couramment utilisées

Le polyxyle, contrairement au monoxyle, est constitué de plusieurs morceaux de bois de chêne minutieusement assemblés. Il s’agit d’un exemple typique des chalands locaux. Ces embarcations de petit volume, de six mètres de long maximum, étaient couramment utilisées localement pour des transports de marchandises, d’hommes, et même pour la pêche.

Ces pirogues ont sillonné l’Adour jusqu’au début du XXe siècle. Avec l’arrivée du chemin de fer, ce mode de transport a été peu à peu délaissé, les bateliers laissant couler leurs pirogues dans l’Adour. Et c’est au gré des courants et des crues successives que ces vestiges du passé émergent parfois du sable.

Gilles Kerlorc’h, qui est tombé amoureux de l’histoire de l’Adour il y a une dizaine d’années, répertorie les épaves du fleuve pour le Service régional d’archéologie d’Aquitaine. Patrick Lamaison, lui, a la « passion Adour ». Ses yeux brillent dès qu’il parle des trésors de « sa » rivière.

Datation au carbone 14

« Ce qui nous lie, c’est la passion du milieu, de l’Adour et son histoire », souligne Gilles Kerlorc’h. Après avoir minutieusement répertorié toutes les caractéristiques de la pirogue, les deux découvreurs ont prélevé un échantillon en vue d’une éventuelle datation au carbone 14. Puis, ils l’ont immergée à nouveau, la préservant ainsi pour les années à venir.

Irina Lafitte

 Par ailleurs, si le cœur vous en dit, l’INRAP a publié une étude sur la fabrication des pirogues, mode d’emploi à l’appui : http://www.inrap.fr/userdata/c_bloc_file/6/6897/6897_fichier_pratiques18-rouzo.pdf
Quelques publications sur les pirogues monoxyles (et non polyxyles comme celle évoquée dans l’article de Sud Ouest) sont en accès libre sur le net :
en Loire-Atlantique : http://rao.revues.org/713

L’affaire des vraies-fausses inscriptions en euskara du site antique d’Iruña-Veleia refait surface; un article de Sud Ouest s’en fait l’écho aujourd’hui (source : http://www.sudouest.fr/2014/11/21/brouilles-de-fouilles-1742825-4018.php) :

Brouilles de fouilles

La découverte en 2006 d’inscriptions en basque datant des Romains interroge

Brouilles de fouilles

pantxika delobel

p.delobel@sudouest.fr

Demain, sur les coups de 12 h 30, ils déploieront leurs banderoles sur la plaza de la Virgen Blanca de Vitoria (Álava) pour tenter de réhabiliter un archéologue : Eliseo Gil, 53 ans. Car, d’après l’association à l’origine du rassemblement, ce chercheur, que la communauté scientifique d’Euskadi qualifie de « charlatan », serait l’auteur de la plus grande découverte sur les origines de la langue basque. Excusez du peu.

En 2005 et 2006, l’ancien directeur des fouilles réalisées sur le site d’Iruña-Veleia, à une dizaine de kilomètres de la capitale basque, met la main sur de surprenantes inscriptions en euskara. Elles dateraient de l’Empire romain et apporteraient la preuve qu’aux IIIe et IVe siècles après Jésus-Christ, le basque s’écrivait !

« L’équipe a découvert une soixantaine de morceaux de céramiques, parfois de quelques centimètres seulement, sur lesquels étaient gravées des formules simples, comme “Ian” (manger), “Edan” (boire), “Lo” (dormir) », témoigne le Belge Koenraad Van den Driessche, porte-parole de l’association SOS Iruña-Veleia, qui défend envers et contre tous le travail d’Eliseo Gil.

« Révolution copernicienne »

Dans un premier temps, la découverte enthousiasme linguistes et historiens, confrontés au mystère des racines de la langue basque. L’éminent professeur de philosophie, Henrike Knörr (1947-2008) parlera même de « révolution copernicienne ». Jusque-là, les plus anciennes inscriptions, mises au jour dans la Rioja, dataient des Xe et XIe siècles. Mais une fois l’euphorie de l’extraordinaire annonce dissipée, le doute commence à poindre… « La campagne de dénigrement a débuté sur Internet, se souvient le docteur en géochimie Koenraad Van den Driessche. Certains prétendaient qu’il s’agissait d’un euskara trop moderne et familier. »

Les chercheurs qui s’étaient associés à la découverte se rétractent les uns après les autres. Soupçonné d’être lui-même l’auteur de ces graffitis antiques, Eliseo Gil réclame que des experts internationaux analysent les céramiques. Mais c’est une commission de 26 scientifiques de l’université du Pays basque (UPV-EHU) – graphologues, linguistes, historiens, géologues, etc. – qui se saisit du dossier.

