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Bonjour
Pourriez-vous m'indiquer des éléments de bibliographie récents sur l'intinéraire romain entre Sanguinet (Losa) et Dax? les questions relatives à la situation exacte de Segosa (Mimizan, St paul en Born?), celles concernant Mosconum, ont-elles reçu des réponses précises?
J'avoue ne pas trouver d'informations récentes sur cet itinéraire.
Salutations
Bertrand
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Bonjour,
force est de constater que la plupart des références bibliographiques sur les deux voies romaines de l'ouest landais remontent déjà à une bonne vingtaine d'années :
_ Emprise du « Camin Arriou ». Par R. Lalanne. Paru dans le Bulletin de la Société de Borda en 1978.
_ Voie romaine en pays de Born. Par S. Barrau et J. Bourden. Paru dans le Bulletin de la Société de Borda en 1979.
_ Aperçu sur la voie romaine Bordeaux-Dax par Salles. Par B. Boyrie-Fénié. Paru dans le Bulletin de la Société de Borda en 1983.
_ Auguste, la Gaule et les routes de l’Aquitaine : la voie « directe » de Dax à Bordeaux. Par J.-P. Bost et B. Boyrie-Fénié. Paru dans le Bulletin de la Société de Borda en 1988.
Plus récemment, un chapitre entier est consacré au réseau viaire antique dans cette partie de l'Aquitaine dans :
_ THIERRY (François), Archéologie en Buch et en Born, Arcachon, 2002.
En 1998, Bernard Maurin dans "3000 ans sous les eaux", monographie grand public sur le site de Sanguinet, ne fait queffleurer le sujet, en livrant quand même une carte de localisation des deux voies.
A évoquer aussi une publication que je n'ai pas lu, mais qui doit être intéressante :
_ Une station sur la voie littorale : Segosa. Par François Thierry. Paru dans les Actes du colloque d'Arcachon "Le littoral gascon et son arrière pays" en 1990, Soc. Historique et Archéo. d'Arcachon et du Pays de Buch.
Ne pas oublier non plus la Carte archéologique de la Landes-Les Landes (par Bénédicte Boyrie-Fénié), où la question des routes antiques est abordée en introduction.
S'il y a des certitudes, elles concernent la localisation des stations de Losa (à Sanguinet) et de Segosa (à Saint-Paul-le-Vieux, commune de Saint-Paul-en-Born). Pour Mosconnum, c'est dur à dire, probablement du côté de Castets. Quant aux stations de la voie intérieure, il ressort depuis quelques années que Salomacum/Salomagus ne peut en aucun cas être identifé à Salles, ce toponyme ne découlant en rien du toponyme antique précité (ce qui résoud d'ailleurs des incohérence liées aux distances). Pour le reste, on localise généralement Telonnum quelque part à l'ouest de Pissos et Coequosa à Sindères.
Voilà tout ce que je peux vous en dire.
cordialement,
Hervé.
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Merci pour votre réponse. Comme vous le constatez, la somme des connaissances publiées est assez ancienne, et se trouve déjà sur votre site, d'ailleurs. Peut être que de nouvelles et fortuites découvertes relanceront l'intérêt pour ce tronçon de voie?
salutations.
Bertrand
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Archeolandes indique que salles ne peut pas être le salomacum.
Merci de developper l'argumentation qui permet d'arriver à une telle conclusion.
Meilleurs sentiments.
Sourdouille
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bonjour,
Il est vrai que pendant des générations, la plupart des érudits ont assimilé la station antique de Salomagum ou Salomacum mentionnée dans l'Itinéraire d'Antonin (vers 360-365 ap JC) à la ville actuelle de Salles simplement pour deux raisons :
_ Salomagum est au sud de Burdigala/Bordeaux
_ les deux toponymes ont la même consonance au début
C'est très maigre, d'autant que dans la microtoponymie (les lieux-dits), on se rend vite compte que "Salles" ou "Salle" n'est pas rare.
La linguiste Bénedicte Boyrie-Fénié précise dans la réédition de son ouvrage Toponymie gasconne qu'il s'agit d'un
toponyme médiéval d'origine francique.
Michel Morvan, autre éminent linguiste, précise les choses dans Noms de lieux du Pays Basque et de Gascogne en affirmant que
ce terme d'origine germanique (sala) signifie "maison noble, résidence seigneuriale". Il est très bien représenté en Aquitaine (...)
Cet auteur évoque néanmoins le doute concernant le Salles girondin à cause de l'assimilation habituelle avec Salomacum. Mais au regard de la liste des autres Salles, le doute n'est plus permis, d'autant que l'histoire s'en mêle.
L'historien antiquisant Jean-Pierre Bost, spécialiste de l'Aquitaine romaine (notamment de la question de axes de circulation), écrit dans un article récent de la Société de Borda (En marge du pélerinage de Compostelle : la route et les héros de Roncevaux. 2e trimestre 2007, n°486) :
pour d'évidentes raisons philologiques, il est clair que Salomagus, toponyme gallo-latin, ne peut pas avoir donné Salles qui, même ancien, n'en est pas moins roman. La "clairière aux saules" ou le "marché du sel" qui était une étape de l'Itinéraire se trouve donc ailleurs.
Il donne ensuite deux localisations possibles, au sud de Belin, bien plus cohérentes quand on voit l'ensemble du tracé supposé : si la voie passait par Salles, elle obliquerait de manière absurde vers l'ouest, rallongeant d'une part le trajet et la rapprochant sans raison de la voie côtière d'autre part (qui passe, rappelons-le par Lamothe-Biganos). D'un point à un autre, les antiques allaient généralement au plus rapide.
En tout cas, cet exemple montre à quel point les universitaires sont prêts à évoluer dans leurs raisonnements, contrairement à ce que certains voudraient faire croire. En effet, B. Boyrie-Fénié ou J.-P. Bost avaient par le passé repris à leur compte le raccourci toponymique Salomagum=Salles. Ils ont aujourd'hui changé d'optique après avoir poussé plus loin la réflexion : un bel exemple d'intégrité scientifique.
cordialement,
Hervé.
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merci pour la réponse (rapidité y compris).
je profite de l'occasion pour remercier les initiateurs et les animateurs du site.
Meilleurs sentiments.
Houdyseouze
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Salomagus aurait donné Salom/Saloum, tout comme Condatomagus a donné Condom.
Condatom(agus)>Con(a)dom>Condom.
(-nd->n)
Ou alors directement d'une altération Condomagus.
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bonjour Was,
bien vu pour la comparaison. Effectivement, si le relais routier de Salomagus était devenu une bourgade, on aurait très bien pû imaginer une évolution du toponyme calquée sur l'exemple donné. Une piste de recherche? Pourquoi pas : il reste à consulter la microtoponymie de la zone frontière entre les Landes et la Gironde autour de l'A10/N10, à partir du Cadastre Napoléonien (beaucoup de toponymes ont disparu depuis), à moins que cela n'ait déjà été fait.
cordialement,
Hervé.
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