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voilà un article très intéressant paru il y a déjà quelques temps dans le Journal du Pays Basque :
"L'euskara, la première langue d'Europe
UNE RECHERCHE LINGUISTIQUE RESSUSCITE L'HYPOTHÈSE D'UN PEUPLE APPARENTÉ AUX BASQUES QUI AURAIT VÉCU SUR LE CONTINENT EUROPÉEN BIEN AVANT LES INDO-EUROPÉENS
Première publication : 14 septembre 2002, mise en ligne: jeudi 13 novembre 2003, par Iñaki Lekuona
Le Vascon, première langue d'Europe. C'est le titre de l'article publié dans le dernier numéro de la revue "Pour la Science", version française de "Scientific American". Ces deux revues ont repris un surprenant article publié à la fin du printemps dans le mensuel scientifique allemand "Spektrum der Wissenschaft". Elisabeth Hamel, journaliste scientifique à Munich, et Theo Vennemann, professeur de germanistique et de linguistique à l'Université Ludwig Maximilian de la capitale bavaroise en sont les auteurs. La conclusion principale de l'article relance une vieille hypothèse : un peuple dont les Basques seraient les héritiers directs a habité sur une grande partie du continent européen après la dernière glaciation, il y a 20 000 ans. Un "sondage archéo-linguistique" (des noms de lieux-dits ou des fleuves) a mis en évidence les ciments d'une culture plus proche de celle des Basques qu'on ne le croyait.
De nombreux ethnologues et linguistes avaient déjà lancé l'idée d'une culture basquoïde post-glaciale qui aurait habité une grande partie du continent européen jusqu'à l'arrivée des peuples indo-européens. Ceux qui défendaient et défendent cette thèse attribuent à cette culture les peintures des grottes franco-cantabriques. Cependant, les indices permettant de faire le lien entre cette culture rupestre et une ethnie apparentée aux Basques manquaient jusqu'à présent. La journaliste Elisabeth Hamel et le linguiste Theo Vennemann ont apporté de nouvelles pistes après un travail de sondage sémantique de la toponymie européenne. Ils lancent l'hypothèse de l'existence d'une langue pré-indo-européenne qu'ils appellent vascon —une forme plus primitive de l'euskara, un proto-basque ou paléo-basque—, et qui serait le tronc linguistique duquel déclinent beaucoup de noms de lieux-dits, de fleuves, de vallées ou de montagnes partout en Europe. Ce n'est pas une théorie nouvelle. Docteur en philologie allemande et professeur à l'université de Munich, Theo Vennemann défend depuis dix ans que le vascon était parlé sur le vieux continent avant l'arrivée des langues celtes, germaniques ou gréco-latines. "Aujourd'hui, écrit-il dans l'article, nous pensons que les Vascons étaient les descendants d'un groupe d'hommes préhistoriques ayant vécu au Pays Basque, dans les Pyrénées, à l'époque de la dernière glaciation, il y a près de 20 000 ans". Les chercheurs affirment que ce peuple se serait réfugié dans la partie occidentale de la chaîne pyrénéenne pour redescendre après dans les plaines d'Europe, qu'ils auraient colonisé : la péninsule ibérique, la Russie et même la péninsule scandinave.
Les fleuves en parlent
Ce n'est pas une hypothèse anthropologique, mais linguistique. Les chercheurs allemands ont fouillé dans la géographie européenne, étudiant les toponymes qui sont indéchiffrables pour les langues autochtones. Exemple. En Allemagne, affirment-ils, plus de 80 noms de communes commencent par le préfixe eber, qui en euskara donne ibar, et qui signifie vallée ou embouchure d'un fleuve. Elisabeth Hamel et Theo Vennemann signalent que cette racine peut être trouvée dans de nom-breux noms de fleuves et de communes en Europe. La rivière Ebro, Ebre en français et Iber d'après les classiques greco-latins, est l'une des plus connues puisqu'elle a servi à nommer la péninsule Ibérique et ses habitants, les Ibères. En France on trouve également une toponymie liée à ce préfixe : Ivergny, Iverny, Yvré-l'évêque, Ébréon, Évrune, Ebersheim, Yvry-en-montagne… Et en Pays Basque, bien évidement, les exemples sont innombrables : Ibarra, Ibarrola, Ibarrekolanda, Ibardin, Aranibar… D'autres exemples. "Tous les lieux présentant une situation favorable pour l'installation de campements —et dont on peut supposer qu'ils étaient utilisés il y a très longtemps— contiennent des vocables basques pour nommer des éléments géographiques naturels.
