Des fouilles archéologiques sont actuellement menées par la société Eveha à Mont de Marsan (Landes). Un des enjeux est de comprendre l’implantation de la trame urbaine de la ville à la fin du Moyen Age, au moment où l’habitat longtemps cantonné à la zone de confluence, noyau primitif du castelnau, déborde sur la rive gauche de la Midouze. Le quotidien Sud Ouest revient ce jour sur les premiers résultats (source : http://www.sudouest.fr/2017/02/22/le-moyen-age-resurgit-dans-la-rue-de-la-gourotteune-sauvegarde-par-l-etude-3218596-3452.php) :

Mont-de-Marsan : le Moyen Âge resurgit dans la rue de la Gourotte

Publié le par Yoann Boffo.
Mont-de-Marsan : le Moyen Âge resurgit dans la rue de la Gourotte
Une équipe de six archéologues cherche à dater précisément l’occupation de la rive sud de la Midouze.

pascal bats / « sud ouest »

Avant l’arrivée de la nouvelle résidence, une équipe d’archéologues fouille dans le passé des lieux

Les deux pieds plantés dans la gadoue, le grattoir à la main, six archéologues du bureau d’études privé Éveha raclent le passé. Patiemment, les couches de terre laissent apparaître un mur ici, un puits là-bas.

>> En images. Mont-de-Marsan : des fouilles archéologiques en plein centre-ville

Ils disposent de cinq semaines avant le début des travaux de construction des 20 logements de la nouvelle résidence Les Arceaux (lire aussi ci-contre). Avec un mystère à éclaircir : de quand date exactement l’installation des Montois sur cette rive de la Midouze ? « Il y a déjà eu beaucoup de fouilles sur le bras de terre entre les deux rivières, la zone urbaine d’origine. Au sud, c’est presque la première fois, explique Olivier Ferullo, ingénieur à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). On espère comprendre comment ça a commencé. » Comment et pourquoi des habitants du XIVe siècle se sont-ils installés à cet endroit ?

De la pelleteuse à la truelle

Les fouilles ont démarré la semaine dernière. Des engins de chantier ont d’abord « décapé » le niveau contemporain, pour faire resurgir le passé. L’œil de l’archéologue stoppe les machines. Pas besoin de chercher très profond. « 30 centimètres à peine en-dessous du niveau actuel, on retrouve des vestiges maçonnés ou en creux. Des murs ou des trous ayant servi à planter des poteaux, par exemple », explique Céline Michel Gazeau, responsable de l’opération pour Éveha. Des indications précieuses pour tenter de reconstituer les plans des édifices d’autrefois, comprendre leur fonction et, peut-être, tenter de leur donner une date.

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Démarre alors un travail plus manuel. Les instruments se font plus fins. Il s’agit de dégager les constructions repérées et, éventuellement, de mettre à jour des objets, des ossements d’animaux, ou des restes de grains. « On ne travaille pas, non plus, au pinceau. Plutôt à la pelle ou à la pioche », explique Céline Michel Gazeau. « C’est finalement un travail de jardinier, illustre Jean-Luc Piot, d’Éveha. On jardine l’histoire. »

Il s’agit d’engranger un maximum de données. « Tout ce qui peut donner des indications de temps est prélevé. Le contexte de la découverte nous intéresse plus que l’objet en lui-même. Il en dit souvent davantage », explique Céline Michel Gazeau. Le but est de comprendre, pas de remplir des musées. « On procède aussi à des relevés topographiques pour comprendre l’organisation de l’espace et voir comment les bâtiments ont pu évoluer au fil des époques », poursuit-elle. Tout est numéroté, emballé dans des sachets en plastique et expédié auprès de spécialistes pour analyse.

Travail de long terme

Démarre alors la partie immergée de l’iceberg : le travail d’interprétation. Après les fouilles, les découvertes sont confrontées aux archives. En l’occurrence, le règlement de police édicté par Mont-de-Marsan au XIVe siècle pourrait donner des indications. « Il interdisait, notamment, de jeter les déchets dans les rues. Donc les gens de l’époque le faisaient. Comment ont-ils réagi ? Va-t-on retrouver des déchets dans les arrière-cours ? », se demande Jean-Luc Piot.

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Les travaux actuels viendront confirmer ou infirmer les hypothèses émises lors de fouilles plus anciennes et seront commentés par le reste de la communauté scientifique. « Pour l’instant, on pense trouver des vestiges du Moyen Âge. Mais qui sait ? Peut-être trouvera-t-on des traces plus anciennes. Là, on ferait évoluer la recherche », indique Céline Michel Gazeau.

Les informations surgies du passé peuvent aussi aider à penser la ville du présent. « Comment intégrer l’ancien au milieu de nos constructions contemporaines ? Comment vivre mieux dans la ville ?, liste Jean-Luc Piot. Tirer les leçons du passé peut fournir des éléments de réponse. » Les Montois du Moyen Âge ont encore beaucoup à nous apprendre.

Une sauvegarde par l’étude

Le déclenchement de fouilles archéologiques avant un chantier est décidé par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). « Plusieurs zones d’intérêt archéologique sont définies à Mont-de-Marsan. On sait que ce quartier a été fondé au Moyen Âge. Lorsque le projet d’aménagement de la résidence a été déposé, en 2013, il a fait l’objet d’un dossier à la Drac », fait savoir Olivier Ferullo, ingénieur à la Drac.

Première étape : sonder le sol. Vérifier qu’il y a bien quelque chose à étudier, à quelle profondeur et dans quel état de conservation. « Si ce diagnostic est positif et après l’obtention du permis de construire, on lance les fouilles. » Une fois les cinq semaines de recherche écoulées, les archéologues sont contraints de laisser la place au chantier. « On recouvre avec précaution, on aplanit », détaille Céline Michel Gazeau. C’est le principe de la sauvegarde par l’étude. « On accepte des destructions, mais on garde la mémoire », explique Jean-Luc Piot. Les murs du Moyen Âge ne seront plus visibles, mais dans un siècle, les archéologues du futur sauront toujours qu’ils sont là, dessous.

 

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