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"Le site archéologique de Roquelaure dégradé
Patrimoine. Un chantier a débuté le 11 août sur cet important oppidum. Ce week-end, il a été visité.
LaDepeche.fr | 26 Août 2008 | 09h23
Philippe Gardes ne décolère pas. Au bord du chantier de fouilles qu'il supervise à Roquelaure, cet archéologue de l'INRAP1 regarde les dégâts. Ils sont l'œuvre de « clandestins qui sont passés ce week-end avec des poêles à frire », suppose-t-il. Poêle à frire est le petit nom du détecteur de métaux, objet dont l'utilisation est strictement réglementée. La loi prévoit en effet que pour « utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie », il faut obtenir une autorisation délivrée par le préfet de région après avis de la DRAC. Sans cela, le détecteur s'expose à une contravention de cinquième catégorie. Rares sont ceux qui le font. Outre le fait qu'ils privent le chantier d'objets intéressants, ces « chercheurs de trésor » enlèvent les monnaies qui aident à dater les couches archéologiques et brouillent celles-ci.
sous surveillance
Ce chantier a ouvert le 11 août mais l'équipe n'a atteint les niveaux archéologiques que la semaine dernière. « Je n'étais pas rassuré alors dimanche j'ai demandé à quelqu'un d'aller faire un tour sur le site », raconte l'archéologue. Les bâches recouvrant les deux excavations étaient ôtées. Les archéologues ont comptabilisé une trentaine de petits trous, profonds d'une dizaine de centimètres. Peu ou prou la capacité des détecteurs. Dans l'un d'eux gisait une amphore. Elle a été mise de côté « pour atteindre ce qu'il y avait en dessous » et remise en vrac. Plus loin, un clou de fer est posé à côté d'un trou. « Ces gens-là cherchent des objets en bronze qu'ils vont vendre », s'énerve Philippe Gardes. L'archéologue a porté plainte auprès de la gendarmerie d'Auch. Philippe Comeille, le propriétaire du terrain, est tout aussi démonté. « Pour leur bien-être, ces égoïstes ont saccagé le travail de jeunes qui font ça bénévolement », dit-il. Cet agriculteur s'est pris d'intérêt pour l'archéologie, comme son oncle, véritable passionné. Ce n'est pas la première fois qu'il y a des visites en douce. « Des gens avec des détecteurs de métaux, j'en ai sortis beaucoup, gentiment », se souvient-il, « ils viennent de Toulouse, de Pau… A partir de maintenant, je ne veux plus une seule voiture ici », dit-il, « c'est dommage car j'avais rencontré des gens intéressants, qui venaient simplement visiter ». Ce chantier n'est pas le premier à être dégradé dans le Gers. Désormais, les archéologues ne laisseront plus le site sans surveillance. Ils y camperont chaque nuit et chaque week-end. F.R.
1. Institut national de recherche en archéologie préventive.
Six siècles d'histoire sur un lieu majeur
Connu depuis deux siècles, recensé dans la carte archéologique du Gers, le site de Roquelaure a fait l'objet de fouilles importantes dans les années 1960. Elles ont notamment livré l'impressionnant pan de peinture murale (un Bachus grandeur nature) exposé au musée d'Auch. Un nouveau programme a débuté en 2006 et court jusqu'en 2010. Financé par l'Etat, le conseil général et l'université Toulouse Le Mirail et mené par l'INRAP à raison d'un mois par an, il porte sur « l'oppidum protohistorique et la domus augustéenne ». « C'est la première fouille depuis cinquante ans sur les Gaulois », souligne l'archéologue Philippe Gardes.