La vallée
Par exemple, le mot (h)aran signifie en basque "vallée". Des noms de lieux contenant ce morphème sont répandus dans toute l'Europe". Arundel en Angleterre, Arendal en Norvège et en Suède, une dizaine de villes et villages allemands dont le nom commence par Arn… En conclusion : "Les Vascons auraient été les premiers à nommer les fleuves, rivières, lieux et montagnes en Europe. Un tel rôle était attribué aux Indo-Européens, mais comme nous l'avons signalé, les racines "fossiles" ne ressemblent guère aux racines indo-européennes", affirment les deux chercheurs.
Le compte est bon
Les racines des mots ne sont pas les seuls arguments linguistiques prônés par Theo Vennemann. Le système de numération offre également des traces d'une langue et d'une culture proto-basques antérieures à l'arrivée des Indo-Européens, affirme le linguiste. "Malgré la numération décimale introduite par les peuples indo-européens, les Basques comptent encore en base 20 : 20 plus 10, pour 30 ; deux fois 20, pour 40 ; deux fois 20 plus 10, pour 50 ; trois fois 20, pour 60 et ainsi de suite. On pense que les Celtes ont emprunté la numération en base 20 aux Vascons. De même, dans l'ancien français, cette méthode (le système vigésimal) était utilisée pour compter jusqu'à 360. Il reste des traces de ces pratiques : les nombres 80 et 90.
LE PÈLERINAGE DES VASCONS SUR LE CONTINENT
la trace basque
Theo Vennemann affirme également que sa théorie d'une repopulation Vasconne de l'Europe à partir de la région pyrénéenne est confortée même au-delà du domaine de la linguistique. Certains éléments génétiques accréditeraient l'hypothèse selon laquelle les hommes préhistoriques se sont réfugiés dans cette région pendant l'époque glaciaire. Sur la même revue scientifique française "Pour la Science", le chercheur britannique de l'Université de Cambridge Peter Foster, toujours avec la collaboration de la journaliste allemande scientifique Elisabeth Hamel, affirme dans un article être arrivé aux mêmes conclusions que le linguiste munichois. Peter Foster donne encore plus de précisions : les trois-quarts de la population européenne descendraient de Basques préhistoriques. Comment est-il arrivé à cette conclusion ? "Après avoir étudié les gènes de 10 000 Européens, nous avons tracé leur arbre généalogique. Nous en concluons que les habitants d'Europe seraient les descendants d'un groupe relativement localisé d'hommes et de femmes qui auraient habité dans la région qui entoure l'actuel Pays Basque, il y a environ 20 000 ans". À partir de l'étude de l'ADN mitochondrial transmis de mère à fille, les chercheurs arrivent à établir trois grandes périodes dans le peuplement d'Europe. "Avant la dernière glaciation, les hommes de Cro-Magnon (nos ancêtres directs, les premiers hommes modernes qui remplacèrent les hommes de Néanderthal) étaient répandus à travers toute l'Europe —explique Peter Foster—. Toutefois, lorsque le froid se généralisa, ils furent confinés dans quelques refuges isolés où la mutation la plus ancienne, celle qui a 20 000 ans, se retrouve encore avec une fréquence très faible dans les populations actuelles". Peter Foster observe une deuxième mutation chez un groupe qui est resté dans la région pyrénéenne. A partir de 15 000 av. JC. le froid recula et commença la repopulation du continent. "Les études que nous avons menées montrent que ces hommes et ces femmes ont rayonné à partir du Pays Basque, et se sont répandus dans toute l'Europe. Leur ADN mitochondrial est le plus fréquent au Pays Basque, mais on le trouve aussi, selon une sorte de "dégradé", en Allemagne, en Italie ou en Espagne". L'étude de Peter Foster montre aussi qu'une troisième vague a eu lieu il y a 10 000 ans environ, quand les glaces se sont retirées du nord de la Scandinavie. "Aujourd'hui, l'ADN de type basque est présent en fortes proportions dans diverses régions, jusqu'en Laponie !" affirme-t-il. Le nord de l'Afrique aurait été également colonisé d'après Peter Foster.
Theo VENNEMANN
Docteur en linguistique et germanistique à l'Université Ludwig Maximilian de Munich
"La langue basque est la plus ancienne d'Europe et toutes les autres langues sont les idiomes des étrangers qui sont venus de l'Est et qui furent si influents qu'ils arrivèrent à imposer leurs langues"
tes-vous surpris des réactions qui ont suivi votre travail ?
