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#1 2010-02-23 10:21:04

Banban
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Dinosaures en Charente

Article S.O

Un fabuleux gisement de dinosaures en Charente

Si les paléontologues avaient un paradis sur terre, il ressemblerait peut-être à la Charente. Une nouvelle découverte de tout premier plan vient caresser la curiosité des passionnés du début du crétacé - il y a environ 135 millions d'années - et de ceux que les dinosaures fascinent, c'est-à-dire tout le monde.

C'est un véritable HLM d'ossements qui dormait dans une couche d'argile, sur la commune d'Angeac-Charente, entre Jarnac et Cognac. Sous une couche de graviers, le personnel d'une carrière exploitée par l'entreprise Audoin et fils a mis au jour de colossaux fossiles. Une fouille plus approfondie sur seulement 4 mètres carrés, les 18 et 19 février, a révélé un gisement d'une diversité rare.

En tête d'affiche, voilà plusieurs vertèbres, un fémur et un humérus ayant appartenu à un ou des sauropodes, famille de dinosaures herbivores.

On décèle aussi la présence de dinosaures carnivores, attestée par une dent et un petit os de la main. Mais aussi des vertèbres et quelques dents de crocodile, ainsi que des fragments de carapaces de tortue. Il y a même, c'est loin d'être anecdotique pour un chercheur, un coprolithe, autrement dit une crotte fossile...

Et ce n'est pas tout ! Un autre sondage a révélé un entassement de végétaux, des bois fossilisés ressemblant à du charbon, des feuilles et des graines. Moins spectaculaire, cet aspect est une bénédiction pour les scientifiques. Il permettra de comprendre dans quel environnement évoluait cette lointaine faune.

Une richesse rarissime

« À l'échelle de la France, il n'y a qu'un autre site avec cette richesse-là : Esperanza, près de Carcassonne, dans l'Aude. Mais cela concerne une autre époque, la fin du crétacé, autour de 80 millions d'années », observe Didier Néraudeau, professeur à l'université de Rennes. Ce paléontologue, qui a supervisé les premières recherches avec Jean-François Tournepiche, conservateur au musée d'Angoulême, étoffe son bail avec la Charente. Il est déjà sur la piste d'insectes piégés dans la résine, découverts près d'Angoulême, et en Charente-Maritime, qui pourraient être datés de la même période.

De petits animaux

Cette découverte paraît complémentaire d'un autre chantier de premier plan, voisin de 25 kilomètres, sur la commune de Cherves-Richemont, près de Cognac. Le site de Champblanc semble contemporain, ou légèrement plus vieux, entre 137 et 140 millions d'années.

Les fouilles menées dans une carrière de la société Garandeau de 2001 à 2007 ont déjà dévoilé bien des secrets. Les fossiles y sont moins impressionnants, mais les « microrestes » se comptent par dizaines de milliers. « Il y a pas mal de dents de mammifères. Ce sont des pépites pour cette époque, car il est difficile de trouver des gisements de petits animaux », note Jean-Michel Mazin, directeur de recherche au CNRS à Lyon, qui a piloté l'opération.

Couverte par la mer

Les chercheurs ont identifié plus de 30 familles de vertébrés, plusieurs de mammifères et quelques « microdinosaures ». Avec, notamment, une nouvelle espèce de requin, une autre de dinosaure du type Camarasaurus, une dent de stégosaure, le dinosaure aux grandes plaques en forme de losange sur le dos. Et trois dents... d'oiseau. « Une est attestée, deux autres plus ambiguës. On ne connaît que deux dents de cet âge, au Portugal. C'est une véritable relique ! », apprécie Jean-Michel Mazin.

Comment expliquer une telle abondance dans une région plus célèbre pour son cognac ? « La région était entièrement couverte par la mer il y a 150 millions d'années. Il y a eu une régression marine, qui a laissé derrière elle des lagunes sursalées, progressivement adoucies par les rivières. La lagune devait s'étendre d'Angoulême à La Rochelle. Les rivières ont déposé à certains endroits des ossements d'animaux morts à proximité », répond Jean-Michel Mazin.

Le site de Champblanc devait être sous une influence plus marine que celui d'Angeac, au milieu plus forestier. Cette vue d'ensemble ouvre d'immenses perspectives. À condition de trouver les financements pour les fouilles, qui devraient avoir lieu au plus chaud de l'été, car la carrière d'Angeac est nappée d'eau.

« Le fil de l'évolution est comme un film où il manque plein d'images. À chaque fois que l'on complète ce documentaire, on progresse », considère Didier Néraudeau. Promis, le grand public et les communes avoisinantes seront associés. Une exposition devrait être organisée bien avant 135 millions d'années.
Le soutien des carriers

Le trésor fossile d'Angeac-Charente est le fruit d'un bon réflexe entretenu par la société dirigée par Benoît et Vincent Audoin. Les 60 personnes travaillant dans leurs 14 carrières sont sensibilisées à signaler toute découverte depuis la mise au jour de défenses de mammouth, en 2002. « On ne se pose pas la question de bloquer ou pas. Pour moi, c'est un devoir de citoyen, et cela nous permet de rencontrer des gens passionnants », juge Benoît Audoin. L'entreprise s'intéresse aux graviers, pas à l'argile. La gêne se limite à aller creuser ailleurs le temps des fouilles.

À Cherves, un paléontologue amateur, Thierry Lenglet, a mis longtemps à faire connaître ses trouvailles. Mais le propriétaire, la société Garandeau, a parfaitement joué le jeu, en soutenant les recherches. Pour les carriers, cette saine collaboration est bienvenue pour trancher avec une image délicate.

« Il faut une conjonction de choses. Un terrain sédimentaire, des gens plus attentifs, le travail assidu de personnes comme le conservateur Jean-François Tournepiche, et des chercheurs qui se déplacent », note Jean-Michel Mazin. Le chercheur constate une amélioration de ces conditions. Les propriétaires sont moins tentés d'enterrer un éventuel gisement par peur d'une lourde facture. Celle-ci leur est imposée dans le cas de l'archéologie, mais pas pour la paléontologie.

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