Émoi dans les médias régionaux et nationaux : une sépulture a été mise au jour dans la dune du Pilat (Gironde) suite à l’érosion massive subie par le littoral cet hiver.

C’est d’abord France Bleu Gironde qui s’est fait l’écho de la découverte dès le 7 avril au matin, sous le titre « Découverte probable d’une nécropole de l’âge du fer sous la Dune du Pilat« , interview de l’archéologue lot-et-garonnais Philippe Jacques à l’appui (il est le premier à être intervenu après qu’un touriste ait signalé la présence de la sépulture à l’air libre) : http://www.francebleu.fr/infos/fouilles-archeologiques/decouverte-probable-d-une-necropole-de-l-age-du-fer-sous-la-dune-du-pilat-1424845

L’après-midi, le quotidien Sud Ouest reprenait l’information sous le titre « Découverte probable d’une nécropole de l’âge du fer sous la Dune du Pilat » (le même que France Bleu) : http://www.sudouest.fr/2014/04/07/decouverte-probable-d-une-necropole-de-l-age-du-fer-sous-la-dune-du-pilat-1518526-2733.php

Un heure après, le quotidien 20Minutes y allait aussi de son article sous un titre différent avec l’accroche catastrophiste du moment « Les tempêtes de l’hiver révèlent une urne funéraire au pied de la dune du Pilat » : http://www.20minutes.fr/culture/1345101-les-tempetes-de-l-hiver-ont-revele-un-site-archeologique-au-pied-de-la-dune-du-pilat

Puis, dans l’heure suivante, c’était le site de TF1 qui se faisait aussi l’écho de la découverte sous le titre ironique « Dune du Pilat : merci l’érosion ?! » : http://lci.tf1.fr/science/histoire/dune-du-pilat-une-necropole-de-3000-ans-probablement-decouverte-8395931.html

Le soir-même, FranceInfo prenait le risque de majorer la découverte « Dune du Pilat : une découverte archéologique majeure » : http://www.franceinfo.fr/actu/dune-du-pilat-une-decouverte-archeologique-majeure-1378087-2014-04-07

Et aujourd’hui, 8 avril, ça continue.

Dès ce matin 8h, Francetv Info publiait en ligne l’article « Une urne funéraire de l’âge de fer découverte sur la dune du Pilat » : http://www.francetvinfo.fr/culture/une-urne-funeraire-de-l-age-de-fer-decouverte-sous-la-dune-du-pilat_571592.html

Deux heures après, le quotidien La Charente libre attrapait la balle au bond sous le titre trop détaillé « Dune du Pilat: découverte d’une urne funéraire, indice probable de la proximité d’une nécropole » : http://www.charentelibre.fr/2014/04/08/dune-du-pilat-decouverte-d-une-urne-funeraire-indice-de-la-proximite-d-une-necropole,1889463.php

Et deux heures plus tard, vers midi, la radio Europe 1 mettait en ligne son propre article sur le sujet sous le titre « Une « découverte archéologique majeure » sous la dune du Pilat » : http://www.europe1.fr/France/Une-decouverte-archeologique-majeure-sous-la-dune-du-Pilat-1938653/

Bref, ce n’est qu’un aperçu car l’info continue d’être relayée sur la toile. Quoi de neuf sous le soleil? Cette découverte est-elle si exceptionnelle?

