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Voici une photo assez éloquente pour comprendre ce qu'une bonne partie des Landais a sous les yeux depuis le 24 janvier 2009. Ce cliché a été pris à Labrit, route de Capboeuf quelques jours après le passage de la tempête Klaus.
Il faudra sans nul doute de longues années pour que nous retrouvions le paysage de pinhadar que nous connaissions tous où les parcelles se côtoyaient à des ages divers d'exploitation.
Par contre, cette crise est propice aux abus de langage en tous genres et c'est encore plus triste, parce qu'elle prouve la méconnaissance de certains de leur propre terroir : lire que les sylviculteurs ont contribué à la biodiversité en prenant comme preuve une photo de lande prise par Arnaudin à la fin du XIXe s. est un non sens. Si l'oeuvre des sylviculteurs landais a été colossale, c'est bien par la création d'un massif cultivé immense. Mais la disparition de la lande au profit d'un pinhadar gigantesque a signé la disparition de plusieurs espèces animales et végétales. Par ailleurs, la lande elle-même ayant été l'oeuvre de la société agropastorale traditionnelle landaise (par défrichements et brûlis récurrents pendant des siècles), sa mise en place et son extension a elle aussi probablement signifié disparition d'espèces végétales ou animales sur une partie du plateau landais. Rien n'est simple dans l'hsitoire du paysage landais et surtout :
_ la forêt landaise n'est pas apparue au XIXe siècle : elle a toujours existé
_ le pin maritime est une essence autochtone : son pollen se retrouve déjà dans les tourbes des lagunes dans des couches vieilles de plusieurs milliers d'années. Arrêtez de poser la question : pourquoi ne pas faire autre chose que du pin. Les sylviculteurs ont exploité le pin parce que c'est une essence de ce terroir et qu'elle y est parfaitement adaptée. Dans la forêt traditionnelle landaise, il y a le pin, le chêne, le saule, le bouleau etc. et il y eût même le hêtre (présent aujourd'hui de manière endémique dans la vallée du Ciron).
_ la sylviculture existe au moins dès la fin du Moyen Age (sans compter l'exploitation de la résine déjà présente à l'époque romaine)
_ l'existence de la lande n'était pas une fatalité mais un choix économique reposant sur le besoin de zone de parours pour les troupeaux
_ non la forêt antique n'a pas disparu brûlée par des hordes barbares (on entend encore cette vieille histoire, y compris chez les forestiers)
Rien n'est simple : simplifier l'histoire de notre paysage, c'est trahir celui-ci et les générations qui l'ont façonné.
Hervé.
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Tiens, un peu de bêtise à haute dose : http://forums.france2.fr/france2/Enviro … 6680_1.htm
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Ce week-end, ce fut un retour dans les Landes. Un vrai week-end chez mes parents, au milieu de ce qui fut le pinhadar. L'occasion pour moi de mieux observer les conséquences de la tempête Klaus sur le massif landais. D'emblée, il est clair que deux zones ont été massivement touchées : la zone sud Grande Lande/nord Marsan et le Brassenx. Surtout, une simple observation suffit à contredire pas mal de bien-pensants...
_ à ceux qui prétendent qu'il faut autre chose que du pin, beaucoup d'autres essences n'ont pas résisté aux vents violents : platanes, peupliers, acacias (dont le magnifique spécimen de la distillerie de résine Vidal à Luxey), chênes etc. A moins de planter des arbustes ne dépassant pas deux mètres, quelle que soit l'essence, face à une tempête comme Klaus, pas grand chose ne résiste;
_ à ceux qui réclament à corps et à cris une rotation des cultures du pin à 20 ans maximum (vendeur de plants et papetiers s'entendent bien sur ce point, comme par hasard...), j'ai vu pas mal de parcelles de moins de 20 ans (entre Brocas et Luxey notamment) dont les pins étaient cassés nets au dernier tiers, donnant l'impression de n'être plus que des crayons sans mine plantés pointes vers le ciel.