Car en moins de deux mètres de terre se succèdent six siècles d'Antiquité, de 600 avant Jésus-Christ aux environs de J.-C.. Trois grandes phases d'occupation ont marqué l'endroit, de -600 à -500, de -150 à -50 puis l'époque de la villa, la plus connue. « Ce bâtiment est une anomalie, il est très précoce, très grand et sur une hauteur », lance l'archéologue qui hésite entre plusieurs hypothèses : l'habitation d'un aristocrate ou bien un lieu de pouvoir, militaire notamment. « Les plans de villa et de prétoire étaient les mêmes », dit-il. Ce bâtiment a longtemps été conçu comme isolé mais il aurait en fait été installé dans une petite ville, rare structure en dur au milieu de terre et bois. Si ce nouveau chantier s'intéresse à la villa, il veut voir plus loin, vers les vestiges gaulois enfouis plus profondément. Il a fallu attendre 2006 pour se rendre compte de leur existence. Plus fragiles, ceux-ci ont laissé des traces plus difficiles à déceler : sols de terre battue, trous de poteaux.
Outre les structures, ces premières campagnes de fouilles ont permis d'exhumer quelques objets : des céramiques, quelques objets en bronze, des bijoux en pâte de verre, un rare dé romain en os, des morceaux de mosaïques et des fragments d'enduits peints. Les dépotoirs (très précieux pour les archéologues) ont également révélé de grandes quantités de graines, blé, orge et petits pois. Une spécialiste interviendra ces prochains jours. Le travail des archéologues ne s'arrête pas aux fouilles. Les objets partent à Toulouse où ils sont étudiés. Car le but est de comprendre l'organisation des lieux et la vie des Gersois antiques. Philippe Gardes espère à terme organiser une exposition dans le Gers. F.R."
http://www.ladepeche.fr/article/2008/08 … grade.html
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Dire que j'ai été voir ce site en mai de cette année, à l'invitation de P. Gardes... Déjà, il déplorait le passage régulier de pilleurs armés de détecteurs dans ce coin de la campagne gersoise. Un coin tranquille, trop tranquille!
Les personnes qui sont passées ce week-end piller ce site en cours de fouille savaient très bien ce qu'elles faisaient. C'est, excusez-moi le mot, dégueulasse : il s'agit d'un site fortifié de l'age du Fer, romanisé très tôt et abandonné sans doute au profit d'Auch au début du Haut Empire. Tout objet métallique volé sur ce site est un vrai désastre pour la compréhension du peuplement sur la durée et du niveau d'équipement des populations installées-là. On connait mal l'age du fer dans le Sud-Ouest sub-garonnaire, les populations qui y vivent (non celtes ou non gauloises, comme on veut). On sait qu'elles ont des liens au moins économiques, peut-être culturels ou ethniques avec celles des Pyrénées et du nord de l'Espagne : toute découverte de monnaie du deuxième age du fer doit être IMPERATIVEMENT signalée (toute découverte intéressant l'archéologie de toute manière est tenue d'être signalée). Dire que tout ça, c'est pour revendre ou empiler dans des vitrines privées...
Un site majeur de plus à faire les frais d'individus irresponsables et qui, espérons-le, paieront chèrement leur forfait. Rappelons-le, le site de Biganos a été pillé le week-end précédent. Il y a deux ou trois ans, c'est le village gaulois de Lacoste qui était régulièrement visité par des indélicats et leur poêle à frire.
Hervé.
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Encore pire que le pillage, il y a la négation de pillage et la désinformation : je viens de voir sur un forum prétendre que rien ne prouve que ce qui s'est passé dans le Gers est vrai et que des fouilleurs du site sont à soupçonner! On croit rêver! Et comme d'habitude, on retrouve les mêmes inepties sur des archéologues véreux, prouvant la méconnaissance du fonctionnement de l'archéologie par ceux qui s'abaissent à ces accusations (sans référence, comme toujours, si ce n'est le "on m'a dit que" ou "le copain d'un ami a vu que"). A ce que j'ai pu lire, certains se plaignent de voir des collections chez d'anciens archéologues (si c'est vraiment le cas et non des pilleurs se faisant passer pour ce qu'ils ne sont pas). Si des collections existent chez des particuliers, pourquoi pas s'il s'agit d'objets ayant été déclarés et publiés et tenus disponibles à la demande pour étude compélmentaire et conservés dans des conditions optimales. Les objets ayant été trouvés en fouille avant les années 80 par des associations ou des amateurs éclairés sont parfois dans ce cas-là. Mais en quoi des personnes qui elles, trouvent et gardent des objets intéressant l'archéologie, ne les déclarent pas, les "restaurent" à coup de mirror ou de Frameto, peuvent se permettre de reprocher quoi que ce soit à ces particuliers-là???? C'est l'hôpital qui se fiche de la charité!