Désolé de tempérer l’ardeur des journalistes, mais non, il n’y a rien d’étonnant, ni dans la présence de vestiges dans la Dune du Pilat, ni dans l’existence possible d’une nécropole dans cette partie de la Gironde. En effet, concernant la Dune du Pilat, on sait depuis longtemps que ce prodige du paysage du littoral girondin s’est formé progressivement depuis quelques siècles à peine et que des traces anciennes de peuplement y sont conservées (ce sont les fameux paléosols) : fours à goudron antiques et médiévaux, habitats de l’Age du fer, structures à sel protohistoriques etc. Concernant le Premier Age du fer, dès la fin XIXe-déb. XXe, les travaux de l’archéologue amateur Bertrand Peyneau (originaire de Mios) mettaient en évidence la présence de plusieurs dizaines de sites de cette période, principalement des nécropoles. Diverses découvertes ponctuelles dans la seconde moitié du XXe siècle sont venues confirmer la probable existence d’un peuplement dense dans la basse vallée de la Leyre entre les 8e et 5e siècles avant notre ère, peuplement venant possiblement préfigurer la constitution du peuple Boïate. Bien entendu, ce fort relais médiatique d’une découverte assez peu extraordinaire (dans les Landes, depuis la fin des années 90, ce sont plusieurs centaines de sépultures de la même période qui ont été mises au jour!) s’explique par le fait que la dune du Pilat est un lieu touristique incontournable, nationalement connu. Cela évoque les vacances et y voir associée la présence presque incongrue d’un site archéologique suscite un émoi finalement assez logique. En plus, cela permet de continuer à évoquer l’érosion littorale, entretenant à demi-mot le catastrophisme déjà largement étalé tout le long de l’hiver dans des articles plus indigestes les uns que les autres.

Nous ne saurions trop conseiller tant aux journalistes mal informés qu’aux internautes inondant de commentaires souvent limites, parfois stupides les bas de pages des articles précités, de lire le mémoire de maîtrise de Marie Bilbao : « Les sépultures du Premier Age du Fer autour du bassin d’Arcachon et de la basse vallée de la Leyre » soutenu en 2005 à Bordeaux 3 dont voici un résumé http://www.archeolandes.com/documents/arcachon_fer.htm (les liens vers les trois tomes du mémoire sont aussi sur cette page). C’est non seulement très documenté, intelligemment mené, mais en plus agréable à lire, ce qui est rarement le cas pour ce type de travail.

Au-delà de la simple découverte, nous sommes quand même relativement inquiets de la soudaine mise en lumière des sites archéologiques du littoral : isolés, non surveillés, ils sont vulnérables. Nous faisons malheureusement le pari que, dans les jours ou les semaines à venir, des pilleurs viendront donner des coups de pelle dans le secteur de la découverte… voire même des curieux venant chercher leur part de rêve comme ces familles démantelant les paléosols de Soulac le dimanche en quête de vestiges, le tout bien entendu dans une complète méconnaissance des lois régissant le Patrimoine archéologique.

Pour finir et contextualiser agréablement cette découverte (il faut d’ailleurs saluer le civisme du touriste ayant signalé la présence de l’urne), nous vous recommandons de lire le catalogue de l’exposition « Six pieds sous terre il y 3000 ans, archéologie des landes de Gascogne« , par Marie Bilbao et Hervé Barrouquère : http://clubdubalen.fr/bibli/6pst.pdf

En janvier dernier a eu lieu sur le plateau de l’Ermitage (zone périurbaine d’Agen) une campagne de sondages-diagnostics, menée sous la direction de l’archéologue Frédéric Prodéo (INRAP). Cette étape vise à vérifier la potentialité archéologique d’un terrain en prévision d’un aménagement invasif ou destructif pour les archives du sous-sol (autoroute, supermarché, lotissement etc.). En fonction des résultats, une fouille sera (ou pas) demandée afin d’enregistrer un maximum de données relatives au(x) site(s) menacé(s) par l’aménagement programmé. Si la première étape est entièrement financée par l’Etat et réalisée par l’INRAP ou des archéologues de collectivité territoriale, en revanche, la fouille est attribuée après appel d’offre soit à l’INRAP soit à un opérateur de fouille (=entreprise) agréé par l’Etat. Son financement n’est pas le fait de l’Etat, mais de l’aménageur. Ce tarif n’est pas imposé de but en blanc, mais découle de négociations entre l’aménageur et l’archéologie, principalement en fonction d’un cahier des charges. Tout ceci est réglementé par deux lois, votées respectivement en 2001 et 2003. C’est la théorie et généralement la pratique. Mais il arrive que certains terrains recèlent de véritables trésors pour le Patrimoine national : c’est pour cela que le prescripteur de sondages-diagnostics, l’Etat, représenté par le Service Régional de l’Archéologie, met parfois en garde l’aménageur afin qu’il modifie son projet si celui-ci a une forte probabilité de concerner un gros site archéologique (voire le dissuade d’agir sur tel ou tel terrain). En effet, si le site n’a pas été classé et donc protégé, sa fouille se fera de manière approfondie, attentive et extensive afin de ne perdre aucune info : cela entraine des coûts astronomiques pour l’aménageur (on parle souvent dans des cas comme celui-ci de plusieurs millions d’euros!). Dans le cas de l’Ermitage à Agen, le rôle de l’Etat a été de dissuader l’aménageur de lotir cette zone : connu pour être l’oppidum des Nitiobroges, diverses recherches ultérieures avaient souligné la richesse du lieu. Nous sommes aujourd’hui après la première étape : le sondage a été mené, le rapport va être rendu. Les premiers résultats révélés dans le petit milieu des archéologues régionaux suscite bien évidemment des interrogations : doit-on nécessairement sacrifier le Patrimoine, bien commun, pour des raisons urbanistiques? N’y a-t-il pas possibilité de lotir ailleurs sur la commune? C’est ce qui ressort de l’article paru dans la Dépêche du Midi ce jour (source : http://www.ladepeche.fr/article/2014/03/13/1837901-agen-ermitage-ne-detruisez-pas-les-archives-du-sol.html) :