Le pin a sa place dans le massif landais de manière NATURELLE. La tempête -à l'instar du feu- n'a pas à remettre cet acquis en cause. Même si le choix de semer ou planter d'autres essences de boisement était fait demain, à moins de choisir des essences de taille modérée, rien ne saurait résister à ce que nous avons connu en janvier 2009. Personnellement, je rêve d'une évolution de plus en plus importante vers des semis naturels comme il en existe quelques uns (où les chênes côtoient les pins et les bouleaux, en proportions variables selon le degré d'humidité du sol). Mais ce serait alors une forêt moins rentable, car non formatée pour la production bois.
Quoi qu'il en soit, la forêt des Landes de Gascogne s'apprête à vivre un des moments les plus importants de son existence.
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Plusieurs observations empiriques:
Les semis naturels ont mieux résisté (palombières dans des pins naturels), les endroits les mieux drainés ont mieux résisté ainsi que les zones où il existe un sous bois de feuillus.
Je soupçonne aussi que si l'on compare les zones les moins touchées avec le cadastre napoléonien et les secteurs boisés à cette époque (avant 1857), on s'apercevra que les zones de forêt "naturelle" ou "ancienne" ont mieux résisté.
Conclusion très personnelle: la monoculture intensive de pins maritimes avec des pins plantés après sélection et un mauvais entretien des crastes (80% des fossés ne sont pas entretenus) doi être remis en question sous peine de remettre ça à la prochaine tempête.
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Il est clair que le maintien de la monoculture du pin n'est pas une solution, tant sur un plan naturel (usage massif du round up, anéantissement des zones humides et des espèces qui s'y trouvent par des drainages hors normes, dégradation des bords de cours d'eau y compris dans le parc naturel lors de l'abattage des parcelles) que sur un plan économique (même si le pin rapporte -quand il ne tombe pas lors d'une tempête-, c'est de moins en moins le cas et les solutions de relance comme le bois énergie ou le pin des Landes matériau de construction, c'est joli dans les textes, mais sur le terrain, c'est finalement assez peu concret. Comme la popularité supposée du pin rétifié.).
Concernant la différence d'action sur forêts anciennes et pinhadars, si dans l'ensemble, cette remarque est vraie, la forêt galerie a quand même été touchée par endroits. Généralement, les pins ont été plus exposés (et plus touchés) car présents davantage sur le plateau landais, alors que les espèces de feuillus étant généralement en fond de vallon, leur exposition aux fortes bourrasques s'en est trouvée sensiblement réduite.
En passant par Sabres pour remonter en Gironde, j'ai vu pour la première le Piou Romiou quasiment nu : un seul pin avait résisté sur cette colline, repère visuel des pèlerins dans les temps anciens. La prochaine fois que je descends dans les Landes, j'essaierai de faire des photos depuis cette hauteur afin de saisir les traces de ce désastre naturel que nous avons connus.
En parlant de désastre, amis internautes qui ne connaissez pas notre région, si vous allez dans les Landes prochainement, ne jetez pas vos mégots par la fenêtre de vos voitures, ne fumez pas dans la forêt ravagée non plus : les pins tombés commencent à sécher et les branchages deviennent particulièrement inflammables. Merci de ne pas contribuer à une catastrophe de plus.
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Je suis passé à Labrit, Sabres et Luxey aujourd'hui, c'est terrible et il est clair que pas grande chose ne pouvait résister aux vents (quoique les airiaux semblent un peu plus préservés). Mais, par analogie au "piou roumieu" que je ne connais pas, (où est-ce?), au lieu dit Bessaut, haut lieu du pélerinage sur la route des petites landes les pins ont bien résisté sur les "tucs". Une des explications avancées et que les pins pour trouver de l'eau ont ici une carotte plus profonde. Je demeure persuadé que sur les anciennes landes, la situation est beaucoup plus grave qu'ailleurs (ex. entre Cère et Canenx).