Il y a peut-être des archéologues véreux (et encore, il faudrait que ceux qui emploient le terme précisent ce qu'ils entendent par là), mais en quoi leur existence doit-elle être un argument pour injurier toute une profession?
Combien de ceux qui se permettent des accusations faciles en tout genre seraient prêts à travailler pour des salaires minables en rien en rapport avec le niveau d'étude? Combien serait prêt à continuer à travailler sous des conditions climatiques qui habituellement poussent les ouvriers du bâtiments à ne pas sortir sur des chantiers? Combien seraient prêts à travailler sous les injures des passants? Eh oui : des chantiers de fouilles où des automobilistes passent en proférant des injures aux archéologues ou des "feignants!" mal venus (ceux qui disent ça, j'aimerais les voir décaisser des mètres cubes de terre en plein soleil en été), ça existe. Combien seraient prêts à accumuler les CDD sans être sûr d'être pris en CDI un jour, tout ça au nom d'une passion? J'en connais qui l'on fait dix ans avant d'être titularisé.
L'archéologie n'est pas une science parfaite, il y a des dysfonctionnement et une administration pas toujours souple. Elle n'est pas rapide non plus et avec le développement de l'archéologie préventive, les délais de publication des fouilles de sites se sont considérablement rallongés (à présent plusieurs années). Les méthodes de fouilles employées dans le préventif sont parfois discutables, mais avec peu d'archéologues (vous en connaissez beaucoup des professions où chaque année l'État plafonne les recrutements?), on ne peut faire autrement (les fouilles programmées tirent plus souvent leur épingle du jeu avec un recours modéré à la pelle mécanique et une main d'œuvre plus nombreuse par chantier). Mais ce n'est en rien suffisant pour se permettre d'écrire tout ce que j'ai pu lire sur les archéologues.
Pour en revenir au pillage de Roquelaure, le site a déjà été régulièrement visité les années précédentes et ce qui vient d'arriver n'est malheureusement que l'enchainement logique : les pilleurs savent qu'il y a un site, ils attendent sagement que le site démarre et une fois que le sol est bien propre (eh oui, les pauvres pilleurs, ils se fatiguent vite, il ne faut pas avoir à trop creuser non plus!), ils interviennent. C'est ce qui s'est passé aussi à Biganos cet été... mais peut-être que certains diront complaisamment que là encore, il n'y a pas eu de pillage, que c'est de la manipulation? Avant de remettre en cause la véracité de ces pillages, il vaudrait mieux que ceux qui prétendent cela se remettent en cause eux-mêmes et apprennent à ne pas décrédibiliser aux yeux des archéologues, leurs collègues qui eux agissent dans la légalité, trouvent et déclarent et entretiennent des relations cordiales et durables avec les archéologues et ne ressentent pas le besoin de brasser du vent sur les forums de discussion spécialisés. Il y en a marre de les voir tenter de convaincre les novices, les indécis ou les mal renseignés que ce sont eux qui ont raison et que les archéologues sont l'ennemi à abattre.
Malheureusement, les pillages et la diffamation ne réussiront qu'à radicaliser des archéologues qui au départ demeurent ouverts sur bien des questions et constituent la majeure partie de la profession.
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