Après plusieurs mois d’enquête, le verdict tombe en novembre 2008 : les 65 pièces où apparaissent des inscriptions en basque seraient fausses. « Toutes », tranche alors le docteur Joaquin Gorrochategi, spécialiste de la civilisation indo-européenne.

Néanmoins, SOS Iruña-Veleia dénonce une expertise bâclée – « Les chercheurs ne se sont jamais rendus sur le lieu des fouilles » – et arbitraire. « S’il s’agit vraiment de faux, qu’ils le prouvent ! Il existe des procédés scientifiques pour cela », clame l’association.

Falsification présumée

La société Lurmen, qui avait reçu plus de 3 millions d’euros de subventions publiques pour mener à bien ces fouilles, est renvoyée. Et Eliseo Gil attaqué en justice par la diputación d’Álava pour « falsification présumée du patrimoine ». Pour les besoins de l’instruction, une nouvelle expertise est réalisée. La défense exige l’intervention d’un laboratoire étranger. Le tribunal de Vitoria confie la mission à l’Institut patrimonial d’Espagne, qui parvient aux mêmes conclusions : tout est faux.

« Comment pouvait-il en être autrement, soupire Koenraad Van den Driessche. En Espagne, il y a trop de pression liée aux enjeux politiques d’une telle découverte. » Le Belge poursuit : « Si ces inscriptions s’avéraient authentiques, les chercheurs basques qui ont fait l’expertise seraient décrédibilisés. » Deux d’entre eux, sollicités par « Sud Ouest », ont refusé de répondre. Six ans après l’ouverture de la procédure judiciaire, l’archéologue biscayen, lui, attend toujours son procès.

Lu dans le quotidien Sud Ouest (source : http://www.sudouest.fr/2014/11/19/l-histoire-industrielle-1740442-3703.php) :

L’histoire industrielle

L’histoire industrielle
Vincent Joineau animera les deux journées d’études. © Photo

Photo M.d.

Pendant un an et demi, Vincent Joineau, docteur es archéologie industrielle, a reçu une bourse de Fumel communauté pour étudier l’histoire industrielle du territoire. Si le financement de son poste a été arrêté, le jeune historien a continué à travailler bénévolement et il tient à « rendre au fumélois ce qui lui a été donné ». C’est pour cela qu’il organise deux journées d’études, vendredi et samedi, avec l’Institut Ausonius de l’université Bordeaux – Montaigne et avec le soutien de la Région ainsi que de la communauté des communes.La construction du bassin

Pour Vincent Joineau, cet événement est une sorte d’avant-propos à la publication d’un livre qui devrait sortir à la fin 2015. « Ce programme a permis, outre de mettre au jour des fonds documentaires exceptionnels, de comprendre l’élaboration et les formes d’activités industrielles et leurs impacts paysagers et culturels », explique-t-il. C’est cette problématique de la construction du bassin, de sa structuration autour d’entreprises et des conditions qui ont prévalu à cette construction, mais également des débuts du délitement de la situation au début des années 70, qui sera au cœur des interventions et des débats.

Outre le chercheur, interviendront des spécialistes du fumélois (Yannick Zaballos, historien local, Pierre Simon, docteur en histoire du Moyen Âge, Philippe Delvit, auteur d’un ouvrage sur le Lot, ou encore Jean-Pierre Poussou, professeur d’histoire moderne) ou venus de plus loin apporter leur expertise.

Le colloque ne se veut pas simplement « passéiste » et réservé à des collectionneurs de souvenirs. « La mémoire industrielle ne doit pas se limiter au simple fait culturel mais elle a vocation à être valorisée dans le cadre de la revalorisation économique, urbanistique et paysagère », insiste le chercheur. « Il convient de s’interroger sur sa conservation et sa valorisation, d’identifier ce qui a de la valeur patrimoniale et culturelle et d’inventer un avenir », poursuit-il. Il compte sur les journées d’étude pour ouvrir les débats et pour que le fumélois se prenne en main. « Je sais qu’il y a déjà quelques mécènes parmi les entreprises locales qui sont prêtes à soutenir un comité scientifique. Il est temps de foncer ! »

Michel Debiard

Lu dans le quotidien Sud Ouest (source : http://www.sudouest.fr/2014/11/17/1814-l-autre-histoire-1738447-3269.php) :

14 dans les Landes, c’est aussi un bicentenaire à se remémorer

Une exposition aux Archives départementales conte le combat méconnu – et perdu – des troupes de Napoléon à Aire-sur-l’Adour en 1814

