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#1 2007-11-11 22:54:41

archeolandes
Administrateur
Date d'inscription: 2005-03-09
Messages: 1124

Message déplacé : Les morts des batailles.

Fred a écrit:

Il y eu dans le passé énormément de conflits où beaucoup de personnes, bien sür, mourraient sur les champs de batailles. Que ce soit à l'époque romaine ou médiévale, que devenaient les corps des milliers de morts ? Etaient ils enterrés sur place, brülés..........A ma petite connaissance, je ne me souviens pas avoir entendu parler de la découverte de charnier ou autre en France durant ces périodes-là. Merci de bien vouloir me renseigner. Fred.


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#2 2007-11-13 19:09:27

Banban
Modérateur
Date d'inscription: 2007-04-19
Messages: 272
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Re: Message déplacé : Les morts des batailles.

Je n'en sais rien du tout mais peut-être qu'ils étaient récupérés par leurs proches, ou ramenés à eux pour qu'ensuite chacun s'occupe des siens.

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#3 2007-11-14 00:02:57

archeolandes
Administrateur
Date d'inscription: 2005-03-09
Messages: 1124

Re: Message déplacé : Les morts des batailles.

Généralement, les morts des batailles étaient enterrés au plus près et sous forme de charnier (on imagine mal le creusement de fosses individuelles quand il y a plusieurs centaines de corps qui attendent!). Si un cimetière paroissial n'était pas loin et si la surface le permettait, une fosse commune pouvait être improvisée en terre consacrée. A ce sujet, j'ai lu dans La France Archéologique, publié par l'INRAP que le cimetière paroissial d'Arras au bas Moyen Age avait une capacité de 20.000 morts...sur un seul hectare! Ca laisse songeur!
L'archéologie a déjà retrouvé des charniers, témoignages de batailles. Si les plus marquants sont ceux de la Première Guerre mondiale dans l'est de la France ou des campagnes napoléoniennes en Europe de l'Est, parce que le souvenir de ces guerres est vivace sur un plan affectif et familial, les périodes plus anciennes livrent aussi parfois leur lot de morts au combat : le site le plus connu est celui de Ribemont-sur-Ancre (Somme), témoignage d'une bataille du Second Age du fer. On peut citer aussi le charnier de Moeuvres (Nord), même période et peut être Gondole (Centre) avec un charnier de huit cavaliers avec leur chevaux, dont certains y voient les restes d'une bataille de la Guerre des Gaules.
Mais en parallèle, le fait que l'on ne retrouve pas nécessairement des fosses là où l'on sait que des batailles se sont déroulées peut tout simplement être lié aux conditions de conservation (bataille de Castillon par exemple?).
L'histoire renseigne aussi sur les charniers : la bataille de Sempach, juillet 1386, en Suisse par exemple; les sources indiquent que le charnier se trouvait sur le champ de bataille lui-même.
Sur ce lien http://www.imprimerie-d3.com/actesducol … fert.html, on lit une réflexion très juste au sujet des périodes plus récentes :

