Article paru dans le quotidien Sud-Ouest (source : http://www.sudouest.fr/2017/01/03/la-grotte-ornee-sauvee-des-eaux-par-un-parking-3073531-3254.php)

La grotte ornée sauvée des eaux par un parking

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La grotte ornée sauvée des eaux par un parking
Marc Martinez, préhistorien spécialiste de l’art pariétal, chargé de la conservation de la grotte de Pair-non-Pair

Le ruissellement de la pluie menaçait les gravures préhistoriques de la grotte de Pair-non-Pair.

Jérôme Jamet – j.jamet@sudouest.fr

Le Centre des monuments nationaux a mis les moyens. 67 500 euros (TTC) pour refaire le petit parking de la grotte préhistorique ornée de Pair-non-Pair. Il faut dire que l’enjeu était de taille : le ruissellement des eaux de pluie sur le parking créait des infiltrations dans la grotte de Prignac-et-Marcamps, située en contrebas, et fragilisait le calcaire sur lequel ont été gravés, il y a 30 000 ans, mammouths, chevaux, aurochs, bouquetins ou encore mégacéros, un cervidé géant qui a disparu des coteaux du Bourgeais et de la surface du globe depuis dix millénaires. Seules douze représentations sont connues dans le monde.

Il y avait donc urgence à préserver ce petit bijou de l’art pariétal, première grotte ornée classée au titre des Monuments historiques en 1900. « Lors des épisodes de fortes pluies, comme on en connaît maintenant, il y avait des arrivées d’eau importantes qui pénétraient dans la grotte. Cela commençait à poser des problèmes, on le constatait de visu », explique Marc Martinez, archéologue, préhistorien spécialiste de l’art pariétal, chargé de la conservation de la grotte de Pair-non-Pair. « Ici, nous sommes sur un réseau karstique, un massif calcaire qui réagit comme une grosse éponge. » Et si le calcaire se délite, les gravures disparaissent à jamais.

Nombre limité de visiteurs

Le parking de stationnement pour les visiteurs et les bus des scolaires a été traité avec un béton désactivé imperméable. Des caniveaux en pavés permettent l’écoulement de la pluie vers des conduites qui éloignent l’eau de la grotte. Un bassin de décantation permet aussi de séparer les huiles des moteurs.

Pour autant, l’eau n’est pas stoppée à 100 %. « Il faut de l’eau dans la grotte. C’est un monument vivant, il y a des échanges gazeux, d’humidité, il faut préserver un équilibre naturel », explique le scientifique qui veille sur ce trésor archéologique méconnu. Hydrométrie, dioxyde de carbone, des systèmes mesurent le climat de la grotte toutes les deux minutes. L’air, le sol, les parois, tout est sous contrôle permanent.

D’ailleurs, si la grotte est ouverte au public – la vraie grotte, pas la copie comme à Lascaux -, le nombre de visiteurs est strictement limité pour des raisons de préservation du site. Le quota est fixé à 11 700 personnes par an et à 18 par visite. « On refuse entre 3 000 et 4 000 personnes par an », indique Marc Martinez qui ne cherche pas la médiatisation outre mesure de ce site préhistorique unique en Gironde, mais aussi dans le monde de part la qualité de ses gravures.

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