Jusqu'à un certain point, puisque j'ai déjà publié il y a neuf ans, en allemand, et huit ans, en anglais, la partie centrale de ma théorie dans quelques revues spécialisées. De plus, j'ai publié dans le numéro 26 du "Journal of Indo-European Studies" un autre article sur ce sujet. J'ai alors abordé la question des origines des basques, des sémites et des indogermaniques du point de vue anthropologique et linguistique. Je me réjouis de l'écho médiatique, mais il faut préciser que le sujet n'est pas nouveau.
Que pensez-vous des interprétations qui ont été faites de votre théorie ?
Ce que j'ai lu jusqu'à présent est, dans l'essentiel, correct. Cependant j'ai vu quelque part que la génétique avait créé la théorie de la repopulation post-glaciaire de l'Europe depuis le sud de la France et que c'est la linguistique qui a confirmé cette théorie. C'est exactement le contraire. La linguistique a présenté cette théorie et c'est la génétique qui, par la suite, est arrivée aux mêmes conclusions. Il y a neuf ans, la nouveauté venait du fait d'affirmer que les toponymes les plus anciens en Europe, surtout les noms des fleuves, avaient une origine vasconne. Cela signifie que ces noms des lieux-dits relèvent des langues d'une famille linguistique dont l'euskara est la seule langue survivante. Cette théorie est basée sur la coïncidence structurelle et étymologique des toponymes avec l'euskara.
Où est-ce que votre théorie se situe par rapport aux recherches internationales ?
Quelques experts considèrent logique l'idée d'une Europe Vasconne. Ils croient également que l'argumentaire linguistique est cohérent. D'autres n'ont été convaincus qu'après avoir vu que la génétique confirmait la théorie selon laquelle la repopulation de l'Europe après l'ère glaciaire s'était faite à partir du sud de la France. Cependant, certains pensent qu'il est bizarre et inacceptable que les Basques et leurs ancêtres aient pu jouer en Europe un rôle plus important que celui qu'ils ont aujourd'hui. De façon générale les rénovations profondes ont besoin de beaucoup d'années pour se consolider. Il est parfois nécessaire qu'une nouvelle génération de scientifiques soit formée pour qu'elles s'imposent.
Quelle est l'origine de l'euskara ?
Celui qui pose ainsi la question n'a toujours pas changé de façon de penser. Toutes les langues ont une origine quelque part, cependant, pour beaucoup d'entre elles, on ne la connaît pas. A l'époque, l'euskara n'était pas venu de nulle part, elle était sur place quand les autres langues sont arrivées. Tenant compte de ce concept, la langue basque est la plus ancienne d'Europe. Toutes les autres langues sont les idiomes des étrangers qui sont venus de l'Est et qui furent si influents qu'ils arrivèrent à imposer leurs langues aux habitants primitifs.
propos recueillis par Ingo NIEBEL"
http://www.lejournaldupaysbasque.fr/art … rticle=364
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D'accord dans l'ensemble sur l'ancienne présence des Basques en Europe, mais, mais...Que dire de l'hypothèse totalement fantaisiste de Theo Vennemann selon laquelle le toponyme Evreux viendrait du basque ibar "vallée" alors que tout le monde sait que ce nom vient de celui de la tribu gauloise des Eburovices!! D'ailleurs cette ville avait déjà auparavant un nom gaulois, Mediolanum, comme beaucoup de grandes villes françaises.
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Ca ne m'a pas l'air incompatible. En effet le nom de tribu "Eburovices" peut très bien avoir pour origine cette fameuse racine "ibar".
En tout cas ce qu'il faut garder à l'esprit dans cette théorie, c'est qu'il ne s'agit pas de Basques de maintenant qui peuplaient l'Europe. Mais d'un peuple dont maintenant seuls les Basques ont gardé un langage dérivé de leur ancien langage.
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Non, en aucun cas le nom des Eburovices ne peut venir du basque ibar. C'est totalement incompatible. Le nom de cette tribu gauloise est purement celtique, de eburo "if" et vic "vaincre". On ne peut pas faire n'importe quoi en matière de linguistique, ce serait trop facile. Si vous voulez du sérieux en matière de basque, il faut demander à Jean-Baptiste Orpustan ou à Michel Morvan par exemple.