A Pouydessaux, alors que tout est ravagé avant le bourg, même les peupliers sont intacts sur le "Pouy" du bourg (en fait un plateau un peu plus élevé). Je le répète tout ceci est empirique mais je pense que des pins naturels, sur une landes drainée raisonnablement avec des feuillus préservés aurait provoqué des dégâts bien moindres. Et au moins autour de Roquefort les anciennes forêts ,galerie ou non, ont moins souffert. Comment concilier intérêts économiques en évitant de telles catastrophes pour les sylviculteurs tout en préservant la biodiversité landaise déjà bien mise à mal? C'est toute la réflexion des prochaine semaines et j'espère qu'elle aura lieu...
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Pour info, le Piou Romiou est le tuc qui se trouve à la sortie de Sabres, entre les routes de Commensacq et de Trensacq. Une belle dune fossile. Qui plus est, il a sa petite histoire au niveau archéologique...
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Les pélerins passaient par là? A quelle époque? e connais bien le chemin des petites landes mais Sabres???
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Bien qu'il y ait d'officielles voies jacquaires dans le département, les pèlerins passaient aussi par d'autres routes.
La position de Sabres au Moyen Age n'est pas celle d'un enclavement comme le prouve l'aménagement défensif mené sous la tutelle anglaise (au XIIIe s. ? Je n'ai pas de doc sous la main -je suis au boulot-, mais un texte médiéval évoque l'évolution de Sabres en place forte au Bas Moyen Age), mais bien une zone de passage. Après, qu'une dune s'appelle la "hauteur du pèlerin" à Sabres, que la tradition locale en parle comme d'un repère visuel pour s'orienter, on peut effectivement relativiser l'implication de tels éléments dans la compréhension des cheminements jacquaires dans cette zone.
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La phrase du jour, lue dans un article de Sud-Ouest (http://www.sudouest.com/landes/actualit … 40254.html).
c'est à un véritable drame écologique auquel on risque d'assister, en cas de non-reconstruction du massif landais, avec le feu bien sûr, mais aussi la réapparition de zones marécageuses, comme au XIXe siècle
On doit cette réflexion à M. Deyres, maire de Morcenx...
Il y a encore vraiment du boulot pour que les landais eux-mêmes comprennent le milieu naturel dans lequel ils vivent!
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Article dans le mensuel l'Histoire de ce mois ci sur les tempêtes. 22 épisodes supérieurs à force 10 depuis le XVIIIème s., donc celui de 1893 chez nous (je rajouterai 1915). Conclusion: il n'est pas du tout évident qu'il y ait des tempêtes plus violentes depuis qelques années...Les sylviculteurs et les coopératives forestières devraient lire ce magazine pour éviter de recommencer les mêmes "erreurs".
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Merci pour cette info. Je me rappelle avoir lu lorsque je faisais des recherches aux Archvies dép. pour ma maîtrise, que les feuillus présents dans le Marensin avaient subi justement entre la fin du Moyen Age et le début de l'époque Moderne des tempêtes qui les avaient mis particulièrement à mal. Malheureusement, je ne n'avais pas noté la source à ce moment-là.
Les épisodes climatiques violents ou sortant de l'ordinaire ne sont en effet pas l'apanage de notre période, les archéologues travaillant sur les paléoenvironnements (à partir des séquences sédimentaire et palynologiques) le savent bien. A ce titre, une synthèse intéressante sur ce sujet a été publiée dans le dernier Demoule L'avenir du passé , Modernité de l'archéologie (http://livre.fnac.com/a2236608/Jean-Pau … 4&Fr=0)
Concernant les tempêtes, les hivers très froids ou les étés caniculaires, je pense que l'homme a de plus en plus de mal à s'y faire : nous sommes en effet dans une ère où l'homme ne veut plus s'adapter à son milieu, mais adapte celui-ci à ses besoins. Il n'y a qu'à voir, pour prendre un exemple, les "aménagements" en montagne destinés à accueillir les pistes...
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