"Quant à la troupe, il faut attendre le XIXe siècle, et encore de façon empirique et très progressive, pour que le combattant mort commence à être reconnu en tant qu'individu. Au Moyen Âge et au début de l'époque moderne, la mort du soldat est une des formes de la piété populaire lorsqu'avant la bataille on prie le Dieu des armées. Mais à l'inverse de la mort-spectacle de la société civile, son homologue militaire se montre très discrète pour le commun des combattants. Sauf pour ceux qui ont la chance, à partir du règne de Louis XIV, de finir leur vie aux Invalides, la mort militaire est violente mais n'est pas montrée, note André Corvisier. Cette mort doit être cachée car elle risque d'inquiéter les survivants en entretenant le "stress" du combat. L'exemple de la bataille de Rocroi est à ce propos significatif, selon le colonel Ollier qui en donne une nouvelle lecture. Rocroi est très coûteuse en hommes : dix mille tués dont deux mille Français. Or deux jours après la bataille, le 21 mai 1643, il ne reste plus trace des corps. L'histoire officielle retient la réquisition de la population des environs pour débarrasser les lieux de cadavres que la chaleur de mai rendait incommodes. Mais on ne trouve pas de mention de fosses communes. Témoin de la discrétion et de la hâte qui président à toute inhumation des hommes de troupe, il semble, suggère le colonel Ollier, que les corps aient été enfouis dans des fondrières nombreuses dans la région. Tout combattant doit pouvoir compter sur une faible chance d'être tué, et le spectacle de la mort, ravivant l'instinct de conservation, va à l'encontre de la discipline, du drill, et de la cohésion d'une troupe. Les soldats morts sur les champs de bataille, après avoir été dépouillés de leurs vêtements, de leurs chaussures, et de leurs armes, sont rapidement enterrés sur place. Avatar chrétien des grands bûchers des armées antiques (où le souci de prophylaxie était aussi important que le rite), la notion de fosse commune est conforme aux usages civils réservés aux petites gens, comme les ont décrits Michel Vovelle et Philippe Ariès, bien que le XVIIIe siècle efface graduellement le spectacle de la mort civile réservée à l'intimité du cercle familial. Pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire, le creusement des fosses communes continue d'accompagner chaque soir de bataille. Cependant l'importance des pertes comme la dimension de l'épopée entraîne un début de réforme. Le décret du 23 prairial de l'an XII pris par le premier Consul concerne pour la première fois les cimetières militaires sur le territoire des communes françaises. Il s'agit là d'une tentative d'alignement de la mort militaire sur son homologue civile, mais cette mesure réglementaire ne débouche pas sur le creusement de tombes individuelles de soldats pour une simple raison : selon le droit coutumier français les communes ont l'obligation de pourvoir à la sépulture des personnes décédées sur leur territoire. Devant l'importance de la dépense, on comprend dès lors que l'on se contente d'une fosse commune ou d'un ossuaire à l'issue d'un combat sur le territoire d'une commune."

Deux publications en biblio sur cette même page peuvent intéresser à titre d'exemple le sujet de ce post:
_ Louis-Edouard Roulet, "Le Soldat suisse et la mort à l'époque des guerres de Bourgogne et d'Italie (XVe et XVIe siècles)", dans Le Soldat, la stratégie, la mort, mélanges offerts à André Corvisier, Economica, 1989, pp. 351-366.
_ "La mort du soldat depuis la fin du Moyen Age", Revue Historique, juillet-septembre 1975, pp. 3-30. Voir aussi du même auteur, Les Hommes, la guerre, la mort, Economica, 1985.

Hervé.


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#4 2007-11-14 14:23:10

archeolandes
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Date d'inscription: 2005-03-09
Messages: 1124

Re: Message déplacé : Les morts des batailles.

j'ai trouvé une autre référence biblio en parcourant le web :
_ Laquerrière (A), Charniers et ossuaires, coutumes disparues, Paris, Imprimerie F. Bouchy, 1924. Résumé :Les charniers de Paris et de l'Ile de France, de la Seine Inférieure, des bords de Loire et d'Auvergne, les ossuaires bretons. Nombreuses références aux «danses des morts». Bibliographie. Abondamment illustré, cet ouvrage est fort intéressant sur les rites mortuaires anciens.
Trouvé là: http://www.abebooks.fr/servlet/BookDeta … 9%26y%3D19


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#5 2012-01-05 22:58:53

archeolandes
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Re: Message déplacé : Les morts des batailles.

Dans le numéro 22 de la revue Socio-anthropologie (année 2008), un article apporte des éléments de compréhension à propos du devenir des morts des batailles :
Approche archéo-anthropologique des inhumations militaires
par Catherine Rigeade
p. 93-105

http://socio-anthropologie.revues.org/index1153.html


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