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sur la question toponymique et linguistique, voir aussi dans ce forum : http://www.archeolandes.com/forum/viewtopic.php?id=86
je viens d'aller faire un tour sur Google Scholar (moteur de recherche à privilégier pour trouver des publications sérieuses=) afin de voir ce qu'il y avait sur la question toponymique et linguistique pré-antique coté sud des Pyrénées; voilà quelques articles intéressants:
_ "Cronica de onomastica paleo-hispanica" d'Antonio Marques de Faria : http://www.ipa.min-cultura.pt/pubs/RPA/ … er/211.pdf
_ "Los nombres de Lugar : la toponimia de Soria" de Jose Luis Herrero : http://web.usal.es/~joluin/investigacio … asoria.pdf
_ "Los etnonimos de la Hispania antigua y las lenguas preromanas de la Peninsula iberica" de Jurgen Untermann : http://www.ucm.es/BUCM/revistas/ghi/113 … 20019A.PDF
_ "Aspectos de la morfologia de los formantes segundos de los compuestos de tipo onomastico en la lengua ibera" de Jesus Rodriguez Ramos : http://www.bib.uab.es/pub/faventia/02107570v23n1p7.pdf
_ "iltir/iltur=oppidum. Los nombres de lugar y la ciudad en el mundo iberico"d'Arturo Perez Almoguera : http://www.bib.uab.es/pub/faventia/02107570v23n1p21.pdf
(pour approfondir sur le sujet des oppida en Péninsule ibérique, "El area superficial de los oppida en la Hispania "celtica"" de Martin Almagro-Gorbea et Antonio F. Davila : http://www.ucm.es/BUCM/revistas/ghi/113 … 20209A.PDF)
_ "The place names of ancient Hispania and its linguistic layers" de Juan Luis Garcia Alonso : http://docserver.ingentaconnect.com/del … 1752154496
Evidemment, ce sont des articles rédigés en castillan (et un en anglais).
Pour en revenir au sujet, il est clair que la méfiance est de mise en ce qui concerne la toponymie, on peut faire dire n'importe quoi à des noms de lieux comme le prouve la publication au printemps de l'année dernière d'un ouvrage évoqué dans ce même forum. Il est vrai par ailleurs que les travaux d'Orpustan et de Morvan sont des références aujourd'hui en la matière pour l'Aquitaine méridionale, noms auxquels je rajouterai quand même celui de Bénédicte Boyrie-Fénié pour la partie gasconne. Il ne faut pas oublier non plus les travaux plus anciens d'Achille Luchaire, un des premiers à avoir compris (et prouvé) l'existence d'un cadre linguistique large de part et d'autre des Pyrénées (Garonne à Ebre) que nous qualifions couramment à présent (ou presque) de protobasque.
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toujours sur le thème de la toponymie, voici deux études particulièrement détaillées et pour cause, il s'agit de thèses de doctorat :
_ "Toponimia del Valle Medio del Ésera (Huesca). Estudio lingüístico y cartografía" de Moises Selfa Sastre : http://www.tdx.cesca.es/TDX-0217105-105538/index.html
_ "Toponimia de la Baja Ribagorza Occidental" de Carlos Angel Rizos Jiménez : http://www.tdx.cesca.es/TDX-0204105-130708/index.html
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Tout à fait d'accord pour souligner également la qualité des travaux de Bénédicte Boyrie-Fénié sur le domaine toponymique landais. Achille Luchaire, c'est bien aussi mais cela commence à dater un peu (mais comme dit le proverbe, c'est dans les vieux pots qu'on fait la bonne soupe!). Ikus artio, euh pardon, Adishatz.
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Kaixo Euskaldun,
connaitriez-vous une publication récente sur la langue aquitanique/le protobasque? Que pensez-vous de l'ouvrage de Luis Nuñez Astrain "El euskera arcaico"? Depuis sa sortie, je le feuillette régulièrement sans oser l'acheter, ne sachant trop quoi penser de sa qualité argumentaire (je n'ai rien contre les éditions Txalaparta, bien au contraire, mais j'aimerais avoir un avis "éclairé").
milesker eta ikus arte, Jauna M.!
Hervé.
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Mon avis? Gardez votre bon argent pour autre chose. Ce genre d'auteurs ont des tendances impérialistes. Ils affirment sans preuves que certaines peuplades antiques comme les Autrigons par exemple étaient bascophones.
Quant au "proto-basque", je ne sais pas trop ce que cela veut dire, du moins au sens où on l'entend généralement. L'aquitain était très peu différent du basque actuel et le nombre de termes connus en aquitain est intéressant, certes, mais très limité. Et lorsqu'il y a de légères variations, elles sont faciles à expliquer, comme par exemple sembe "fils" devenu seme en basque actuel. Il faut s'en tenir aux classiques (Jacques Allières, etc.)
