Forum d'Archeolandes

Salut Banban!
je suis bien placé pour répondre à ta question, non en archéologue (en tant qu'archéologue associatif, ça ne compte pas!), mais en compagnon d'une archéologue. CDD à l'INRAP, sa vie est celle de beaucoup d'autres. A savoir qu'elle est amenée à se déplacer au gré des chantiers préventifs (du sud-ouest en l'occurence); elle part le lundi matin et rentre soit le vendredi soir, soit le jeudi soir (RTT oblige!). Le logement se fait donc à proximité du chantier : certains prennent des gîtes à plusieurs, d'autres choisissent l'hotel; il y en a même qui dorment dans leur véhicule (genre combi volkswagen, par exemple). Les plus chanceux sont ceux qui habitent à proximité du chantier et peuvent rentrer le soir et avoir ainsi une vraie coupure. Il n'est pas facile pour beaucoup de fonder une famille avant une trentaine d'années. Au niveau médical, c'est un travail usant sur deux points : physique et mental. Physique parce que le dos et les articulations trinquent : direction selon les moyens le rebouteux, l'ostéo ou le kiné. Mental, parce qu'on est isolé affectivement 5 jours sur 7, toujours entre collègues, en plus à parler forcément boulot...Apparemment, les problèmes d'addictions ne sont pas rares pour compenser :alcool, hashish...Heureusement, de vraies amitiés peuvent aussi naître sur les chantiers, comme dans tous les boulots. C'est un job de passionnés, mais la passion a tendance chez certains à s'amenuiser au fil des années. L'évolution interne se fait de la manière suivante : on est embauché en technicien de fouilles; si on prouve ses compétences,on peut être amené à devenir plus ou moins rapidement responsable de secteur (on gère une partie du site et des fouilleurs). Enfin, au bout de quelques années, on peut devenir responsable d'opération, c'est à dire chef de chantier. Mais c'est un parcours du combattant,les jalousies et les mesquineries ne sont pas rares (il y a des jobs comme ça où celui qui s'élève ou cherche à le faire devient forcément suspect pour ceux qui n'ont pas cherché à le faire). Il faut avoir un moral à toutes épreuves. ll faut rajouter que l'évolution peut se faire aussi vers le coté bureaux,pour une gestion de l'archéologie en amont ou en aval des chantiers. Tout au long de la carrière, on peut adapter son temps de travail si on a une famille (on travaille pas à 100% quoi).
Bref, il faut s'accrocher. Mais quand on est solide mentalement et physiquement, qu'on sait ce que l'ont veut, qu'on est indépendant, c'est un job extra. En plus, tu te ballades avec une super tenue hyper sexe...non, je déconne, les pantalons trop larges, les gilets fluos jaunes et les casques de chantiers, c'est vraiment pas top!
Je pense que mon INRAPienne favorite mettra un mot ici ce week end (elle est sur un village gaulois dans l'est de la Gironde depuis sept mois).
amicalement,

Hervé
PS : ça se passe bien à Pau?

Salut !
La description que fait Hervé du travail en archéologie préventive est bonne, et il sait de quoi il parle, il faut bien qu'il me supporte quand je rentre le weekend et que j'ai du mal à déconnecter. En effet, il n'est pas toujours évident de tout gérer à la fois. C'est un métier passionnant, qui te fait rencontrer des gens supers mais il y a aussi des contraintes. Question pécunière, quand tu es embauché, tu touches un salaire brut de 1475 euros à quoi s'ajoutent les défraiements pour le transports, les repas et l'hébergement. Les remboursements se font actuellement au forfait, ce qui est très avantageux (mais il semble que les choses risquent changer d'ici peu) : tu peux donc ajouter à ton salaire 45 euros par nuit ainsi que 15 euros par repas. sache que tu as deux possibilités : soit tu es en déplacement quotidien, auquel cas seuls tes frais de route sont remboursés ainsi que ton repas du midi ; soit tu es en grand déplacement, tu touche alors les 45 euros de la nuit, 2x15 euros pour les repas et ton trajet de début et fin de semaine. En bref, tu touches généralement autour de 2000 - 2500 euros par mois.
Fais toutefois attention, même si tu te sens fort tant physiquement que moralement, tes nerfs sont mis à rude épreuve parce que tu travailles et tu vis avec les mêmes personnes : 24 heures sur 24 avec des gens que tu peux apprécier ou non, surtout que quand tu choisis un logement collectif en début de chantier, tu ne sais pas trop sur qui tu peux tomber. Personnellement, au bout de 7 mois et demi de chantier (c'est un chantier très long, c'est rare, et c'est pas plus mal), tout le monde est un peu à cran. Ca finit à la fin du mois, tant mieux !
Si tu as d'autres questions, n'hésite pas ou même si tu veux des précisions, je t'ai fait une réponse rapide mais je peux mieux faire si tu as besoin !
Marie

"Les remboursements se font actuellement au forfait, ce qui est très avantageux (mais il semble que les choses risquent changer d'ici peu)" Comment ça?

Merci pour toutes ces infos!