Agen. Ermitage : «Ne détruisez pas les archives du sol»

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L’association «La Mirande» vient d’appeler les archéologues du Lot-et-Garonne pour faire le point sur les «fouilles» préventives à l’Ermitage. Et lancer un appel aux élus…

Les sondages réalisés en début d’année ont donné «des résultats significatifs». C’est Michel Couderc, le président de «La Mirande» qui le dit. Mais il base son propos sur des avis plus autorisés encore. «On attend pour le mois de mai le rapport définitif de l’INRAP (Institut de recherches archéologiques préventives) et la lecture qu’en fera le Service régional de l’archéologie». Et puis, autorisés aussi, les avis et commentaires de l’Association des archéologues du Lot-et-Garonne, «ce que le diagnostic a permis de confirmer, c‘est bien la place de l’Agenais sur la carte du monde gaulois et gallo-romain». Pour Jean-François Garnier, secrétaire de l’association départementale, «on vient de confirmer les recherches précédentes. L’oppidum de l’Ermitagne était le centre d’un royaume, celui des Nitiobroges dont on trouve trace d’ailleurs dans les écrits de Jules César, qui désigne nommément le roi et le prince d’une vaste zone dépassant les limites du Lot-et-Garonne d’aujourd’hui…».

L’épée à antennes

Le diagnostic et les sondages ne portent que sur une surface représentant 5 % de la zone sur laquelle pourrait être implanté le lotissement qui alimente toutes les critiques de «La Mirande». «C’est peu et cela laisse augurer de découvertes plus grandes encore, essentielles pour comprendre la naissance de la ville d’Agen.» Il s’agit, selon le mot des archéologues du département, «d’archives du sol» venues d’une époque qui n’avait que très peu d’archives écrites. «On a connu par le passé, sur Agen, des projets immobiliers qui ont totalement effacé ces archives du sol.» En l’occurrence, sur l’Ermitage, la mise au jour d’une chaussée – «un axe de circulation datant de 50 avant JC» – ouvre le champ des possibles. Mais la découverte la plus importante, et «pas forcément la plus spectaculaire», est une tête en bronze de quelques centimètres, «l’extrémité d’une épée poignard à antennes dont on ne connaît que 10 exemplaires en France». Pour les archéologues du département, François Stéphanus ou Claude Gras, «cette découverte atteste de la présence de gens armés sur le coteau de l’Ermitage». De quoi, en tout cas, attirer l’attention des candidats d’aujourd’hui, élus de demain. «Évitons les erreurs passées, ne rendons pas le sol opaque pour un lotissement qui enterrerait à jamais la préhistoire d’Agen».

Ce sera, en effet, aux élus de l’Agenais de décider, in fine, l’avenir qu’ils dessinent pour l’Ermitage. Un lotissement ou un lieu d’histoire et, pourquoi pas, de «tourisme culturel» ?