C'est tout le problème du basque. Il y a une différence énorme avec les langues indo-européennes. Le basque est une langue extrêmement stable et bien des mots n'ont pas changé depuis, j'ose le dire, des millénaires pour certains d'entre eux. Comme on n'a pas la chance d'avoir, comme pour le français, une remontée possible vers le latin et du latin vers l'indoeuropéen, la seule solution c'est la comparaison avec d'autres langues non-indoeuropéennes. Mais encore trop de bascologues ne veulent pas en entendre parler. Pour eux le basque est une langue définitivement isolée, sans parenté. Ils se trompent. Ils raisonnent selon le modèle indoeuropéen. Il faut changer complètement d'échelle. Il s'agit d'un autre type de parenté. Il y a aussi hélas des raisons idéologiques. Cela arrange bien certains de dire que les Basques sont "seuls au monde"! C'est idiot, cela ne change rien à la spécificité des Basques si on trouve des parentés éloignées avec leur langue dans le Caucase ou ailleurs, ce qui est le cas. Bien à vous.
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Bonjour Euskaldun,
Dans quelle mesure la langue basque est-elle proche de certaines langues amérindiennes, par rapport aux langues cousines du basque de notre continent Eurasien que vous citez?
Voici une question courte mais vaste !
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Bonsoir,
La langue basque est très éloignée des langues amérindiennes. C'est comme en astronomie, il y a des étoiles relativement proches et d'autres beaucoup plus lointaines, ce qui ne les empêche pas d'appartenir au même univers.
Un exemple quand même: basque alu "sexe féminin" /aymara allu "pénis".
Dernière modification par Euskaldun (2006-01-23 15:20:40)
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Salut Attila,
tu trouveras quelques éléments de réponse sur les éventuelles parentés de la langue basque avec d'autres sur ce lien : http://www.clio.fr/bibliotheque/La_lang … averes.asp
Il est clair que certains ont recherché en Amérique des éléments de comparaison avec la langue basque pour une raison simple : une partie des populations qui ont peuplé le continent américain étaient issues de l'est du continent eurasiatique au Paléolithique supérieur. Ces populations ont emmené avec elles leurs idiomes. Si l'ont suppose que des traits de ce qui donnera la langue basque et une partie du champ lexical se sont développés durant la préhistoire, dans une zone bien plus large que l'espace compris entre Ebre et Garonne, il était dès lors logique de rechercher des parentés avec les langues amérindiennes, du moins, des traces d'un passé commun (celui de tribus de la période glaciaire partageant peut-être de mêmes mots de vocabulaire, des syntaxes spécifiques ou une même formation du mot). Apparemment, beaucoup de ces attentes linguistiques ont été déçues.
"Les origines linguistiques du basque" de Michel Morvan aux P.U.B., bien que parfois difficile d'approche pour des non spécialistes, offre justement une enquête aux sources de ces langues de la frange orientale de l'Eurasie et permet de relativiser la notion d'isolement de l'euskara.
cordialement,
Hervé.
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En fait cette question m'est venue en repensant à la théorie (certes très peu partagée) de Dennis Stanford et Bruce Bradley. Ces spécialistes supposent que des gens sont partis de chez nous pendant le solutréen et sont arrivés en amérique du nord en emportant avec eux la technique de taille en retouche couvrante. Cette technique diffusée plus tard sur le continent est connue maintenant sous le nom de "pointe de clovis".
Si jamais leur théorie avait un fondement, on pourrait raisonnablement supposer qu'il pourrait rester quelques mots du langage que ces voyageurs auraient emporté avec eux, même s'ils furent dilués dans ceux des autres peuples rencontrés sur place.
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J'avais vu sur la cinquième un documentaire sur cette hypothèse. Elle me paraît farfelue sur deux points :
_ dire que le clovissien a été développé par des préhistoriques de technologie soutréenne ne résiste pas à l'argument chronologique : le Solutréen est antérieur de plusieurs milliers d'années au Clovissien
_ l'hypothèse prévoit une arrivée sur le continent américain par la banquise de l'Atlantique nord : c'est absurde, l'archéologie prouve qu'au contraire, les populations refluent vers les zones les plus tempérées lors des reprises glaciaires, notamment le quart sud-ouest de la France et le nord de l'Espagne. Il n'est pas logique de penser que des tribus vont partir vers le froid, sur la banquise sur des milliers de kilomètres, sans but, sans bois pour faire du feu. Pourquoi aller vers les pires conditions alors que l'on à l'habitude par ailleurs d'aller vers le meilleures? C'est un non sens.
Plus rationnellement, l'apparition de technologies similaires en plusieurs coins du monde et à plusieurs époques sans contacts préalables est un phénomène relativement habituel de la lignée humaine, l'exemple le plus couramment mis en avant étant la construction en pyramide, mais aussi le mégalithisme qui s'est étendu de l'Irlande au Japon. La retouche bifaciale par pression permettant d'obtenir des pointes redoutables pour la chasse (puis des poignards) est apparue à plusieurs reprises, d'abord au Solutréen en France, ensuite au Clovissien en Amérique, mais elle réapparaît bien plus tard au Néolithique et au Chalcolitique dans de nombreux points du globe et persiste jusqu'au 20ème siècle dans certaines zones, comme en Australie ou les aborigènes récupéraient les isolateurs électriques ou les tessons de verre en guise de matière première pour l'obtention de pointes de flèches.
