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VIELLE-SAINT-GIRONS. Mémoire en Marensin a fait dater au carbone 14 des coquillages mangés à l'âge du fer
L'ère des coquillages
Du fond de ces coquillages, près de 2400 ans vous contemplent. Telle pourrait être la légende apposée sous les coques et huîtres trouvées à Vielle-Saint-Girons et que vient de faire dater l'association Mémoire en Marensin. Pour son secrétaire Pierre Laforie, ancien professeur de physique à l'université, cette trouvaille n'est ni plus ni moins qu'« une superbe découverte archéologique et historique », susceptible de nous instruire sur nos très, très lointains ancêtres : « On connaissait les pyrogues monoxyles de Sanguinet, ou l'amas coquillier de Moliets daté par Arambourou du IIe ou IIIe siècle après Jésus-Christ. Mais on ne se doutait pas que des gens vivaient sur notre littoral 300 ans avant notre ère, et se nourrissaient de coquillages! »
Prélèvements
L'histoire, beaucoup plus contemporaine, commence l'été dernier, lorsque Pierre Laforie invite Jean-Pierre Tastet, professeur honoraire de géologie à Bordeaux I, à découvrir des amas coquilliers à Vielle-Saint-Girons, en limite de zone dunaire. Des lieux connus de ces passionnés depuis vingt ans, dont ils taisent pour l'instant la localisation exacte pour les protéger. Spécialiste des changements côtiers, Jean-Pierre Tastet est ce jour-là à Léon pour une conférence sur l'évolution des dunes à l'invitation de Mémoire en Marensin. Il repart à Bordeaux avec, dans son cartable, plusieurs prélèvements effectués à Moliets et Vielle. Objectif : faire dater, par un laboratoire américain, au carbone 14 les coques et huîtres ramassées dans les Landes.
L'association lui a donné le feu vert et surtout le financement au printemps dernier, après le succès de plusieurs de ses publications. Le 20 juillet dernier, le résultat tombe : « Les coquillages prélevés à Moliets datent de 20 à 190 après Jésus-Christ. Ils sont donc de l'époque gallo-romaine, ce qui confirme les recherches archéologiques menées en 1958 par Robert Arambourou », commentent les deux universitaires à la retraite.
Les coques ramassées à Vielle dateraient, elles, de 360 à 90 avant Jésus-Christ et les huîtres, de 320 à 60 avant Jésus-Christ. « Soit à l'âge du fer », commente Jean-Pierre Tastet. « Nous sommes tombés sur le derrière ! reprend Pierre Laforie. La zone littorale du Marensin a été recouverte de sable au XVe siècle, et il y a très peu de vestiges. Et là, nous découvrons que 300 ans avant Jésus-Christ, des gens se nourrissaient de coquillages au bord des lagunes qu'il devait y avoir à la place des dunes actuelles. »
Appel aux professionnels
Le reste n'est qu'hypothèses et suppositions. L'association d'amateurs passionnés et éclairés souhaite maintenant que des archéologues « professionnels » prennent le relais pour réécrire cette histoire enfouie. À Moliets, des tessons de poterie et des arêtes de poissons ont été retrouvés avec l'amas coquillier. Des recherches plus approfondies à Vielle-Saint-Girons permettraient peut-être de trouver d'autres traces de vie, et de reconstituer des scénarios. « Ces datations nous ouvrent des portes très intéressantes, ne serait-ce que pour apprendre comment s'est formée la côte, souligne Pierre Laforie. Il faut protéger les sites et que des archéologues viennent fouiller. »
Un avis partagé par Jean-Pierre Tastet : « Ces sites méritent en effet des fouilles scientifiques. » Une bouteille lancée dans la mer peu argentée de la recherche.
Renseignements au 05 58 47 94 25.
Auteur : EMMA SAINT-genez
e.saint-genez@sudouest.com
source : http://www.sudouest.com/landes/actualit … 19430.html
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