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10 juillet 2011 06h00
Marseillon, un site unique dans le Sud-Ouest
Le chercheur Nicolas Teyssandier présente aujourd'hui, à Brassempouy, les résultats des fouillées menées sur le site de Banos, qui éclairent une période méconnue.
Après la journée d'hier consacrée aux fameuses grottes de Brassempouy, le cycle de conférences organisé ce week-end par la Maison de la Dame fera la part belle au site de Marseillon, à Banos. Nicolas Teyssandier, chercheur au CNRS et codirecteur des fouilles avec sa collègue Caroline Renard, revient sur l'histoire du site.
« Sud Ouest ». Comment s'est faite la découverte du site de Marseillon ?
Nicolas Teyssandier. La reconnaissance du site s'est faite en 2006. Un géomètre topographe de Saint-Sever, Philippe Lafitte, a constaté une concentration de silex taillés à la surface. Des étudiants de Toulouse sont alors venus pour prospecter et tenter de savoir s'il existait un site archéologique dessous.
On a commencé à creuser en 2007 avec des pelles mécaniques. Plus on avançait, plus la concentration de silex laissait penser qu'on était bien sur un sol occupé jadis par des hommes préhistoriques. Dès l'été, on est passé à des fouilles à la main. Depuis, un mois par an, des étudiants bénévoles, encadrés par des collaborateurs scientifiques, viennent avancer les recherches.
Qu'est-ce qui fait la spécificité de ce site ?
Le site de Marseillon est particulièrement intéressant parce que les silex taillés qu'on y trouve datent d'une période quasi inconnue. Le paléolithique supérieur, connu pour être l'âge d'or des tailleurs de pierre, est divisé en plusieurs temps, selon la façon de tailler la pierre, la forme des outils. Le premier temps identifié, entre 21 000 et 19 000 avant aujourd'hui, est celui des Solutréens. Or, le début du Solutréen reste méconnu. Marseillon est le seul site du Sud-Ouestdaté de cette période. Les fouilles qui s'y tiennent peuvent éclairer un moment vierge de connaissances, combler une lacune.
Quels sont les résultats auxquels vous êtes pour l'instant arrivés ?
La première phase de recherches a permis d'identifier le site, de voir à quelle période il se rattache. Ensuite, parce que les silex se différencient selon les régions, on peut suivre celui de Chalosse. On en retrouve jusqu'à 400 km d'ici, en Dordogne ou dans la région de Cantabrie, au nord de l'Espagne. C'est dû aux phénomènes d'échanges, beaucoup développés alors.
On fait aussi de l'expérimentation. On reproduit des silex et on répète les activités faites à l'époque, comme la découpe de viande sèche ou de bois. En les comparant ensuite avec les silex retrouvés sur le site, on sait à quoi chaque objet a servi.
Cette fonction des outils permet de caractériser le site, d'estimer sa durée d'occupation, de savoir qui l'occupait. On est alors à la frontière avec l'anthropologie.
Recueilli par Marion Garreau
Hors ligne
les recherches continuent :
Jeudi 4 août 2011 à 06h00
Banos
Le site de Marseillon révèle ses secrets enfouis
Découvert il y a quelques années par Philippe Lafitte, et fouillé avec l'accord du ministère de la Culture et du propriétaire des lieux, Gérard Tastet, le site de Marseillon à Banos a, cette année encore, pleinement confirmé son intérêt.
Depuis 2006 déjà, ce sont plusieurs milliers d'éclats de silex qui ont pu être exhumés, témoins d'un important atelier de fabrication d'outils, avec notamment la pointe de Vale Comprido, outil typique du proto-solutréen, il y a environ 22 000 ans.
Récemment, c'est un nouveau site préhistorique de plein air qui a été mis au jour, situé à seulement quelques kilomètres des grottes du Pape de Brassempouy, prouvant ainsi que la préhistoire de Chalosse ne se limite pas à la seule occupation de cavités. L'équipe de recherche en laboratoire installée dans les locaux de la Maison de la Dame de Brassempouy, qui étudie les outils découverts pendant la fouille, a fait cette année encore de très nombreuses découvertes primordiales pour la compréhension du site.
Activités domestiques
On pensait jusqu'à cette nouvelle campagne de fouilles que les groupes préhistoriques de Banos ne s'étaient installés ici que pour tailler leurs outils. Grâce à leur étude - toujours plus fine de campagne en campagne -, un tracéologue (1) a mis en évidence cette année que certains de ces outils ont été utilisés sur place dans le cadre d'activités domestiques. Ainsi on a pu remettre en question l'idée que l'on se faisait jusqu'alors : plus qu'un atelier de taille, il s'agirait peut-être d'un habitat plus long ? Hypothèse à confirmer dans les années à venir…
Le lien entre Banos et Brassempouy est aussi mis en éviden- ce par la découverte dans une vielle collection issue des fouilles du XIXe siècle à Brassempouy, de pointes de Vale Comprido identiques à celles produites à Marseillon.
Maurice Hennebicq
(1) La tracéologie est une spécialité de l'archéologie qui étudie la fonction des outils par l'étude des traces produites lors de leur utilisation.
source : http://www.sudouest.fr/2011/08/04/le-si … 73-726.php
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