Il faut croire que l'aboutissement à cette technologie est lié à un enchainement logique, depuis un fond technologique commun et une connaissance poussée des matériaux; après tout, dès le paléo moyen, les populations tendaient à l'obtention d'outils bifaciaux et harmonieux, voire symétriques (la symétrie n'étant pas forcément utile à l'usage).
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"Langues et gênes : les Basques un cas à part ?" tel est l'intitulé d'un colloque tenu en 2003 à Bayonne, dont voici la page explicative : http://www.iker.cnrs.fr/Colloques/2003_09.htm
Les cinq contributions y sont téléchargeables dans leur intégralité.
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Certains exposés de ce colloque sont intéressants, notamment celui de Jean-Marie Hombert, mais je ne suis pas du tout d'accord avec les conclusions que certains en tirent, toujours dans le même sens, celui de refuser toute parenté extérieure au basque. B. Oyharçabal qui reprend (sans me citer) un exemple de mauvaise analyse du basque ukondo "coude" par le linguiste américain J.D. Bengtson que j'ai publié en 1997 dans la revue Fontes Linguae Vasconum a raison de stigmatiser les erreurs grossières des omni-comparatistes comme je le fais moi-même. Est-ce que cela veut dire pour autant que le basque n'est apparenté à rien? Certainement pas. Il y a chez certains linguistes français une position de principe anti-comparatiste qui me paraît de mauvais aloi.
Dernière modification par Euskaldun (2006-02-21 18:26:21)
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Attila a écrit:
Bonjour Euskaldun,
Dans quelle mesure la langue basque est-elle proche de certaines langues amérindiennes, par rapport aux langues cousines du basque de notre continent Eurasien que vous citez?
Voici une question courte mais vaste !
J'ai entendu dans une émission archéologique récente que les Solutréens, venus du Sud-Ouest de la France à l'époque des glaciations (il y a 16 000 ans) auraient été les premiers conquérants du continent américain dans des embarcations comparables à celel sdes eskimos d'Alaska.
Se peut-il que les Solutréens parlaient le proto-basque ? Dans ce cas le protobasque serait aussi la première langue d'Amérique...
Frederic
PS : je suis assez sceptique concernant l'hypothèse d'Euskaldun selon laquelle le proto-baque antique serait identique au basque. Cela supposerait que cette langue n'ait jamais évolué en plus de 2000 ans, ce qui n'arrive à absolument aucune langue - pas même aux langues des chasseurs cueilleurs amazoniens les plus isolés. Une langue qui n'évolue pas serait une langue morte. A mon avis il est légitime de distinguer le proto-basque du basque, comme le latin de ses dérivés actuels (roumain, français, espagnol etc), comme le grec ancien du grec moderne, comem le slavon de ses dérivés (russe, serbo-croate, etc)....
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Cette théorie présentée comme évidente dans le documentaire est très très discutable.
La seule similitude entre la pointe de Clovis et la feuille de laurier Solutréenne ne saurait justifier ce rapprochement totalement hasardeux.
Sur un autre forum (futura archeologie & paleontologie) vous pourrez trouver des échanges très intéressants sur ce sujet.
http://forums.futura-sciences.com/thread65461.html
http://www.pbs.org/wgbh/nova/transcr..._stoneage.html (texte du documentaire (en Anglais)
sinon deux autre sites pour vous faire une opinion :
http://www.artslivres.com/ShowArticle.php?Id=13
http://www.vivamexico.info/Index1/Peuplement.html
Pour ce qui est du Basque première langue Américaine, .... c'est particulièrement audacieux non ?
Eric
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Quand bien même l'Amérique aurait été d'abord peuplée par des hommes de race blanche comme le prétendent certains (ce qui arrangerait bien les Blancs actuels idéologiquement ), ils n'auraient représenté qu'une toute petite minorité en comparaison de l'arrivée massive des proto-mongoloïdes venus d'Asie et devenus les Amérindiens.
