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lu aujourd'hui dans Sud-Ouest Landes :
CRYPTE ARCHÉOLOGIQUE, HISTOIRE. À l'invitation de la Société de Borda, Jean-Pierre Bost a guidé samedi une visite de Dax l'antique, entre crypte et remparts. Une ville neuve créée par l'Empire romain
Les dessous antiques Ce ne serait pas un temple !
Désolé pour les amateurs de belles histoires : il n'y a jamais eu de chien abandonné mourant sur les bords de l'Adour, retrouvé requinqué par son séjour dans les boues thermales par son heureux propriétaire, légionnaire romain de profession. De même que Julie, la fille de l'empereur Auguste, n'a, semble-t-il, jamais fait le déplacement jusqu'à Dax, même si elle y a laissé un cours et une porte à son nom.
Deux mythes fondateurs de la cité d'Aquae Tarbellicae que le professeur Jean-Pierre Bost a commencé par « casser » samedi matin à l'Atrium dans le cadre de l'assemblée générale de la Société de Borda, avant d'entraîner les adhérents sur le terrain à la découverte de l'antique Dax. « On pense souvent que l'origine de la ville se perd dans la nuit des temps. Mais pas du tout, a expliqué le professeur honoraire d'histoire ancienne. Dax est au contraire une ville neuve qui commence à exister sous l'Empire romain. Ce qui est vrai en revanche est que la renommée de ses boues a joué un rôle dans son histoire et sa prospérité. Le nom La Néhe en témoigne puisqu'il est d'origine celto-germanique et désigne les bonnes mères, des divinités protectrices que l'on retrouve en Belgique ou en Rhénanie ».
Ruines contre parking
Après la conquête romaine de la Gaule (59 avant JC), les atouts thermaux et géographiques du site, à mi-chemin entre Bordeaux et la péninsule ibérique, auraient (déjà) séduit les décideurs antiques qui décidèrent de créer la cité des Tarbelles, « du nom d'un peuple qui s'était fait remarquer pendant la guerre des Gaules, mais n'était pas établi à Dax ».
Les premières constructions se font dans le secteur de la cathédrale et de l'actuelle mairie, avant que la ville ne s'agrandisse au Ier siècle avec la mise en place de remblais face aux marais de l'Adour. « Nous avons les témoignages d'un établissement de bains sous le grand hôtel des Thermes et d'un grand complexe monumental sous l'îlot central qui ont donné lieu à d'importantes fouilles dans les années 70 » (lire par ailleurs).
Le professeur Bost en a profité pour rendre hommage aux élus de l'époque (premier mandat d'Yves Goussebaire-Dupin, NDLR) qui ont fait aménager la crypte archéologique en lieu et place du parking prévu : « Il leur a fallu du courage pour sauver des ruines, malgré les risques techniques, financiers et électoraux ! »
Parmi les legs du Haut Empire, la Fontaine chaude bien sûr. À l'époque, la cité devait s'étendre sur 20 hectares et compter entre 3 000 et 4 000 habitants. « Dax est restée une petite ville, mais il devait y avoir un support social important, estime Jean-Pierre Bost. Parce que dans l'Antiquité, les grands équipements urbains étaient pris en charge non par les budgets publics mais par les fonds privés des élites. Celles-ci en retiraient prestige et honneur pour leur famille, quitte à voir englouti brusquement leur patrimoine. »
Ausone et Roland
Ce n'est qu'après la crise traversée par l'Empire romain au IIIe siècle que va germer l'idée des remparts pour protéger l'administration dans les cités. Jugée moins en péril que d'autres, Dax ne verra ériger les siens qu'au milieu du IVe siècle après JC, alors que la ville se christianise et qu'une basilique voit le jour à Saint-Vincent-de-Xaintes. « Puis la ville a décliné peu à peu. On n'entend plus parler de Dax après le VIIIe siècle. »
Une cité qui fut le berceau de la grand-mère du poète Ausone et le tombeau d'un des compagnons de Roland. Quant aux remparts, ils ne résistèrent pas aux coups de pioche du XIXe siècle, tandis que les édiles du XXIe siècle tentent au contraire de mettre en lumière ce qu'il reste de ce patrimoine en surplomb du parc des Arènes et place des Salines. Au grand bonheur des historiens.
Scoop samedi à l'Atrium : selon le professeur Jean-Pierre Bost, le monument découvert à la fin des années 70 sous l'îlot central ne serait pas un temple, mais un grand monument civil « où se tenaient le marché, le tribunal, les rencontres... » Une découverte de son collègue Alain Bouet, professeur d'archéologie à Toulouse, qui s'est replongé dans le dossier dacquois et prépare un article à paraître : « On avait interprété le site dans le sens est-ouest, mais c'est dans le sens nord-sud qu'il faut le faire. Et cela change tout ! » Et notamment toutes les notices explicatives qui parlent d'un temple gallo-romain dédié à une divinité inconnue.
Alors qu'elle restaure ses remparts, la ville de Dax s'apprête par ailleurs à signer une convention pour créer un réseau de villes romaines de l'Atlantique. Une chaîne qui inclurait Irún, Pontevedra, Santarém, Fraga, Zaragoza, Gijon, Séville, Lisbonne et peut-être Boulogne-sur-Mer, Coimbra et York. Objectif : échanger sur le patrimoine romain de ces cités.
Auteur : emma saint-genez
e.saint-genez@sudouest.com
source : http://www.sudouest.com/landes/actualit … 13031.html
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