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On peut déplorer qu'un ouvrage majeur comme les actes du colloque de Sabres de 1981 n'ait pas été réedité : outre le fait qu'ils font le point sur la connaissance archéologique, historique et sociale d'un milieu particulier, les actes offraient une synthèse particulièrement complète de l'aspect géologique, mais aussi des éléments significatifs quant à la compréhension de l'évolution paysagère. Ces derniers aspects font partie des thèmes abordés dans un guide "Delachaux Et Niestle" publié cette année et intitulé "Les Landes de Gascogne" de Christian Maizeret. Il présente, biotope après biotope, la richesse de la flaure et de la faune des Landes. On appréciera surtout l'accent mis sur l'intervention humaine dans l'évolution paysagère : loin du lieu commun habituel d'une lande désertique et marécageuse présente de tout temps, l'auteur explique ce que beaucoup de landais ignorent malheureusement, à savoir que si la lande est aussi vaste au XVIII-XIXème, c'est avant tout par des défrichements et des brûlis pratiqués régulièrement par les populations locales depuis plus de 5000 ans, dans le cadre de l'activité d'élevage ovin et non par un déterminisme naturel auquelle les populations durent se soumettre faute de mieux. L'homme a ainsi non seulement agi sur les paysages, mais aussi sur la qualité du sol par endroit, l'appauvrissant de manière non négligeable en bouleversant les horizons supérieurs du substrat.
Cet ouvrage est un très bon complément à "Histoire de la forêt landaise" de Jacques Sargos, qui a récemment été réedité.
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D'un point de vue plus sociologique et économique, il est à mentionner la réedition de l'incontournable "Ceux de Lagraulet" de Pierre Leshauris, ouvrage marquant sur la société traditionnelle de la Grande Lande, au même titre que "Pain de seigle et vin de grive" de Georgette Laporte-Castède et surtout "Le pin de la discorde" de Francis Dupuy (consulter aussi avec intérêt les travaux de P. Toulgouat, B. Traimond, A. Zink, J. Cailluyer, J.-P. Lescarret et plus récemment J. Lafargue). Voilà ce que l'on pouvait en lire dans Sud-Ouest Landes du 15/09/05 :
"HISTOIRE. --Cairn réédite une version enrichie de l'ouvrage de Pierre Leshauris consacré à la vie quotidienne d'une famille de paysans landais sur la commune de Geloux
« Ceux de Lagraulet » : un document réédité :Pierre-Manuel Réault
Ils s'appelaient Petitoun Marinette, Johannès, Maria, Jules, ou Emilie Dubernet-Cuzacq. Ils étaient paysans et, entre 1870 et 1925, ont cultivé la terre de Lagraulet, un lieu-dit de Grande Lande situé dans la commune de Geloux. Dans un ouvrage paru pour la première fois en 1984, aux éditions Eché, Pierre Leshauris, un instituteur aujourd'hui disparu, retrace avec une érudition et une précision étonnantes la vie quotidienne de cette famille rurale typiquement landaise.
Un travail de référence qui figure aujourd'hui dans bien des biographies sur les Landes. Depuis longtemps épuisé, l'ouvrage, intitulé « Ceux de Lagraulet », vient d'être réédité par les éditions Cairn. Il a en outre été enrichi et complété par les notes laissées par l'auteur. L'illustration a, quant à elle, été renouvelée avec l'aide du conservateur de l'écomusée de Marquèze.
C'est à une immersion dans un monde aujourd'hui disparu que nous propose l'auteur qui, en ethnologue, a recueilli de nombreux témoignages de la famille Cuzacq et écumé les archives tant communales que départementales pour écrire son ouvrage.
Au fil des pages, le lecteur découvre les activités agricoles, la vie à la métairie, les occupations domestiques des femmes, les outils, les dures conditions de travail, le trousseau des mariés et les noces, les difficultés de la cohabitation abritant trois couples, le temps de la cueillette ou du gemmage.
« Dans la pénombre, quelquefois en plein brouillard, les gemmeurs pénétraient dans la futaie pour entreprendre leur slalom, car les arbres de ce temps n'étaient pas plantés en lignes. Chacun suivait son sentier gemmier à un rythme assez rapide, s'arrêtant à chaque arbre, recouvrant le pot du palot, incisant un carre au hapchot, ou grattant à la rasclette et s'en allait de pin en pin, piquant, piquant à longueur de journée. »
Au coeur du foyer.
Avec le même souci du détail, Pierre Leshauris nous fait pénétrer dans l'intimité du foyer familial. « Dans la large et haute cheminée, brûlait presque en permanence un grand feu allumé de bon matin avec des pignes et des gemmelles... Suspendu à la crémaillère, trônait le vieux chaudron de la pâtée des porcs ou celui, toujours impeccablement astiqué, de l'escauton tandis que, sur la plaque de fonte de l'âtre, la soupe cuisait à petit feu ou que parfois les pommes de terre à l'étouffée rissolaient dans la coquelle. »
De même, l'auteur nous conte quelques coutumes locales, mélange de traditions, de croyances et de savoir empirique. Ainsi, le raccourcissement des queues des moutons qui, disait-on à Geloux, « purifiait l'organisme en éliminant le mauvais sang et en protégeant les bêtes du tournis. »
« La bête à queue raccourcie a meilleur profil », disaient d'autres bergers. « La queue longue se parasite et se salit », assurait-on ailleurs. L'opération, à Lagraulet, se déroulait le premier vendredi de mai. « Petitoun ou Germain saisissaient les bêtes une à une, à bras le corps, et appliquaient la queue sur un billon de chêne. Alors, Johannès, armé d'un long couteau, déterminait au jugé la ligne à sectionner et d'un coup brusque tranchait la queue, au niveau du jarret. L'agnelle poussait un cri bref, s'agitait de tous ses membres et, en remuant son moignon caudal, rejoignait ses compagnes dans l'airial. » Et si les jours suivants la plaie venait à saigner, « Johannès s'empressait de la recouvrir d'une toile d'araignée qu'il ligaturait avec un fil de laine bien serré. »
Des temps aujourd'hui révolus. De cette histoire, il ne subsiste aujourd'hui que des traces : quelques traditions, des maisons blanchies à la chaux vendues à prix d'or et des écrits. C'est là le principal mérite de l'ouvrage : enrichir le fonds d'histoire locale en consignant, en 240 pages, sans aucun artifice et sans le travers de la folklorisation, les spécificités d'une société rurale.
« Ceux de Lagraulet, la vie quotidienne d'une famille de paysans landais de 1870 à 1914 »,
240 pages, éditions Cairn, 2005. Chez votre libraire ou Cairn, 1, rue Justin-Blanc, BP 1503, 64015 Pau cedex, 05.59.27.45.61"
http://www.sudouest.com/150905/reg_land … a94402.xml
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