14 dans les Landes, c'est aussi un bicentenaire à se remémorer
Marie Balayer, commissaire de l’exposition aux Archives départementales, devant la maquette du combat perdu à Aire par les troupes de Napoléon. © Photo

photo nicolas le lièvre

Non, ne cherchez pas, Napoléon n’y était pas ! Mais ses troupes, oui. Et elles ont bien battu en retraite pendant quelques semaines dans le sud des Landes. Ce n’est pas la Bérézina mais presque. Ce moment méconnu de l’Histoire – et ses conséquences sur la vie des Landais ainsi qu’un combat à Aire-sur-l’Adour – est présenté par les Archives départementales pendant un an et demi (lire par ailleurs), à Mont-de-Marsan. « C’est une histoire très courte, jamais ou peu contée dans l’histoire de Napoléon, car le combat n’a duré qu’un jour et le passage dans les Landes, quelques semaines », explique Marie Balayer, commissaire de l’exposition.Avant de plonger en 1814, un petit rappel du contexte historique s’impose. « En 1808, commence une campagne en Espagne où Anglais, Portugais et Espagnols se liguent contre la France et Napoléon. En 1813, la défaite de l’armée française pousse les troupes à la retraite. Le sud des Landes est alors envahi. »

12 kilomètres d’archives
Cette exposition, qui a nécessité 12 kilomètres d’archives rassemblant 500 documents, pourra être vue à partir d’aujourd’hui et jusqu’en avril 2016. « En 2008, on avait déjà une expo sur la guerre de 1914-1918 et on ne voulait pas recommencer. Nous avons acquis les fonds du maréchal de Soult, comme le courrier militaire de Wellington. C’était le bicentenaire du passage des troupes de Napoléon, moment idéal pour mettre un focus sur ce dont on n’avait jamais parlé. On parle d’Orthez, de Toulouse mais pas d’Aire. » La maquette illustrant la bagarre d’Aire a été réalisée en partie par l’IUT, mais aussi par deux professeurs bénévoles : Laurent Abadie et Christophe Ramade. Comme la cinématique – qui reproduit le combat d’Aire – a été réalisée par Jean-Marie Mathé et Romain Gouzenne.

« La population étouffe »

Pendant ce temps, Napoléon, lui, est dans l’Est, pour la campagne de France qui sonnera le glas de son règne. Paris, encerclée, capitule le 30 mars 1814. L’empereur abdiquera le 6 avril 1814. Place aux Bourbons, avec Louis XVIII, frère cadet de Louis XVI.

Auparavant, l’armée anglaise, dirigée par le duc de Wellington, traverse la Bidassoa en novembre 1813 et pénètre sur le territoire national. Les troupes napoléoniennes sont commandées par le maréchal de Soult, originaire du Tarn.

Après un âpre combat à Orthez qu’il perd le 27 février 1814, il tente de ralentir l’armée anglaise en décidant de livrer une nouvelle bataille, et choisit Aire-sur-l’Adour. « C’est un petit combat, le 2 mars 1814. Il a été peu relaté et ce n’est pas très clair. On ne comprend pas d’ailleurs qu’ils aient perdu. Peut-être que Soult n’a pas positionné correctement ses troupes. Les Anglais semblent être arrivés de part et d’autre », commente Marie Balayer. Après ces derniers combats à Aire, mais aussi à Vic-Fezensac, l’armée de Soult livrera son ultime bataille, perdue, à Toulouse.

L’intérêt de l’exposition ne repose pas uniquement sur le combat d’Aire – où l’on retrouve encore aujourd’hui des balles perdues ! – mais aussi sur les conséquences de cette invasion sur les Landais.

Pour faire face, les préfets organisent le recrutement militaire et assurent l’approvisionnement de cette armée en déroute. « Le préfet puis les maires font la liste de tous les conscrits. Cela désorganise une société essentiellement rurale. Les familles sont ponctionnées d’hommes qui travaillent, qui procréent. Il y a beaucoup de réquisitions, car rien n’est prévu pour faire manger les soldats, par exemple. À part les scies, les chirurgiens n’ont rien. Il faut réapprovisionner un peu de café, de l’avoine pour les chevaux. La population étouffe. Quand l’armée passe, les officiers sont logés directement chez l’habitant. D’ailleurs, les Anglais étaient punis lorsqu’ils volaient la population… Les Français n’ont pas eu un comportement correct, les Espagnols étaient pires ! Il y a peu de morts au combat, finalement, car les soldats tiraient au mieux quatre balles à la minute. Cela n’a rien à voir avec 1914-1918. Beaucoup meurent en fait de leurs blessures, souvent à la baïonnette. »

« 1814, mémoires d’une invasion », aux Archives départementales, 25, place du 6e RPIMA, à Mont-de-Marsan. Ouvert à tous, sauf le week-end (à part deux visites guidées organisées dimanche à 15 heures et 16 h 30). Rens. 05 58 85 75 20