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Publié le 08/11/2011 08:57 | F. R.
L'isle-Jourdain. Dans les amphores, des milliers de pièces
C'est une découverte exceptionnelle. Trois amphores contenant des milliers de pièces de monnaie en bronze vieilles de 1700 ans, ont été découvertes lors de fouilles dans un champ à L'Isle-Jourdain. Le Gers avait déjà eu son trésor, il y a 26 ans, à Eauze.
« On savait qu'il y avait quelques débris de tuiles dans ce champ. Alors on est allés se promener là et on a trouvé des pièces en surface », raconte un des deux passionnés d'archéologie à l'origine de la découverte du trésor de L'Isle-Jourdain, il y a dix jours. Il y en avait environ 250. « ça laissait penser qu'il y avait quelque chose en-dessous. On a averti le Service régional d'archéologie, et eux se sont chargés de toutes les démarches », poursuit ce Lislois qui souhaite rester anonyme. C'était en début d'année mais le Service régional de l'archéologie (SRA) a attendu le week-end de Toussaint,après la moisson du maïs, pour fouiller le champ. Et rendre publique sa découverte hier.
Trois amphores, deux de 80 cm et une de 40 cm, contenant des milliers de pièces en bronze datant de la fin du IIIe siècle ont été mises au jour. Elles étaient couchées à moins de 40 cm de profondeur. Deux d'entre elles avaient été éventrées, peut-être par des socs de charrue, ce qui explique la remontée de pièces. Le maire lislois, Alain Tourné, ravi de cette découverte, a assisté à une partie de la fouille. « Qu'elles soient restées là, dans cet état et pas très profond, c'est extraordinaire », dit-il. Même sentiment parmi les membres du Groupe de recherches qui ont pu participer à la fouille. « C'était inattendu de trouver ça, un dépôt de cette importance», lance son président, Jean-Pierre Cantet.
Le SRA a emporté les amphores dans leur gangue de terre jusqu'à son laboratoire de Toulouse où le tout va être nettoyé, recensé, inventorié. On sait déjà que ces pièces datent des années 290 à 310 et ont été frappées à Rome, Londres, Lyon, Carthage ou Trèves (Allemagne). «On est sûrement là sur de gros domaines ruraux gallo-romains», avance le conservateur régional, Michel Vaginay. A une époque où L'Isle-Jourdain est sans doute un relais routier, un des riches propriétaires fonciers établis sur les coteaux, au-dessus des marécages aura thésaurisé et caché ses économies, suppose-t-il.
Après l'examen des pièce, qui devrait durer trois mois, une réunion publique se tiendra à L'Isle-Jourdain. « La commune souhaite que quelques-unes de ces pièces reviennent et soient exposées ici », explique le maire.
« C'est une découverte importante dans la mesure où des dépôts de ce nombre-là pour cette période-là ne sont pas fréquents », a expliqué le conservateur régional. Le Gers en compte pourtant un autre, découvert voilà vingt-six ans à Eauze...
source : http://www.ladepeche.fr/article/2011/11 … ieces.html
Publié le 09/11/2011 07:43 - Modifié le 09/11/2011 à 07:56 | Propos recueillis par F.R.
Le Gers, terre de trésors archéologiques
Les découvertes de trésors sont fréquentes dans le Gers mais peu aussi importantes qu'à Lectoure il y a une trentaine d'années, à Eauze en 1985, à L'Isle-Jourdain fin octobre.
Fin octobre, un chantier mené par le service régional d'archéologie a mis au jour trois amphores pleines de monnaies antiques à L'Isle-Jourdain. SRA alerté par deux passionnés qui avaient découvert des pièces dans le champ en début d'année (notre édition d'hier). Ce n'est pas la première fois que la terre gersoise révèle des trésors monétaires antiques, note Jacques Lapart, conservateur de l'archéologie et des objets d'art du Gers.
Deux trésors en vingt-six ans est-ce rare dans le même département ?
Oui et non. Pour la période historique qui correspond, les découvertes de trésors monétaires sont fréquentes dans toute la Gaule. Tous n'ont pas la même importance qu'Eauze : 28000 pièces, des bijoux… Mais ils sont nombreux dans le Gers.
De la même ampleur qu'à L'Isle-Jourdain ?
Il faudra attendre l'étude des spécialistes pour savoir combien il y en a. On pourrait faire une comparaison avec les trésors trouvés à Lectoure : 3000 monnaies dans l'un et 10000 dans un autre. A Lombez aussi, il y en a eu. Parfois c'était un dépôt de 500 pièces. ça dépendant de ce que les gens possédaient. A cette époque, il y a eu une série de troubles et les gens cachaient leurs richesses.
Le Gers est-il particulièrement riche en trésors ?
Le Gers a beaucoup de vestiges antiques mais à l'égal des départements voisins de tradition agricole. Et puis la route Toulouse-Bordeaux passait par Auch : le grand axe routier ne passait pas par la vallée de la Garonne. Et L'Isle-Jourdain est un site majeur. Quand on a fait la rocade, les fouilles archéologiques remarquables ont montré que c'était une petite ville étape routière passionnante.
