Forum d'Archeolandes

28 mai 2011 06h00 | Par Richard picotin
Trésor préhistorique
De nouvelles recherches sont lancées dans les grottes d'Isturitz et Oxocelhaya

Les grottes d'Isturitz et d'Oxocelhaya sont loin d'avoir livré tous leurs secrets. Ce site préhistorique de la colline de Gaztelu, situé sur le territoire de la commune de Saint-Martin-d'Arberoue, propriété de Joëlle Darricau, initiatrice des projets de recherche, est l'un des plus importants en Europe pour la période dite de l'aurignacien, qui s'étend entre - 30 000 et - 40 000 ans, une période charnière de l'évolution de l'humanité puisqu'elle voit le remplacement de l'homme de Néandertal par l'homme moderne, autrement appelé Homo sapiens ou homme de Cromagnon.

Régulièrement fouillées depuis des décennies, les grottes d'Isturitz et d'Oxocelhaya font l'objet d'une nouvelle campagne de recherche sur l'art pariétal, c'est-à-dire concernant les ornements qui ont été dessinés ou gravés sur les parois.

Depuis leur découverte, en 1895 pour Isturitz et en 1929 pour Oxocelhaya, les grottes de la colline de Gaztelu, classées monument historique, font l'objet de nombreuses fouilles, les premières en 1911. Elles se sont étendues au total sur une cinquantaine d'années. « Et il y en a encore pour des générations », commente Christian Normand, archéologue du Service régional d'archéologie d'Aquitaine, qui a dirigé la dernière campagne de fouilles, entre 1998 et 2010. Campagne d'une douzaine d'années (les résultats vont faire l'objet des premières publications), destinée à déterminer le potentiel archéologique du site, tout en se concentrant sur la séquence aurignacienne de sa fréquentation, qui a permis la découverte de nouveaux éléments graphiques d'art pariétal : des taches et des traits colorés inédits, des os fichés dans les parois.
Richesse inconnue

Nul ne connaît encore la profondeur des richesses toujours dissimulées dans les très vastes méandres rocheux, gravés sur leurs murs ou enfouis dans le sol. « Des sondages ont été effectués dans les couches archéologiques et, à 7,50 m, le fond de la grotte n'était pas encore atteint », assure Christian Normand.

À ce jour, quelque 70 000 objets en os et en silex ont été répertoriés et constituent des éléments de référence des collections du Musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye. Mais il ne s'agit que d'une infime partie de ce qui a été mis au jour et tamisé, car autrefois les archéologues ne retenaient semble-t-il que les objets d'art les plus spectaculaires. « Des millions d'objets ont été jetés dans des déversoirs dans lesquels nous avons d'ailleurs effectué des fouilles afin de comprendre le fonctionnent de nos prédécesseurs », confie Christian Normand.

Une nouvelle campagne de fouilles, effectuées par une équipe transfrontalière et pluridisciplinaire (géologues, chimistes, topographes et archéologues) dirigée par Diego Garate, préhistorien spécialiste de l'art pariétal, s'ouvre donc jusqu'en 2016. Elle vient de réaliser ses premiers travaux, qui consistent à mener des recherches sur les parois de la grotte d'Isturitz, d'en effectuer une « lecture », ainsi qu'une spatialisation avec l'ambition de mettre en relation les différents éléments : site d'habitat, art pariétal et art mobilier.

Le site est ouvert à la visite du 15 mars au 15 novembre. Visite guidée spéciale le dimanche matin à 11 heures. Tél. 05 59 29 64 72.

source : http://www.sudouest.fr/2011/05/28/treso … 2-4389.php