J.-L. A

Touché par une fouille clandestine l’année dernière, le camp de Beylongue (Landes) a été régulièrement visité par des utilisateurs de détecteurs de métaux au cours de ces dernières années. Le quotidien Sud Ouest revient sur ce pillage, dans le cadre d’un autre article intitulé L’obscure traque des pillards de l’Histoire (source : http://www.sudouest.fr/2014/03/10/landes-des-fouilles-gallo-romaines-cibles-des-pilleurs-1486321-3304.php) :

Landes : des fouilles gallo-romaines cibles des pilleurs

Désemparé, le maire du village de Beylongue a dû faire appel aux gendarmes

Landes : des fouilles gallo-romaines cibles des pilleurs
Plutôt que celle de passionnés d’histoire, le maire de Beylongue soupçonne l’œuvre de trafiquants © Photo

Pascal Bats / « Sud Ouest »

Quoiqu’un peu plus méthodiques qu’une horde de sangliers affamés, les visiteurs du soir n’ont pas manqué de tout retourner sur leur passage. Deux grandes tranchées percées en croix profonde d’une quarantaine de centimètres, sans parler des grattages alentour. Dormant depuis des siècles à l’ombre de la vaste forêt landaise, les vestiges du camp gallo-romain de Beylongue viennent ainsi soudainement de se rappeler au très lointain souvenir des riverains. « J’avoue que je n’y avais jamais mis les pieds jusqu’à ce que l’on me signale à plusieurs reprises la présence de personnes armées de détecteurs de métaux », s’agace aujourd’hui le maire de cette commune d’à peine 380 habitants.

Fièrement posté devant l’antique vitrine municipale exhibant une collection d’outils et d’objets d’ornement, Jean-Claude Gourgues a entre-temps sonné la maréchaussée et la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). « De tout temps, les villageois ont déterré quelques flèches ou silex au gré des labours, mais jamais de façon professionnelle, et encore moins commerciale. »

D’autant plus compliquée à mettre en place que le propriétaire – privé – des lieux redoutait l’effet pervers d’une médiatisation de l’affaire, la surveillance semble pourtant avoir dissuadé les curieux. Rarement appliquée faute de flagrant délit, la loi laisse tout de même planer au-dessus de leur tête une peine de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 euros d’amende. « Selon les témoignages, ces prospecteurs n’avaient rien d’amateurs », répète le maire, relançant implicitement le débat sur la porosité entre l’archéologie officielle et celle dite « noire ».

Jean-Claude Gourgues compte désormais sur la reconnaissance officielle du site, dont les premières datations remontent à l’âge de bronze. « Plutôt que de le laisser aux clandestins, l’État ferait mieux de reprendre enfin la main. »

Saluons la rédaction du quotidien Sud Ouest, journal généralement plutôt prompt comme beaucoup d’autres à diffuser des articles sur d’anonymes passeurs de détecteurs de métaux qui avouent à demi mot se ficher comme d’une guigne de la loi. Avant, ces types-là bénéficiaient d’une image candide de doux dingues leur permettant d’intéresser les correspondants locaux en mal de marronniers estivaux et d’ainsi tromper leur monde. Aujourd’hui, ils ne font plus guère illusion comme le montrent les nombreux articles à charge parus dans divers organes de presse régionale.

Publié donc ce jour dans Sud Ouest (source : www.sudouest.fr/2014/03/08/l-obscure-traque-des-pillards-de-l-histoire-1484622-2461.php) :

L’obscure traque des pillards de l’Histoire

Publié le 08/03/2014 à 06h00 , modifié le 08/03/2014 à 08h43 par

Sylvain Cottin

Alors qu’une nécropole gallo-romaine vient d’être pillée dans l’Aube, plus de 520 000 objets archéologiques disparaîtraient chaque année de notre sous-sol.

Ce n’est certes pas le Louvre ni Lascaux que l’on cambriole, mais c’est au moins les fondations de l’histoire de la France que l’on ébranle. Par des trous de taupes géantes, creusés sans relâche dans l’Hexagone, plus de 520 000 objets archéologiques et historiques seraient dérobés chaque année à notre sous-sol, selon une estimation de l’association Happah (1).