Chacun peut-il imaginer en trouver dans son jardin et que faire dans ce cas ?
Savoir à l'avance où se trouvent ces caches est impossible. On peut supposer que les propriétaires n'étaient pas fous et cachaient ça dans des endroits discrets. L'idéal c'est qu'ensuite des archéologues professionnels comme Philippe Gardes à Roquelaure ou le SRA ici viennent sur le terrain parce que chaque cas est unique.
Dans les milieux historiques on doit être ravi…
Pour les amateurs d'histoire et d'archéologie, c'est toujours une très bonne nouvelle, surtout dans de bonnes conditions comme à L'Isle-Jourdain, où on va pouvoir étudier le trésor en entier.
L'Isle-Jourdain : les pièces étudiées une à une
Les amphores sont dans le laboratoire du SRA à Toulouse. Il va falloir déterminer si les pièces ont été mises en vrac ou emballées, puis sortir les monnaies une par une, les nettoyer, identifier chacune d'elles, explique Michel Vaginay conservateur régional d'archéologie. Un travail considérable. Une réunion publique avec les Lislois devrait intervenir après l'inventaire. Ensuite, le tout sera étudié. Impossible de savoir combien de temps cela prendra. Quant à la valeur, elle dépend de celle de l'ensemble et de celle de chaque pièce qui est fonction de son degré de conservation, d'usure, etc. Et pour la quantité ? « On ne peut pas extrapoler à partir du poids des amphores car il y a des monnaies à 10 grammes et d'autres à 5 grammes », poursuit-il. La fin du IIIe siècle était sujette à la dévaluation.
« Les dépôts de cette importance sont rares », souligne Michel Vaginay. Et cela l'est encore plus d'en découvrir deux, à vingt-six ans d'intervalle dans le même département, qui ont échappé aux poêles à frire. Comme Jacques Lapart, il souligne le fléau que sont les détecteurs de métaux utilisés par des chercheurs clandestins. A L'Isle, ils seront inutiles : tout le métal a été emporté et des sondages n'ont révélé que les murs arasés d'une villa. « Cela fait disparaître des quantités effroyables de métaux ; il y a un trafic européen », ajoute-t-il. Voilà pourquoi il a eu très peur rétrospectivement. L'équipe avait fait le « pari de la discrétion » mais sans connaître l'ampleur du trésor. Dépôt dont reste à déterminer le propriétaire. « Nous sommes en train d'éplucher les textes pour savoir à qui il appartient : le code du patrimoine, le code civil et les diverses jurisprudences », dit-il.
A la mairie lisloise, on laisse le SRA démêler l'écheveau mais on espère bien récupérer quelques pièces pour les exposer. « Et quand je dis quelques, ce n'est pas trois ou quatre », dit le maire Alain Tourné. « Il y a quand même deux écrins dans le patrimoine bâti lislois : le musée européen d'art campanaire et la maison Claude Augé », poursuit-il. Et pourquoi pas associer ces pièces avec des vestiges des fouilles fructueuses de 1999 à La Gravette.
F.R.
Repères :
« On ne s'attendait pas à trois amphores, on pensait qu'il y avait quelques monnaies. On a pris un risque qu'on pensait mesuré. Mais a posteriori… »
Michel Vaginay, conservateur régional d'archéologie
*Si vous trouvez un trésor
« Si un Gersois trouve quelque chose, la loi lui impose de le déclarer immédiatement à la mairie, à la gendarmerie, sous peine de confiscation ou de sanction », souligne Jacques Lapart. Par le passé, on n'était pas aussi sensibilisé. « C'est que les gens ne savaient pas. Il y a des dizaines et des dizaines d'agriculteurs qui ont des colonnes ou des morceaux de statues romaines, ou même du Moyen Age. C'est valable dans le Gers comme ailleurs. Aujourd'hui, les gens qui viennent avec des détecteurs de métaux font ça pour revendre. C'est différent ». La propriété de la découverte varie entre propriétaire, inventeur, Etat, selon les cas.
source : http://www.ladepeche.fr/article/2011/11 … iques.html
Hors ligne
Pour la petite histoire, un incroyable malentendu est né de cette découverte. Comme on le sait, les tensions entre archéologues et utilisateurs de détecteurs de métaux sont au plus haut depuis quelques années, notamment en raison de la recrudescence des pillages en grande partie liée à une situation économique des plus difficiles d'une part, et à l'inconscience d'amateurs de chasse au trésor désireux d'alimenter leur collection privée d'autre part. Bon nombre de sites archéologiques en France sont progressivement vidés de leur mobilier métallique et les Landes ne sont pas à l'écart d'agissements de ce type (je pense notamment à un camp protohistorique en particulier soumis à des passages continuels d'utilisateurs de poêle à frire, ces derniers se présentant en plus comme archéologues!).
Le malentendu est né du fait que les inventeurs du trésor sont nommés dans les articles publiés sur cette découverte "prospecteurs". Hors, depuis 6/7 ans, le terme prospecteur, auparavant lié principalement à l'activité archéologique ou géologique, a été abusivement utilisé par les utilisateurs de détecteurs pour se nommer entre eux. Certains vont plus loin et vont jusqu'à se revendiquer "fouilleurs".