En ce qui concerne le basque je n'ai jamais prétendu qu'il n'évoluait pas, mais certainement beaucoup moins vite que les langues indo-européennes récentes auxquelles nous sommes sans doute trop habitués. Le basque a eu la chance de rester très longtemps isolé (de plus il a bénéficié, chose rarissime, de la bienveillance des Romains qui lui ont permis ainsi sans le vouloir de parvenir jusqu'au XXIe siècle alors que les autres langues antiques pourtant dotées d'une écriture comme l'ibère ou l'étrusque ont complètement disparu). Il n' y a pas de raison de penser que les langues évoluent plus vite que l'homme et ses techniques. Or pendant la préhistoire qui s'est étalée sur des centaines de milliers d'années (paléolithique) l'évolution était extrêmement lente. Elle ne s'est accélérée que récemment, depuis l'apparition de l'agriculture et des techniques modernes. Tout ceci étant relatif bien sûr. Comme nous savons que le basque est beaucoup plus ancien que les langues indo-européennes, il y a de fortes chances pour qu'il nous livre un état de langue relativement stable. Toutes les langues n'évoluent pas à la même vitesse.
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Euskaldun a écrit:
(de plus il a bénéficié, chose rarissime, de la bienveillance des Romains qui lui ont permis ainsi sans le vouloir de parvenir jusqu'au XXIe siècle alors que les autres langues antiques pourtant dotées d'une écriture comme l'ibère ou l'étrusque ont complètement disparu).
Bonjour,
Je ne veux pas avoir l'air de couper les cheveux en quatre, mais je voudrais préciser que la "bienveillance" des Romains ne me paraît pas du tout "rarissime". L'empire romain était une structure très décentralisée, qui laissait les élites locales se gérer elles-mêmes. Ce qui est normal : à la différence des Etats modernes il n'avait pas le pouvoir de contrôler ses sujets.
Aussi, on peut noter que de nombreux peuples dominés par les Romains ont conservé leur langue : l'Orient hellenisé depuis Alexandre le Grand n'a pas cessé de parler grec (langue de culture) et araméen (langue de commerce) voire localement syriaque. L'Afrique du Nord à l'époque de Saint Augustin (bas empire) parlait encore punique. Si les Celtes, les Ibères, et les peuples italiotes ont abandonné leur langue, c'est plus par mimétisme des élites qu'en vertu d'une politique d'assimilation linguistique des Romains. Il n'est donc pas très étonnant que la partie la plus rurale de la population protobasque ait continué à parler sa langue, et, dans sa partie montagneuse (la Navarre) elle ait continué à la parler au Moyen Age malgré le pouvoir de l'église et les grandes invasions. La même chose est arrivée aux Berbères dans les montagnes de Kabylie. Mais cela n'est pas lié à une bienveillance des Romains. J'écris cela évidemment sans dogmatisme, et sous réserve de contre-arguments qui pourraient être apportés.
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Cher administrateur,
J'avais lu ces 2 articles dans la Pour la Science à leur parution
Je ne suis pas archeologue , ni historien : à la lecture de certains sites, il semble que cette théorie ne soit pas acceptée par tous les spécialistes. Qu'en est il vraiment ?
Pour ce qui me concerne, cette théorie m'interesse.
Aussi, n'étant pas basque, j'aimerai connaitre dorénavant un peu plus cette culture, par exemple ce qui concerne la mythologie : ces "vascons", ces "proto-basques", à quoi croyaient t ils ? Qu'y avait il pour eux après la mort ? Comment appréhendaient is les 4 points cardinaux ? etc...
Que sait on de la mythologie basque (avant l'arrivée du christianisme) ?
Merci beaucoup d'avance
paul
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Pour compléter les messages précédents (et cela va dans le prologement des questions que pose mon prédécesseur sur la culture protobasque), j'observe que la revue dont il est fait la publicité sur ce site (http://www.archeolandes.com/forum/viewtopic.php?id=129) et qui fait le bilan des découvertes archéologiques en Béarn et Bigorre dans son chapitre sur le Second âge de fer ne dit pas un mot des Proto-basques ou des Vascons et s'en tient à la thèse traditionnelle selon laquelle le Sud-Ouest de la France est avant tout celtibérique (d'ailleurs les patronymes d'Iluro et Elimberris pour ne prendre que ces exemples y sont référés à l'ibère et non au protobasque).
En revanche le chapitre insiste sur la communauté de civilisation qui unit le flanc nord au flanc sud des Pyrénées.
Alors cette civilisation était-elle ibérique (ou celtibérique) ou proto-basque ?
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Attention de ne pas mélanger ibère et celtibère. Les Celtibères étaient des Celtes qui ont occupé la moitié ouest de l'Hispanie: par exemple Conimbriga au Portugal était un toponyme celtique, devenu Coimbra. Les Ibères au contraire occupaient la moitié est et ils ont laissé des toponymes comme Iliberri "ville neuve" interprétables par le basco-aquitain. Mais c'est une exception. On ne sait pas si le basque et l'ibère sont apparentés. Cela vient du fait que les phrases ibères sont d'un seul tenant, les mots n'étant pas séparés les uns des autres.