L’impressionnant butin est aujourd’hui confirmé à mots couverts par le ministère de la Culture. « Le problème est que l’on ne sait pas exactement ce qui est volé, puisque nous n’en retrouvons que les stigmates, mais, à chaque fois, nous portons plainte », reconnaît Marc Drouet, sous-directeur chargé de l’archéologie. « La préoccupation est telle que nous devons former des gendarmes, des douaniers et des magistrats afin de lutter contre ce pillage. »

25 000 « détectoristes »

Des vols parfois sans effraction perceptible, mais un véritable casse du siècle et des millénaires précédents. Des chapelles mérovingiennes en ruine jusqu’aux villages antiques, en passant, comme cette semaine encore dans l’Aube, par une nécropole gallo-romaine, l’affaire n’a désormais plus rien d’artisanal.

Conjuguée à l’explosion des forums sur Internet, la démocratisation des détecteurs de métaux pousse ainsi chaque semaine près de 20 000 amateurs à labourer le terroir, plus ou moins clandestinement. Selon les confidences du site de vente aux enchères eBay, un millier au moins d’objets suspects seraient quotidiennement mis en ligne en France.

« Jusqu’aux années 2000, les prospecteurs devaient être inscrits dans des associations et apprendre de longues années durant l’Histoire avant de la pratiquer sur le terrain », explique le scientifique Jean-David Desforges, président de l’Happah et coauteur du futur « livre blanc » sur les bonnes mœurs archéologiques. « Aujourd’hui, deux ou trois clics suffisent, et ils sont quatre fois plus nombreux.

Avec la complicité des marchands de détecteurs, qui fournissent en même temps pelles, pioches, lunettes de vision nocturne et bons conseils en boutique, l’amateur se retrouve très rapidement – sans forcément le savoir – inséré dans une filière de professionnels du recel et de la revente », s’indigne-t-il.

Revente sur Internet

Déjà considérés comme les « Thénardier de la mémoire » par Frédéric Mitterrand, ceux-là semblent plus que jamais dans le collimateur de sa remplaçante au ministère. Annoncée pour cette fin d’année, la réforme du Code du patrimoine pourrait alors sonner le glas de la détection de loisir, mettant hors la loi tout particulier jouant de ces fameuses poêles à frire.

« Rien n’est fait, tempère Marc Drouet, mais beaucoup trop de choses se retrouvent illégalement sur Internet ou dans des brocantes, sans aucune justification de provenance. Il ne faut guère s’en étonner, puisque le moindre détecteur est quasiment vendu avec la carte archéologique de la Gaule… » Sauf à mettre un gendarme derrière chaque fondu d’Histoire, le flagrant délit paraît en revanche mission impossible. « Cette surveillance est réelle, mais nous misons surtout sur celle du Web. »

Parmi les terres agricoles ou littorales à la surface, desquelles remontent d’innombrables forfaits, le Sud-Ouest brille lui aussi des mille feux de ses trésors suspects. La paternité des 30 000 pièces de bronze de L’Isle-Jourdain (Gers), récemment découvertes en plein champ par deux prospecteurs du cru, se réglera par exemple devant les tribunaux, tant l’État doute que le hasard ait ici bien fait les choses. Pas plus d’ailleurs que parmi ces blockhaus du mur de l’Atlantique, ressuscitant moult trésors de guerre à chaque fin de semaine.

Car si la loi française récompense à parts égales inventeur (c’est-à-dire découvreur) et propriétaire du terrain, en revanche elle n’accorde pas la charité aux expéditions préméditées. Ainsi, selon le Code civil, chercher n’est pas trouver dès lors que la découverte n’a rien de « fortuit ».

Des bandes organisées ?

Face à la subtilité d’une loi qui frise, entre les lignes, l’absurde, les nombreuses et influentes associations de prospecteurs hurlent au procès d’intention (ci-dessous), dénonçant des bandes organisées venues des pays de l’Est. « C’est une possibilité, reconnaît un gendarme expert en la matière, mais les pillards viennent de l’Europe entière, notamment d’Angleterre. »

En quête de monnaies, d’armes, de poteries ou de bijoux, ceux-là s’inviteraient chaque week-end à une vraie opération portes ouvertes de la Basse-Normandie. « Nous savons que des équipes font l’aller-retour en ferry, n’hésitant pas à enrôler des petites mains sur place. »

(1) Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique.