Un peu partout sur le net, des utilisateurs de détecteur ont alors répandu l'idée que le trésor du Gers avait été trouvé par deux des leurs, montrant selon eux à quel point les utilisateurs de détecteurs sont consciencieux et peuvent aider la recherche.
Il faut savoir qu'une tendance assez nouvelle émerge progressivement, encouragée par des personnes ayant besoin des utilisateurs de détecteurs pour alimenter des chroniques numismatiques (et demeurant par là peu regardantes sur les circonstances de découverte puisque seule compte la nouveauté destiné à alimenter leur base de données), celle de vouloir qualifier les utilisateurs de détecteurs d'archéologues amateurs. Cela leur permet alors d'expliquer que la vindicte des archéologues est animée par la volonté d'opposer archéologie professionnelle à archéologie amateur en vue de faire taire à tout jamais la seconde catégorie. Balivernes!
Il existe aujourd'hui une archéologie amateur, associative, qui chaque année œuvre à l'étude du peuplement dans des zones où l'archéologie préventive est parfois peu présente, hors opérations ponctuelles liées à des aménagements d'ampleur. Ces archéologues obtiennent autorisations de prospections-inventaires, de sondages ou de fouilles programmées. Les résultats de leurs travaux sont publiés et ces archéologues côtoient INRAPiens et universitaires dans les colloques, comme récemment en juin lors du colloque de l'AFEAF à Bordeaux. Le CRAL, mais aussi Euskarkeologia et des dizaines d'autres associations font partie de cette catégorie qui montre que si l'on veut s'en donner la peine, si l'on est rigoureux et soucieux d'agir pour le bien public, il est possible de faire de l'archéologie en France sans être salarié.
Pour en revenir au malentendu, les prospecteurs à l'origine de la découverte du trésor agissaient en tant qu'archéologues pratiquant la prospection à vue, méthode couramment utilisée en vue de repérer ou de caractériser un site archéologique. Ils sont archéologues amateurs au sein d'une association locale bien connue dans le Gers. Ce sont des prospecteurs au sens scientifique du terme, non dans le sens donné dans le petit monde des utilisateurs des détecteurs de métaux.
Pour en finir avec ces précisions, tout utilisateur de détecteur de métaux suffisamment motivé et conscient de l'impact que son loisir peut avoir sur l'archéologie peut très bien demander une autorisation de prospection auprès du SRA de sa région afin de faire avancer la connaissance du peuplement d'une zone donnée. Ce n'est pas un blanc-seing destiné à cautionner la récolte d'objets pour enrichir une collection : il faut montrer que l'on est capable d'agir avec méthode, avec une problématique à l'origine de l'action entreprise. D'ailleurs, il faut rédiger un rapport d'activité à l'issue des recherches menées. Mais tout détectoriste intéressé par le Patrimoine archéologique de sa région peut aussi pousser les portes d'une association locale en laissant le détecteur de côté pour vraiment faire avancer les choses et non agir en égoïste, en monomaniaque de la collection ou pire, en pilleur.
Enfin, des détectoristes peuvent aussi faire avancer les choses en déclarant (comme la loi les y oblige par ailleurs) leurs découvertes. Il est bon de rappeler par exemple que c'est grâce à un sain dialogue entre archéologues amateurs et détectoristes que des objets inédits de l'Age du bronze ont pu être répertoriés dans les Pyrénées-Atlantiques ces dernières années, étudiés et publiés. La situation n'est pas aussi noire que certains veulent le faire croire sur leur forum de détection.
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puisque des petits malins (http://www.loisirs-detections.com/forum … mp;t=13980) s'amusent à exhumer des messages de ce forum qui n'est plus ouvert en écriture car saturé par les spams lorsqu'il est ouvert (et non fermé pour éviter des avis contradictoires, bande de paranoïaques), je tenais à apporter une réponse à des incriminations par forum interposé. Non je n'émarge pas à l'HAPPAH et non je ne suis pas non plus une espèce d'oie blanche qui croit encore que l'archéologie française fonctionne bien (et encore moins aux détectoristes hors une frange très limitée d'hommes et de femmes de réelle bonne volonté mais très discrets). 20 ans à fréquenter le milieu, cela aide à y voir clair sur beaucoup de choses. Concernant la condamnation en 2004 d'un détectoriste ayant mis au jour des haches en bronze en Béarn, avant de crier au complot et à l'acharnement, renseignez-vous : il a écumé de nombreux sites y compris des camps protos. Ce n'est pas parce qu'il a déclaré des objets qu'il a été condamné mais bien parce qu'il s'est comporté en pilleur. Renseignez-vous aussi : le CRAL et le GAPO ont permis à plusieurs détectoristes de bonne foi de déclarer leurs trouvailles et ils n'ont eu aucun problème avec la justice. Un d'entre eux, du 64, fréquente d'ailleurs plusieurs forums de détections encore aujourd'hui et ne se permettrait pas de juger d'une situation sans en connaitre les tenants et les aboutissants. Prenez en de la graine, si vous en êtes capables. A bon entendeur, salut.
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