En ce qui concerne la mythologie basque, on n'en sait pas grand chose: on sait cependant qu'avant le christianisme les Basques avaient un dieu nommé Urcia qui signifie "le ciel" (basque actuel ortz). Il est probable que ce soit l'équivalent de Jupiter, puisque le nom du jeudi est formé en basque par ortz-egun "jour du ciel" comme chez les Romains (Jovis dies). Ils avaient aussi un "premier dieu" appelé Leheren qui pourrait être l'équivalent du dieu Mars. Pour le reste les Basques divinisaient la nature, les rivières (il y avait par exemple un "dieu de la rivière rouge", Baigorri). Ils pratiquaient aussi le culte de l'ours qui est à l'origine du Basajaun "seigneur de la forêt".
Les cimetières basques ont des stèles rondes sur lesquelles figurent le soleil, la lune et les étoiles (ou la croix basque à virgules qui n'est qu'une variante de la svastika).
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je ne sais pas ce que ça vaut, mais je viens de retrouver ceci, chez Txomin Peillen :
"même si nous observons la survivance de cultes universels préhistoriques tels ceux de la terre (Amalur ou déesse-mère) de ces deux filles Eguzki "soleil" et Ilargi "lune", plusieurs carctéristiques de la mythologie basque l'éloignent totalement de celle des indo-européens. (...) Dans la société païenne basque, il n'y avait pas de cergé : la religion était transmise par les femmes, permanentes du foyer et le culte des morts reste encore leur apanage de nos jours. Ce rôle religieux des femmes explique sans doute la bonne conservation de notre mythologie puisque dans notre siècle les grand-mères surent, récemment encore, faire saluer le soleil et la lune par leurs petits-enfants
Eguzki amandere
zato egun bezala bihar ere
Aïeule soleil
venez demain comme aujourd'hui (vous fîtes)".
Pour un bon aperçu de la mythologie basque, vous pouvez vous référer à cette page : http://jarailet.club.fr/html/mytho1.htm
Il faut savoir en outre que les survivances païennes ont été bien réelles jusqu'au XIXe siècle, non seulement au Pays Basque, mais aussi dans la Grande Lande, riche en légende et de créatures étranges, ainsi qu'en tradition bien païennes, parfois christiannisées en surface (la Croix de St-Jean, rites autour des sources ou de certaines grottes, le Mai etc...). Ce n'est pas pour rien que les plus grand procès en "sorcellerie" en France eurent lieu sous l'Ancien Régime en Pays Basque et Gascogne!
Pour en revenir à l'article de Fabres sur les peuples de l'Aquitaine subgaronnaire, c'est un essai de synthèse qui a le mérite d'exister, même s'il demeure "léger" quant à l'évocation des protobasques. L'intérêt majeur de cet article est de souligner la complexité des notions de peuplement pour les Ages du Fer dans cette partie de l'Hexagone où les influences furent probablement nombreuses, sur un reliquat de populations (peut-être) issues dans leur culture et leur langue, de la période pré-indoeuropéenne, pour ne pas dire de la Préhistoire. Je conseille à tout ceux que la notion de peuplement pré-antique en Aquitaine intéresse, de se référer aux différents articles de Jean-Pierre Bost, notamment celui publié dans L'Adour maritime de Dax à Bayonne, ("Dax et les Tarbelles"), mais aussi de consulter le numéro 12 d'Aquitania (1994), actes du colloque d'Agen L'Age du Fer en Europe sud-occidentale, notamment l'article d'Yves Roman intitulé "Les Celtes, les sources antiques et la Garonne" et en complément "Protoceltes et Celtes en Péninsule ibérique" de M. Almagro-Gorbea, "Celtiberos en el valle del Ebro" de F. Burillo Mozota, "Celtes, culture, contacts : confrontation et confusion" de John Collis et "Les Celtes et l'Occident : quelques remarques" de Michel Bats.
Quant aux Vascons, se référer aux deux articles du médiéviste Guilhem Pépin, publiés dans le Bulletin de la Société de Borda :
"Les Aquitains et les Gascons au Haut Moyen Age : génèse de deux peuples"
"Les Aquitains et Gascons au Haut Moyen Age : l'affirmation des deux peuples"
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Juste un rappel concernant le soleil: il est féminin dans plusieurs cultures ou langues. Au Japon, c'est Ama-terasu-o-kami "la grande déesse qui brille dans le ciel". Et même en allemand le soleil est "die Sonne" au féminin alors que la lune, der Mond est au masculin.
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