Forum d'Archeolandes

lu le 20/02 dans le quotidien régional Sud-Ouest-Pays Basque :

"VAL D'ADOUR. -- Les pêcheurs ont tiré dans leurs filets des embarcations des 14e et 17e siècles taillées dans des troncs de chênes. La découverte est authentifiée par des chercheurs bénévoles
Les pirogues refont surface: Frédéric Panis
MM. Jeannots père et fils et MM. Péducasse et Marconnié sont pêcheurs à Sainte-Marie-de-Gosse et à Guiche. Et ces derniers temps, ils ont fait de drôles de pêches. Miraculeuses ou contrariées ? Surprenantes en tous les cas, puisqu'ils ont remonté avec leurs câbles et leurs filets une, puis deux, puis trois pirogues... Ces découvertes exceptionnelles ont eu pour cadre le Val d'Adour situé entre l'embouchure de la Bidouze et celle de l'Aran.
Chênes évidés.
Ces trois bateaux ont été signalés par l'association Val d'Adour Maritime (1) à deux chercheurs bénévoles, Philippe Saint-Arroman, charpentier de marine et Laurent Védrine, archéologue. Les trois pirogues ont été étudiées sous toutes les coutures et les premières constatations ont donné les résultats suivants comme le déclarent les deux spécialistes. « Il s'agit de troncs de chêne qui ont été évidés à l'herminette et à la hache et affinés pour se terminer en pointe à la proue et à la poupe. Chaque embarcation mesurait entre 5 et 7 mètres. Au départ des branches, des pièces de renfort en bois ont été fixées à l'aide de clous en fer forgé. Des trous de jauge rebouchés par des chevilles de chêne servaient, au cours de de la fabrication, à mesurer l'épaisseur du bois restante ». Ces premières constatations effectuées, il restait maintenant à les dater. Et là, il a fallu présenter des échantillons de bois à un laboratoire spécialisé de Bordeaux, comme le soulignent Philippe et Laurent. « Une des trois embarcations présente un modèle jusqu'alors inconnu sur l'Adour : un tronc de chêne a été fendu en deux morceaux dans le sens de la longueur, ces parties étant évidées et façonnées en deux demi-pirogues. Entre ces deux pièces de bois, on a assemblé des planches pour élargir le bateau. Cette pirogue a été datée par dendrochronologie (2) des environs de 1660, en plein règne du roi Louis XIV. Une autre pirogue a également été datée de la fin du XIVe, pendant la guerre de Cent ans, alors que la région appartenait au roi d'Angleterre. Il s'agit de la plus ancienne embarcation connue ayant navigué sur l'Adour ».
Déja une dizaine découvertes.
Ces découvertes de pirogues ne sont pas uniques sur ce fleuve. Une dizaine sont connues et la plupart ont été retrouvées entre le Bec de Gave et le port d'Urt (3). Mais ces trois pirogues ont été étudiées de manière scientifique, ce qui permet d'avoir des informations sur leur construction et leur usage. Ces embarcations très élancées sont l'oeuvre de professionnels et ont servi vraisemblablement à la pêche, à la traversée du fleuve, au transport de personnes et de marchandises.
Et si ces bateaux ont pu traverser les siècles, c'est tout simplement parce qu'ils sont restés immergés dans l'Adour. La sortie les fragilise et leur destruction est inexorable à l'air libre. Aussi, l'étude a été menée très rapidement dans un souci de conserver ces embarcations qui ont de nouveau été immergées en un lieu sûr en attendant qu'elles puissent bénéficier d'un traitement de conservation et ainsi être présentées au public.
(1) Association à prévenir en cas de découverte d'autres embarcations au 05.59.56.27.05 (2) La dendrochronologie est la datation par l'étude des variations d'épaisseur des anneaux de croissance des arbres (3) Une pirogue est présentée dans l'entrée de l'espace musée de l'abbaye d'Arthous à Hastingues"
source : http://www.sudouest.com/200206/reg_pays … a11431.xml