Forum d'Archeolandes

paru dans Sud Ouest du 26/05/05:
"SAINT-CESAIRE (17). --Le Paléosite, centre interactif dédié à l'homme de Neandertal et à sa dernière représentante , ouvrira ses portes demain
Pierrette à l'âge de pierre:Didier Faucard
En 1975 était mis au jour, sur le site de La Roche à Pierrot, à Saint-Césaire, petite commune située à quelques kilomètres de Saintes, un gisement préhistorique. De manière fortuite, lors de travaux effectués sur un terrain où se trouvaient des champignonnières. Un gisement sauvé de la destruction des engins par la grâce de deux hommes, Bernard Dubiny, préhistorien amateur mais avisé, et René Boucher, propriétaire du terrain, qui se laissa convaincre d'interrompre les travaux pour que des fouilles puissent avoir lieu.
Un bouleversement. Une décision que l'on sait, à présent, extraordinairement importante. Car, quatre ans plus tard, et alors que les fouilles allaient s'achever, des ossements humains étaient découverts dans un niveau dénommé castelperronien. L'étude de ces ossements n'allait pas tarder à bouleverser nombre de conceptions de la préhistoire. On identifia les restes, en particulier le crâne d'un néandertalien datant de 35 000 ans, dont on saura plus tard qu'il s'agit d'une jeune femme, approximativement âgée de 17 ans, et qui sera appelée Pierrette.
« Cela a été une véritable révolution dans l'approche de l'évolution de l'humanité. A ce niveau de fouille, jamais on n'aurait imaginé trouver un néandertalien. On le croyait réservé aux hommes modernes, les hommes de Cro-Magnon, puisque les néandertaliens étaient censés avoir disparu 5 000 ans plus tôt », indique le professeur Bernard Vandermeersch, spécialiste mondialement reconnu de Neandertal. « La nouvelle a fait l'effet d'une bombe. La revue américaine "Nature", qui est la référence suprême, en a fait sa une. Un collègue américain qui n'y croyait pas est venu spécialement pour cela et a dû se rendre à l'évidence », poursuit-il.
Des questions. La « naissance » de Pierrette, qui, pour l'anecdote, est morte des suites d'un choc reçu à la tête, s'est, bien évidemment, traduite par tout un lot de questions. « Questions dont nous n'avons pas encore les réponses », précise Bernard Vandermeersch. « Si Neandertal et Cro-Magnon ont vécu à la même époque, se sont-ils rencontrés ? Quels étaient leurs rapports ? Pacifiques ou pas ? Se sont-ils métissés ? Ou alors Saint-Césaire est-il une exception ? Pourquoi et comment les néandertaliens ont-ils disparu ?... »
Autant de questions que les visiteurs du Paléosite de Saint-Césaire pourront désormais partager avec les scientifiques. Ce lieu est né de la volonté des collectivités locales de mettre en valeur cette fabuleuse découverte. « Le premier à avoir eu l'idée et à défendre le projet est le propriétaire du terrain et ancien maire, M. Boucher », ajoute encore Bernard Vandermeersch, coprésident, en compagnie de Yves Coppens, du comité scientifique du Paléosite.
Interactivité. Le site qui ouvre aujourd'hui ses portes « n'est ni un musée ni un Disneyland », soulignent conjointement Didier Brennemann, responsable de la société Horizon qui l'a conçu, et Vincent Armitano-Grivel, directeur du Paléosite. Plutôt un centre interactif, basé sur des technologies de pointe, qui permet de découvrir de manière ludique, mais sur une véritable base scientifique, le monde de Neandertal.
La visite commence par la présentation du site du gisement originel, « où il n'y a plus rien à trouver depuis longtemps », note Bernard Vandermeersch. Et se poursuit à l'intérieur d'un bâtiment, véritable machine à remonter le temps où l'on part de l'origine de la création du monde pour, ensuite, découvrir Neandertal, ses caractéristiques dont une salle permet de les comparer aux nôtres : force, squelette, visage, cerveau... et son mode de vie, via un film de reconstitution.
Le parcours se poursuit ensuite en extérieur. Le visiteur est invité à partir, à son tour, sur les traces de la vie de Pierrette et des siens. Et, enfin, dans une ultime salle interactive où les thèmes abordés tout au long du parcours sont approfondis.
Neandertal « superstar » entend ainsi attirer « environ 100 000 personnes par an, lance Vincent Armitano-Grivel. Nous avons déjà 8 000 réservations en groupes et avons dû refuser 15 000 scolaires ». Enfin la reconnaissance pour notre ancêtre, longtemps délaissé au profit de Cro-Magnon."
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