Si vous êtes en train de lire ce blog, c’est qu’en principe, le Patrimoine de votre région vous intéresse -à moins que votre passage ici ne soit lié à un caprice des moteurs de recherches et à une indexation hasardeuse-.

A moins que ce ne soit déjà le cas, nous vous recommandons d’intégrer le réseau associatif des sociétés savantes régionales afin de vous permettre non seulement de vous tenir au courant de la vitalité des recherches locales, mais aussi éventuellement de vous permettre de publier sur un sujet qui vous intéresse.

En Aquitaine, quel que soit le département où vous vous trouvez, il y en aura au moins une pour satisfaire votre curiosité. Wikipédia en dresse une liste non exhaustive : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_soci%C3%A9t%C3%A9s_savantes_d%27histoire_et_d%27arch%C3%A9ologie_en_France

Créée en 1876, la Société de Borda est aujourd’hui forte d’environ 1200 adhérents, soit une des plus importantes du Sud-Ouest. Chaque trimestre, elle publie un bulletin, regroupant des articles richement documentés (illustrations en noir et blanc et en couleur) sur des thématiques aussi diverses que l’Histoire, la Géographie, la Botanique, la Géologie, l’Archéologie, le Folklore etc. en relation avec le département des Landes. Hélas, beaucoup de landais, surtout à Mont-de-Marsan et ses environs, imaginent que la Société de Borda née et basée à Dax, n’est qu’un regroupement d’érudits dacquois vieillissant devisant entre eux du Patrimoine de Dax. Que nenni! Si la Société de Borda est bien née à Dax, la grande majorité des articles publiés ne traitent pas de Dax. De plus, la Société de Borda tient des réunions mensuelles publiques et gratuites un peu partout dans les Landes avec des conférences en relation avec la commune d’accueil ou son terroir proche. Enfin, si effectivement, à l’instar des sociétés savantes en général, la moyenne d’âge des adhérents et élevée, le Président actuel -et une bonne partie des membres du Conseil- a moins de 60 ans. Par ailleurs, des étudiants présentent régulièrement leurs travaux au cours des réunions mensuelles ou assistent en spectateurs à ces dernières.

L’adhésion se fait par paiement d’une cotisation annuelle qui donne droit à réception des bulletins trimestriels. Alors, n’hésitez plus, agissez pour votre Patrimoine et la sauvegarde de la mémoire de votre terroir et adhérez à la Société de Borda!

Lien : http://www.societe-borda.com/

 

Post Scriptum : nous avons rédigé ce billet en réaction d’une certaine manière à des « landais » du pays de Maremne vus dans un reportage récemment sur la chaine M6 (la rediffusion en ligne du reportage : http://www.m6replay.fr/emissions/#/zone-interdite/11305138-invasion-de-touristes-quand-les-habitants-se-revoltent). Ils se prétendaient landais, fiers de leur « identité », rejetant touristes et tout ce qui n’était pas à leurs yeux « landais », n’hésitant pas à dégrader des véhicules ou limitant finalement leur seule vision du Patrimoine local à des vagues et des bouts de plage qu’il faudrait à tout prix défendre contre d’improbables envahisseurs. Nous doutons fort qu’avec une telle optique, ces personnes adhérent un jour à la Société de Borda comme action « positive ». Mais il nous est apparu important de montrer aux lecteurs de ce blog que l’on peut aussi aimer un terroir et agir intelligemment. Les Landes n’ont aucune historicité, c’est un territoire créé de toute pièce arbitrairement à la Révolution. Tout en rejetant toute forme de xénophobie et de localisme, s’il avait été juste d’un point de vue historique de mettre en avant un territoire, ces bien tristes sires auraient été bien avisés de parler éventuellement de Gascogne. Mais quand on voit que les plaques d’immatriculation 32 (Gers) étaient arrachées au même titre que des plaques plus lointaines, on comprend à quel point leur connaissance de l’identité landaise, de l’Histoire de leur terroir est proche du néant. Même le chant qu’ils ont entonné n’était pas l’hymne landais pourtant bien connu dans le département, chanté par les anciens dans les réunions de famille ou à un comptoir de bistrot après une partie de quille ou de belote.